Le quotidien du médecin, 22 avril 2005
Sida, tuberculose, paludisme: Les Amis du fonds mondial s'organisent
Une taxe sur les billets d'avion, c'est la dernière idée lancée par la toute nouvelle association les Amis du fonds mondial Europe, créée sous le haut patronage de Jacques Chirac et présidée par Michèle Barzach, ancienne ministre de la Santé (1986). Elle rejoint les Amis du fonds mondial Japon et les Amis du fonds mondial Etats-Unis, organismes relais du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Pour saluer cette naissance et ce baptême, une conférence de presse s'est tenue à Paris en présence de Philippe Douste-Blazy et de Xavier Darcos.
« LE SIDA reste incontrôlé et sous-estimé », souligne le ministre de la Santé : 40 millions de personnes sont porteuses du virus et il en meurt 8 000 par jour. L'Afrique est le continent le plus sinistré, avec une espérance de vie qui ne dépasse guère 49 ans, suivi de l'Asie, des pays de l'Est et des pays Baltes. L'Onusida estime qu'à partir de 2008 les besoins nécessaires pour faire face à cette épidémie s'élèveront à 20 milliards de dollars. Or, depuis sa création en 2001, le Fonds mondial n'a réuni que 3,5 milliards de dollars. C'est insuffisant.
Il est donc nécessaire que, en Europe, les Etats membres puissent mettre en ouvre des actions concrètes que la transposition des accords Doha-Cancun autorise et garantir particulièrement l'accès, via le Fonds mondial, à des médicaments dont la qualité est contrôlée et le coût acceptable. « La présidence luxembourgeoise de l'Union prévoit un accord sur ce projet en juin prochain », annonce Philippe Douste-Blazy.
Le nord doit aider le sud.
« La France, surenchérit Xavier Darcos, ministre délégué à la Coopération, s'est faite l'avocate déterminée de l'accès aux médicaments des pays du sud. » L'Etat français, deuxième donateur après les Etats-Unis, s'est fixé pour objectif de verser 150 millions d'euros rapidement, triplant ainsi sa participation au Fonds mondial. Et l'Union a besoin de ressources nouvelles pour financer, localement, les pays touchés en médicaments, en traitements, en infrastructures et en formation de personnel médical. La mobilisation doit être internationale.
Ainsi est née l'idée, proposée par le président Jacques Chirac à Davos, d'un prélèvement de solidarité internationale destiné à obtenir de l'argent pour mener cette lutte contre les trois pandémies les plus redoutables à l'heure actuelle : une taxe sur les billets d'avion permettra, en interpellant la conscience de chaque individu, de financer rapidement et de manière régulière cette organisation mondiale. Deux ou trois dollars prélevés sur le prix d'un billet d'avion, c'est peu pour l'usager, mais c'est énorme pour le fonds. Cette expérimentation débutera dans les prochains mois.
La déferlante du VIH/sida, de la tuberculose en pleine recrudescence, du paludisme fait peur : ces maladies infectieuses sont à la fois une menace pour la santé et la sécurité des nations du nord et un obstacle au développement des nations du sud. Pour distribuer gratuitement les médicaments adéquats, créer des hôpitaux, des centres d'accueil, informer et éduquer les populations, il faut de l'argent ; c'est le nerf indispensable de la guerre contre ces trois fléaux, et cela en toute transparence.
Mais les industries pharmaceutiques n'ont pas vocation à donner. D'où l'importance d'une structure telle que les Amis du fonds Europe, qui peut acheter à bas prix les médicaments pour les distribuer gratuitement aux malades.
Un appel est lancé aux entreprises, à l'exemple de Mac Cosmetics, premier membre bienfaiteur de l'association, qui reverse l'intégralité de la vente du rouge à lèvres Viva Glam aux mécénats privés, aux institutions publiques, aux partenariats volontaires pour soutenir les actions de prévention et de traitement indispensables à l'éradication de ces épidémies.
SYLVIA COLIN
Contact France : bureau de Michèle Barzach, tél. 01.47.53.76.78, site Web en création.
Contact Suisse : www.lefondsmondial.org, info@theglobalfund.org, tél. 00.41.22.791.1700.