[e-med] Accord de libre �change au Maroc (suite)

E-MED: Accord de libre �change au Maroc (suite)
---------------------------------------------------------------------

Cher(e)s journalistes,la conclusion de l'accord de libre �change est
imminente.Les plus grands sp�cialistes de l'acc�s aux m�dicament ont exprim�
leur craintes et sollicit� notre gouvernement. Aujourd'hui c'est le tour
d'un prix Nobel de l'�conomie de tirer la sonnette d'alarme.

Il y a de quoi se poser des questions?!

Au lieu de rendre public l'avant projet de l'accord, les responsables
marocains tentent de rassurer sans r�pondre aux v�ritables questions de la
soci�t� civile nationale, mondiale et des diff�rents experts.

Nous avons besoin, plus que jamais, de votre soutien!

Cette lettre contient des informations importantes, nous vous remercions d'y
pr�ter une attention particuli�re etde la lire jusqu'au bout!

Merci

Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d'�conomie met en garde le Maroc contre un
Accord de Libre Echange mal n�goci�!

Actuellement en visite dans le royaume pour une s�rie de conf�rences, Joseph
E. Stiglitz, prix Nobel d'�conomie s'est exprim� sur l'accord de libre
�change actuellement en n�gociation entre le Marocet les Etats Unis.

L'�conomiste a pr�conis� aux pays qui sont engag�s dans des n�gociations de
prendre le temps n�cessaire pour bien �tudier les accords et mener la
n�gociation. En g�n�ral, les raisons pour garder le secret sur un texte d�
accord se r�v�lent par la suite toujours reposer sur le fait que ce texte
contient des �l�ments probl�matiques et f�cheux. C�est pourquoi il semble
indispensable que les textes des accords soient rendus publics afin que les
experts dans les diff�rents domaines de comp�tences concern�s (et y compris
les experts de la soci�t� civile) puissent apporter leur contribution � l�
�tude des textes d�accord et des propositions.

Compte rendu de la conf�rence de J. E. Stiglitz le 17 f�vrier � Casablanca:

Joseph Stiglitz a donn� lundi 17 f�vrier2004 une conf�rence � l�hotel Hyatt
Regency de Casablanca � propos de son livre � La grande d�sillusion � � l�
invitation du journal � La vie �co �. Le prix Nobel d��conomie, ancien
conseiller de Bill Clinton et ancien vice-pr�sident de la Banque mondial � d
�o� il a d�missionn� en novembre 1999 � intervenait au sujet de la
mondialisation, des �checs auxquels ont conduit les politiques men�es ces
derni�res d�cennies et des r�percussions particuli�rement dommageables qui s
�en sont suivies dans les pays pauvres.

Il a notamment insist� sur le fait que les r�formes qui peuvent ou doivent
�tre entreprises ne peuvent se faire du jour au lendemain, mais doivent s�
�tendre raisonnablement sur des d�cennies. Il a �galement fait remarqu� que
si les r�glementations internationales impos�es � tous les pays du monde
peuvent entra�n� un transfert de risques dans les pays pauvres, en revanche
les d�g�ts qui en d�coulent ne sont eux jamais transf�r�s dans les pays
riches.

A l�occasion de la conf�rence Joseph Stiglitz a �t� interrog� par de
nombreux participants sur la question de l�accord de libre �change entre les
Etats-Unis et le Maroc qui est actuellement en fin de n�gociation, mais
comme le faisait remarquer le chairman de la conf�rence n�est pour le moment
pas encore sign�.

Concernant les accords de libre �change avec les Etats-Unis en g�n�ral,
Joseph Stiglitz a donn� de nombreux exemples au sujet des accords sign�s
avec le Mexique et le Chili. L�exp�rience dans ces deux cas permet en effet
de montrer que d�une fa�on g�n�rale les accords sont b�n�fiques aux
Etats-Unis sur les sujets sur lesquels ils insistent pour qu�ils soient
inclus dans les n�gociations. En revanche sur certains domaines qui
importent pour les pays pauvres les effets qui suivent les accords sont
souvent d�cevants voir n�gatifs.

Globalement, on est tr�s loin des effets b�n�fiques attendus pour le Mexique
qui se retrouve en revanche totalement d�pendant de l��conomie am�ricaine.
Il est encore difficile de faire une �valuation pr�cise de l�effet de l�
accord sign� par le Chili puisque la signature est r�cente, mais certains
signes sont d�ores et d�j� assez pessimistes.

A propos du Mexique en d�pit des perspectives d�exportation sur le march�
am�ricain, les �tudes montrent que les importations apr�s la signature des
accords ont chut� (l��tude portait sur une p�riode de 10 ans).

Dans le domaine de la Banque les cons�quences de l�accord on �galement �t�
assez n�gatives. Aujourd�hui il ne reste plus qu�une banque mexicaine dans
le pays. Or, et c�est un des probl�mes, les banques �trang�res sont plus
r�ticentes � financer les petites ou moyennes entreprises mexicaines qu�
elles ne sont pr�tes � soutenir les multinationales �trang�res.

A propos de l�emploi, de nombreux emplois ont disparu apr�s la signature de
l�accord. Dans certains domaines des emplois ont �t� cr��s imm�diatement
apr�s l�accord mais au bout de quelques ann�es ils ont �galement disparus,
et on a vu les licenciements se multiplier.

Joseph Stiglitz a beaucoup insist� sur la n�cessit� de transparence lors des
n�gociations. Les positions am�ricaines sont tr�s souvent le reflet d�
int�r�ts particuliers (il a notamment cit� l�exemple des compagnies
pharmaceutiques).

Dans les pays en d�veloppement, les positions des n�gociateurs doivent aussi
pouvoir �tre le reflet d�int�r�t particulier ou g�n�raux.

Ceci est d�autant plus n�cessaire que les accords sont en g�n�ral constitu�s
de centaines de pages de textes juridiques dans lesquels chaque mot ou
chaque note compte. Il a donn� des exemples � propos des accords du Chili et
du Mexique o� de petites notes qui sont pass�es inaper�ues se sont par la
suite traduites par de tr�s importantes cons�quences pour les pays.

Il est donc essentiel que les experts dans les diff�rents domaines de
comp�tences concern�s (et y compris les experts de la soci�t� civile)
puissent apporter leur contribution � l��tude des textes d�accord et des
propositions.

C�est pourquoi il semble indispensable que les textes des accords soient
rendus publics. Il a d�ailleurs remarqu� qu�en g�n�ral les raisons pour
garder le secret sur un texte d�accord se r�v�lent par la suite toujours
reposer sur le fait que ce texte contient des �l�ments probl�matiques et
f�cheux.

Joseph Stiglitz a �galement pr�conis� aux pays qui sont engag�s dans des
n�gociations de prendre le temps n�cessaire pour bien �tudier les accords et
mener la n�gociation.

L�agenda des pays en d�veloppement et celui des Etats-Unis n�est souvent pas
le m�me et les pays doivent s�en tenir � leur agenda dans leur int�r�t.

Dans le cas actuel, pour le Maroc, il a �galement soulign� le fait que les
Etats-Unis allait bient�t �lire leur futur pr�sident. Or les positions
d�fendues par les R�publicains et les D�mocrates ne sont pas les m�mes en
mati�re de libre �change. Si le candidat D�mocrate est �lu � la Maison
Blanche en Novembre prochain les conditions de n�gociation seront alors tr�s
diff�rentes pour le Maroc. Ceci milite en faveur d�un report de la signature
de l�accord.

Concernant, la sant� et l�acc�s aux m�dicaments, Joseph Stiglitz a insist�
sur le fait qu�il s�agit d�un domaine dans lequel les pays en d�veloppement
ne devraient pas �tre amen�s � faire de concessions.

Reprenant la chronologie des �v�nements, il a rappel� que les n�gociations
de l�accord ADPIC sur la propri�t� intellectuelle de l�OMC, qui ont �t�
ratifi�es fin 1994 � l�issue de l�Uruguay round, avaient �t� men�es sous la
pression des multinationales pharmaceutiques. Lui m�me et d�autres �taient
alors oppos�s � l�inclusion de cet aspect dans les accords de l�OMC. Ils n�
ont malheureusement pas �t� entendus � l��poque. Par la suite, les effets
n�gatifs de ces dispositions sur la propri�t� intellectuelle ont �t�
d�montr�s par plusieurs institutions internationales (FMI, Banque mondiale
notamment). Ceci a conduit l�OMC � r�affirmer et �largir � Doha en 2001
certaines flexibilit�s pr�vues par les accords de l�OMC de fa�on � ce que
les pays pauvres ne soient pas p�nalis�s en mati�re d�acc�s aux m�dicaments
et puissent b�n�ficier de g�n�riques. Ces progr�s ont �t� insuffisants mais
sont cependant importants. Si ces avanc�es sont maintenant remises en
question par des accords de libre �change cela sera tr�s dommageable aux
pays pauvres.

Joseph Stiglitz a not� au passage que les compagnies pharmaceutiques ne
faisaient pas leurs b�n�fices dans les pays pauvres mais de fa�on quasi
exclusive sur les march�s riches (le march� am�ricain repr�sente 44% du
march� mondial des m�dicaments). Ainsi le fait que les pays pauvres aient
recours � des g�n�riques ne gr�ve pas de fa�on notable leurs profits puisque
de toute fa�on la majorit� des populations ne peuvent acheter des
m�dicaments chers (0 multipli� par x millions est toujours �gale � 0).

A la question � un pays a-t-il le choix face � un accord de libre �change �
il a r�pondu qu�on avait toujours le choix et que les pays, quand bien m�me
il existe une tr�s importante disparit� �conomique entre eux et les
Etats-Unis, ont toujours la possibilit� de n�gocier et de refuser certaines
dispositions.

Pour Joseph Stiglitz des r�gles commerciales internationales sont
n�cessaires mais elles doivent �tre �quitables.

L�id�ologie qui sous tendaient les positions des institutions
internationales a souvent conduit leurs repr�sentants � pousser des mesures
et des r�glementations qui ne servaient que les int�r�ts des pays les plus
riches.

Les accords de libre �change imposent des r�glementations qui sont plus
s�v�res et plus restrictives que les standards internationaux de l�OMC, par
exemple, ce qui est souvent probl�matique. En outre, dans le cadre de ce
type de n�gociation les rapports de force sont encore plus d�s�quilibr�s. D�
o� la n�cessit� pour les pays en d�veloppement d�agir avec prudence.