[e-med] (2)La question des médicaments de mauvaise qualité lors du prochain congrès européen sur la médecine tropicale et la santé internationale (ECTMIH), Belgique

Chères e-médiennes et chers e-médiens,

Comme vous savez déjà, les équipes de Be-cause Health et IDDO ont abordé la question des médicaments de mauvaise qualité lors du congrès européen sur la médecine tropicale et la santé internationale qui s'est tenu à Anvers, en Belgique, du 16 au 20 octobre (ECTMIH; www.ectmih2017.be). La journée du 18 octobre a eu un focus particulier sur les médicaments, en commençant avec la session plénière, pendant laquelle le professeur Hans Hogerzeil de l'Université de Groningen a mis l'accent sur les défis liés à l'accès aux médicaments essentiels, dans le cadre de l'accès universel aux soins de santé et en s'appuyant sur les recommandations du Lancet Commission sur les Médicaments Essentiels (http://www.thelancet.com/commissions/essential-medicines).

Dans le symposium organisé par Be-cause Health et IDDO, les problèmes relatifs à l'assurance qualité des médicaments essentiels, ont été abordés des différentes prospectives:

(1) du point de vue académique, le Dr. Harparkash Kaur de la London School of Hygiene & Tropical Medicine a présenté les résultats des enquêtes qualitatives concernant les antipaludéens, menés dans le cadre des activités d'ACT Consortium entre 2008 et 2016;

(2) du point de vue du contrôle de qualité, le Dr Paul Newton de l'Université d'Oxford et de LOMWRU, Laos, a présenté une analyse des avantages et désavantages des "quality screening devices", qui pourraient permettre d'évaluer ou estimer sur le terrain certains aspects de la qualité de certains médicaments;

(3) du point de vue des agences de réglementation, le Dr. Fred Siyoi, de l'autorité de réglementation du Kenya, a bien décrit les défis qui doivent être gérés par les NMRA, incluant les difficultés de quantifier la prévalence des médicaments de mauvaise qualité, le lien entre manque d'accès et prévalence des falsifications, l'importance des initiatives d'harmonisation (aussi souligné par le Dr. Mubangizi), et la nécessité de renforcer les systèmes de pharmacovigilance et de surveillance post marketing; ;

(4) du point de vue du Programme de Préqualification de l'OMS, le Dr. Deus Mubangizi a souligné entre autres choses l'importance des mécanismes de surveillance après préqualification, et d'une information transparente et complète qui permette de monitorer la qualité tout le long de la chaine d'approvisionnement. Il a aussi rappelé l'importance du "collaborative registration process" pour les produits préqualifiés; il a rappelé l'impact potentiel des antibiotiques de mauvaise qualité sur la résistance antimicrobienne et a souligné que l'objectif final de tout programme de préqualification doit être celui d'assurer la protection et le bien-être du patient.

Les médicaments étaient aussi au centre d'une session organisée dans l'après-midi ("Drugs, Diagnostics & Supplies").

DJ LMavungu, de l'Université de Liège, a présenté les résultats d'une enquête sur la qualité des antipaludéens, réalisée en République Démocratique du Congo;

K. Van Assche de l'Institut de Médicine Tropicale d'Anvers a présenté les résultats d'une étude rétrospective sur des données récoltées par QUAMED, qui suggèrent une faible adhérence aux normes de bon stockage et distribution auprès d'un échantillon des distributeurs privés dans des pays à revenus faibles ou moyens;

Paul Lotay, directeur de la Centrale Humanitaire Médico-Pharmaceutique de Nairobi, a montré comment un investissement dans le système d'assurance de qualité peut avoir des conséquence positives au niveau des revenus (augmentation du chiffre d'affaire);

et Kashi Carasso de Hera a argumenté comment améliorer l'approvisionnement national en produits de santé, en se basant sur le cas du Zimbabwe.

Globalement, cette journée a permis de mettre en réseau beaucoup d'acteurs impliqués à différents niveaux dans l'accès et l'assurance qualité des médicaments essentiels. L'assurance qualité, en particulier, est indispensable pour créer un "marché "sain" et sans standards multiples, et pour assurer à la fois le bien-être des patients et l'efficacité des systèmes de santé. Elle devrait être toujours abordée en lien avec les systèmes d'approvisionnement, les politiques de prix et les problématiques liées à l'accès.

Raffaella Ravinetto
Institut de Médicine Tropicale
Anvers, Belgique