[e-med] (2)Honneur à Gallien

Bonjour,

vous pouvez trouver une photo de Galien et l'histoire de Claude Galien (voir
cidessous) à cette adresse
http://www.infoscience.fr/histoire/portrait/galien.html

vous pouvez lire les oeuvres numérisées de Galien à cette adresse
http://www.bium.univ-paris5.fr/histmed/medica/galien_vf.htm

Carinne Bruneton
ReMeD

Comme l'attestent le nombre impressionnant et la qualité incontestée de ses
écrits, Galien est sans aucun doute le plus grand médecin de l'Antiquité
après Hippocrate. Né en 131 apr. J.-C. à Pergame (Asie Mineure), Claude
Galien est le fils du riche et érudit architecte grec Nicon. A quinze ans,
il commence des études de logique et de philosophie dans sa ville natale.
Mais deux ans plus tard, son père fait un étrange rêve dans lequel il voit
Galien devenir un grand médecin. Nicon décide alors d'orienter les études de
son fils dans cette voie pour laquelle, pense-t-il, Galien semble
prédestiné.

A la mort de son père en 152, Galien décide de quitter Pergame pour un
voyage d'études qui le mènera de Smyrne à Corinthe puis Alexandrie. Il
visite ensuite la Cilicie, la Phénicie, la Palestine, Scyros, les Iles de
Crête et de Chypre et profite de ce tour du bassin méditerranéen pour
recueillir les leçons des plus illustres médecins. A 29 ans, Galien est de
retour à Pergame où i l devient médecin de l'école de gladiateurs.
Bénéficiant là de sujets " volontaires ", il perfectionne ses connaissances
en chirurgie et expérimente un nouveau traitement des blessures des nerfs.

Mais après quatre ans passé à ce poste, Galien se sent à l'étroit.
Ambitieux, il entend profiter des perspectives que propose la capitale de l'Empire.
Il tourne une page de son histoire et se rend à Rome. Il connaîtra là une
rapide ascension. Galien est assez peu doué pour le pronostic, mais il
démontre en revanche des dons remarquables pour le diagnostic. Il raconte
lui-même comment un jour, appelé auprès d'une dame romaine, il reconnut qu'elle
n'avait pour toute maladie qu'une dévorante passion pour un baladin. Divers
autres " exploits " lui valent très vite une réputation méritée : on admire
ses connaissances en anatomie et l'emploi qu'il fait de la thériaque
(mélange de 74 ingrédients) guérissant les intoxications que ses confrères n'avaient
pas su utilisée. Il guérit la femme de Flavius Boethus, personnage
consulaire influent, et s'en fait un ami et appui important. Multipliant les
relations, il se fait engagé comme médecin de la famille de l'Empereur Marc
Aurèle.

En tant que praticien, Galien suit la tradition d'Hippocrate, mais quand il
s'agit d'anatomie ou de physiologie, il s'inspire plus d'Aristote. Outre la
philosophie, sujet qui le passionne particulièrement, Galien étudie beaucoup
les domaines de l'hygiène et de la pharmacologie (son étude des plantes
médicinales garde le nom de " pharmacie galénique "). Mais c'est l'anatomie
qui reste pour lui la base de la médecine. Galien pratique la dissection sur
animaux (en particulier des singes) pour ses travaux, l'autopsie des corps
humains étant interdite à l'époque, sauf pour l'ostéologie. Cela le conduit
parfois à de fausses conclusions sur l'anatomie humaine par extrapolation
abusive des modèles animaux. Cependant, Galien fait d'importantes
découvertes en myologie et sur le système nerveux ; il décrit avec justesse
le parcours de l'influx nerveux depuis le cerveau et étudie l'influence des
nerfs sur le mouvement musculaire. Il décrit également les différentes
qualités du sang dans les veines et dans les artères, mais se trompe sur les
rôles respectifs du foie et du cour, faisant du premier le centre de la
circulation sanguine.

Son schéma de physiologie humaine repose sur la doctrine des 4 éléments
(eau, air, terre, feu) qui, combinés aux 4 qualités physiques (chaud, froid,
humide, sec), influent sur les quatre humeurs : le sang, la bile, la pituite
et l'atrabile. Galien étend cette doctrine d'Hippocrate et y inclue les
quatre tempéraments, sorte de classification des hommes en sanguins
(chaleureux et aimables), flegmatiques (lents et apathique), mélancoliques
(tristes et déprimés) et colériques (emportés et prompts à réagir). Se
basant sur les théories péripatéticiennes, Galien attribue les phénomènes
physiologiques à des forces occultes exécutant leurs fonctions par des
agents appelés esprits (ou pneuma). Il existe trois formes d'esprits
correspondant aux trois forces : les esprits naturels qui se forment dans le
foie, les esprits vitaux qui se forment dans le cour et les artères, et les
esprits animaux, formés dans le cerveau. Les fonctions sont alors également
au nombre de trois : naturelles comme la nutrition, vitales comme les
pulsations cardiaques et les passions ou encore animales comme l'intelligence
et les sensations. Ce schéma physiologique restera la base de toute la
médecine médiévale, aussi bien musulmane qu'occidentale.

Mais Galien n'a pas la noble modestie d'Hippocrate ; excessivement fier, on
dit de lui qu'il a une trop haute opinion de sa science. Bien que doué et
très instruit, sa passion de briller à tout prix et sa réussite exacerbent
les rancoeurs et la jalousie des autres médecins qui l'affublent de
sobriquets tels que "diseur de paradoxes", "faiseur de merveilles" ou encore
"médecin phraseur". Devant l'hostilité croissante, Galien décide de quitter
Rome en 167. Son départ coïncide avec une épidémie de peste dans la ville,
ce que ne manqueront pas de souligner ses détracteurs en l'accusant de
lâcheté. Quoiqu'il en soit, Galien voyage quelque temps avant de revenir à
Rome à l'appel de Marc Aurèle qui lui confie la santé de ses deux fils,
Commodus et Sextus. Il reprend alors ses enseignements et la rédaction de
ses ouvrages jusqu'à sa mort, probablement en 201, à Rome ou en Sicile
suivant les sources.

L'ouvre de Galien est particulièrement féconde. Elle se compose de près de
500 traités sur la médecine, la philosophie et l'éthique dont beaucoup ont
malheureusement été détruits lors de l'incendie du temple de la Paix en 192.
Mais certains sont arrivés jusqu'à nous, notamment grâce aux traductions qu'ont
faites les intellectuels arabes du Moyen de ses ouvrages, en particulier
médicaux. L'influence des écrits de Galien fut considérable ; ils servirent
de référence pour la science médicale depuis le 2ème jusqu'au 15ème siècle
et ne furent contestés que tardivement. Et encore de timide manière, en
raison du poids que leurs conféra l'Eglise jusqu'à la Renaissance. En effet,
la conviction chez Galien de l'existence d'un dieu unique créateur du corps
humain le fera admettre par l'Eglise. Et pendant longtemps, s'opposer à
Galien signifiera s'opposer à l'Eglise.

Portrait de Galien : remerciements à The Blocker History of Medecine
Collections, The University of Texas Medical Branch, Galveston, Texas, USA.

Oeuvres
De anatomicis administrationibus, ouvrage d'anatomie et physiologie
De usu partium corporis partium corporis humani (17 livres), ouvrage
d'anatomie et physiologie
De sanitate tuenda, ouvrage de diététique et thérapeutique
De temperamentis et facultatibus simplicium medicamentorum (11 livres),
ouvrage médical
De locis affectis (6 livres), ouvrage de philosophie