REVUE ANNUELLE DE LA POLITIQUE DE SANTE: 80 % des Sénégalais sans
couverture médicale
par Cheikh Tidiane MBENGUE | SUD QUOTIDIEN , lundi 2 février 2009 | 251 Lectures
La santé au Sénégal n'a pas encore atteint ses objectifs. La revue
annuelle conjointe des activités de l'année 2008 a permis de faire le
point par rapport à la mise en œuvre du Plan national de développement
sanitaire. Elle a montré les limites du système de santé au Sénégal.
Après l'exécution de la phase décennale 1998-2007 du Programme
national de développement sanitaire (Pnds), contrairement aux
appréciations des autorités qui jugent les résultats encourageants, le
constat fait par les partenaires au développement démontre plutôt que
l'objectif de satisfaire chaque Sénégalais quelque que soit l'endroit
du pays où il se trouve est loin d'être atteint. En fait, 80% des
Sénégalais ne bénéficient pas encore de couverture médicale
satisfaisante .
Si des résultats considérés comme positifs ont été enregistrés, la
revue conjointe de la politique sanitaire en 2008 qui s'est tenue à
Dakar les 27 et 28 janvier dernier n'en relève pas moins plusieurs
manquements dans la gestion du système de santé sénégalais. Réunissant
autorités sanitaires, directeurs d'hôpitaux, organismes de
développement parmi lesquels, l'Organisation mondiale de la Santé
(Oms), le Fnuap, et l'Unicef, entre autres partenaires du Sénégal, la
session annuelle a permis aux différents acteurs de passer au peigne
fin les problèmes majeurs qui se posent au système sanitaire et à la
politique dans ce domaine. La mortalité infanto-juvénile, la mortalité
maternelle, la santé de reproduction, les Ist/ Sida, les endémies
locales, l'accentuation de la pauvreté au sein des groupes sociaux
vulnérables, ont constitué les terreaux de ce diagnostic sans
complaisance. C'est le moins que pouvaient faire les hommes de l'art
surtout dans un pays où 80 % de la population ne bénéficient pas
encore d'une couverture médicale sociale adéquate. La rencontre-bilan
a estimé que la distance qui reste à parcourir est longue et
inquiétante et qu'il y a urgence de passer à la vitesse supérieure
pour que non seulement les Sénégalais puissent disposer des soins de
qualité, mais que l'Etat respecte surtout ses engagements afin
d'assurer à tous un état de bien être physique, mental et social
conformément à la définition de l'Oms des objectifs précis pour 2015.
Dans son discours d'ouverture, le Dr Suzanne Maïga Konaté parlant au
nom des partenaires au développement n'a pas manqué de rappeler à
l'Etat du Sénégal la nécessité de respecter des engagements pris pour
l'amélioration des performances du secteur de la santé. Les bailleurs
ont relevé qu'à la date du 26 janvier dernier, environ 42 % seulement
des recommandations faites l'année dernière ont été exécutées, alors
que le ministère avait pris l'engagement d'arriver à 100 %. Toutes
choses qui feront dire au Dr Konaté que même si des avancées ont été
notées, il reste d'importants défis à relever. C'est pourquoi, avant
de dégager cette fois-ci de nouvelles recommandations à l'Etat, les
bailleurs exigent des autorités sanitaires, la mise en place d'un
cadre de suivi partagé pour garantir la mise en œuvre des engagements
pris. Ce qui donnerait l'opportunité aux partenaires d'être informés
objectivement sur les réalisations et les difficultés rencontrées dans
l'exécution des différents plans et programmes du secteur. Mieux, les
partenaires institutionnels du Sénégal prônent la reprise des missions
de supervision conjointe et des évaluations internes et externes afin
de donner un contenu plus analytique aux futures revues annuelles.
Une autre exigence des partenaires au développement est de tendre vers
une réelle prise en charge des maladies à soins coûteux par une
décentralisation des moyens de dépistage, de diagnostic et de
traitement, à travers un programme de prévention des facteurs de
risque pour plus d'équité dans l'accès aux soins de qualité. Pour
assurer aux groupes vulnérables des soins de qualité, ils exigent le
renforcement du plan sésame, la gratuité des césariennes et des
accouchements. Sur ce dernier point, la situation est alarmante avec
le rythme encore faible de réduction de la morbidité et mortalité
maternelle et infantile dont les dernières statistiques établissent
les taux élevés de 401 décès pour 100 000 naissances vivantes.
En ce qui concerne les hôpitaux qui attendent des solutions urgentes,
les bailleurs soutiennent que l'amélioration de leur fonctionnement
doit se faire en tenant compte des conclusions de la concertation
nationale sur leur fonctionnement et des dernières évaluations de la
réforme hospitalière. Sur ce point, n'ont pas été occultées les
nécessaires réformes à mener dans les domaines où les problèmes sont
récurrents, notamment la gestion des ressources humaines y compris la
prise en charge effective et régulière des contractuels, le
fonctionnement des comité de santé ( par la finalisation du décret
relatif aux Ocdes), la gestion des urgences et le renforcement de la
prise en charge des obstétricales. L'autre grande préoccupation des
bailleurs, c'est la persistance de la féminisation du Vih Sida qui
dicte que soit accordée une plus grande importance de la question du
statut de la femme et de la jeune fille dans les stratégies de lutte.
Compte tenu de la vulnérabilité de cette dernière cible, une
discrimination positive devrait être faite à tous les niveaux de la
pyramide sanitaire.
Enfin la contribution des partenaires s'est prononcée sur le caractère
multidimensionnel des problèmes de santé qui nécessitent que soit
adoptée une approche multisectorielle de leurs traitements pour tirer
le meilleur parti des actions menées conjointement par des ministères,
selon leurs domaines convergents dans les questions de santé.
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Simon KABORE
Coordonnateur du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
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