[e-med] Fond Mondial

Pour information, ci-joint une lettre interassociative à l'initiative
d'HealthGap, pour soutenir le lancement d'un 5ème round de financement
du Fond Mondial, qui pour l'heure est très hypothétique.

Régis Samba-Kounzi
Responsable Commission Nord/Sud
Act Up-Paris
http://www.actupparis.org/secteur10.html

Début du message réexpédié :

Veuillez lire ce qui suit et indiquer à <Asia@healthgap.org>que vous souscrivez en tant qu'association à ce message; nous n'acceptons pas les messages individuels à cette heure.

Aux membres du Conseil du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, et à Richard Feachem, directeur exécutif du Fonds mondial,

Nous, soussignés, vous écrivons en tant que sympathisants du Fonds mondial; les efforts de beaucoup d'entre nous ont contribué à la création du Fonds mondial; la santé et la stabilité de nos communautés dépendent de la force et de l'essor du Fonds mondial.
Comme vous le savez, lorsque le Conseil du Fonds mondial se réunira pour sa 9e rencontre les 18 et 19 novembre à Arusha en Tanzanie, vous aurez à prendre des décisions cruciales concernant le financement et la gestion du Fonds mondial.
De vos décisions dépendra si la croissance du Fonds mondial ira de pair avec les pandémies du sida, de la tuberculose et du paludisme, ou si le Fonds mondial se rétrécira à cause des promesses non tenues des donateurs qui ne contribuent pas leur juste part à la lutte mondiale contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
De vos décisions dépendra si le Fonds mondial soutiendra un niveau minimum réalisable de véritable participation des séropositifs à l'attribution et la mise en oeuvre de subventions, ou si cet espoir, ainsi que d'autres attentes fondamentales pour la gestion du Fonds, seront rejetés.
Quand le Fonds mondial a été créé, il a aussi créé une promesse - mettre fin à "tout continue comme avant". Le monde a imaginé que le Fonds recueillerait des milliards de ressources supplémentaires, soutiendrait des initiatives locales pour combattre les trois pandémies et monterait finalement une offensive d'urgence contre des maladies infectieuses qui, sans mesures préventives et sans traitements, tuent 16 000 personnes chaque jour.
Mais cette promesse comme tant d'autres n'a pas été tenue. L'ONUsida estime que 17 milliards sont nécessaires en 2005, qui s'éleveront à 20 milliards chaque année dès 2007, pour lutter seulement contre le sida.
Cependant, les donateurs ne contribuent pas leur juste part, et malgré certains succès dans le monde, les bureaucraties au niveau national empêchent les malades de certains pays de bénéficier de subventions que le Fonds mondial a approuvées.
Nous, organisations soussignées, faisons appel à vous, Membres du Conseil et du Secrétariat, pour que vous preniez les mesures d'urgence qui suivent à la 9e rencontre du Conseil du Fonds :
-Soutenez le lancement immédiat de la 5e série de subventions afin que deux séries de subventions puissent être approuvées en 2005, en plus du renouvellement des subventions existantes
-financez de façon adéquate le Fonds mondial en 2005, et à l'avenir, grâce à un mécanisme de contributions équitables basées sur la demande des pays demandeurs, et non sur des calculs artificiels de ce que les donateurs choisissent de verser
-transformez les recommandations approuvées à la 8e réunion du Conseil concernant la participation de la société civile dans les comités de coordination des pays en conditions et
-traitez les sérieux goulets d'étranglement dans le déboursement des subventions comme des situations d'urgence auxquelles doivent mettre fin les parties concernées. Nous ne pouvons tolérer des retards qui peuvent être évités dans le déboursement de ressources qui gardent les malades en vie.
Le destin de millions d'êtres humains est dans vos mains. Nous attendons impatiemment votre réponse à cette requête urgente; nous allons suivre de près les décisions de tous les membres du Conseil,

cordialement

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Le contexte

Le Fonds mondial est un mécanisme de financement indépendant, multilatéral, qui veut obtenir des résultats; il finance des programmes de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme dans les pays en développement depuis la première série de subventions approuvées par le Fonds en 2002.
A la différence de nombreux mécanismes bilatéraux, le Fonds mondial exige que les bénéficiaires tablent sur des interventions utilisant des preuves scientifiques et les meilleures compétences techniques-pas de l'idéologie- dans les programmes de traitements, de soins et de prévention. De même, le Fonds mondial fonctionne en partenariat public-privé; les contributions des gouvernements et de la société civile sont censées avoir la même importance.
Mais les donateurs n'ont pas tenu leurs promesses de bien financer la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Le Fonds mondial n'a pas assez d'argent pour financer une nouvelle série de subventions en 2005 et le renouvellement des subventions existantes qui approchent de leur 2e anniversaire. Le rôle de la société civile, particulièrement des séropositifs, a été marginalisé, et dans certains pays, les ressources qui maintiennent en vie n'arrivent que trop lentement. En fait, à cette rencontre du Conseil, les E.U. vont tenter de bloquer le lancement de la 5e série. Les E.U. ont esquissé ce projet dans leurs sujets de discussion en préparation de la rencontre, qui sont joints à ce message
Même si le Fonds mondial n'est pas un mécanisme parfait, c'est le meilleur espoir aujourd'hui pour financer des interventions sous une direction locale en s'appuyant sur des preuves pour lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Les efforts des E.U. et d'autres donateurs pour excuser le fait de n'avoir pas tenu leurs promesses en faisant des déclarations fausses sur les résultats et l'efficacité du Fonds sont lamentables.

Le financement

En 2005, Il faut au moins 3,5 milliards pour financer deux séries de subventions et renouveler les subventions qui auront atteint deux ans.
A l'heure actuelle, 1 milliard a été promis pour 2005- moins que ce qui est nécessaire pour financer le renouvellement des subventions actuelles qui arrivent au bout des 2 ans. Des dépenses non prévues comme le besoin de payer pour la fourniture de médicaments contre le paludisme, plus récents et plus chers (appelés thérapie combinatoire à base d'artemisinin ou ACT en anglais) vont accroître encore le manque de financement. De nouvelles séries de financement sont cruciales pour permettre l'essor du Fonds mondial, et sans la pression de nouvelles séries de financement, l'énorme besoin de financement du Fonds resterait méconnu. Le coût prévu d'une 5e série est de 1 milliard. Au lieu de consacrer des miliards de nouvelles ressources et d'utiliser le Fonds comme un mécanisme de réponse urgente, les pays donateurs ont négligé le Fonds, n'ont pas rempli leurs promesses et utilisé leur position au Conseil pour lutter pour ralentir terriblement les opérations du Fonds.

La participation des séropositifs

Le Fonds mondial n'était pas seulement destiné à mettre fin à " la vie continue comme avant", à l'indifférence des donateurs quant au financement de la lutte contre le sida. Le Fonds mondial était aussi destiné à soutenir des réponses au niveau national aux maladies infectieuses de la pauvreté, réponses formulées par les gens directement affectés par les maladies elles-mêmes.
La plupart des demandes de subventions sont soumises par les comités de coordination des pays. Ces comités font aussi partie de la mise en oeuvre de la subvention une fois qu'un accord a été conclu. Des pressions se sont exercées sur le Conseil pour exiger un minimum de règles de participation de la société civile, particulièrement des séroposifs. Au lieu de cela, beaucoup des comités sont dominés par des représentants du gouvernement; il y a eu des rapports montrant régulièrement que les comités ont empêché la pleine participation des séropositifs et autres experts de la société civile. Dans beaucoup de cas, les récipiendaires gouvernementaux de subventions du Fonds mondial ne se sont pas pressés pour mettre en oeuvre ces subventions.

Quel est l'enjeu à cette 9e rencontre du Conseil?

Le Conseil du Fonds mondial se réunit pour la 9e fois les 18 et 19 novembre à Arusha en Tanzanie. L'issue de cette rencontre déterminera le destin du Fonds.
Le Conseil décidera :
-de soutenir ou non le lancement de la 5e série de subventions à temps pour les approbations de subventions à la rencontre de juillet 2005. Le gouvernement américain y est résolument opposé. (cf les sujets de discussion plus bas)
-de s'engager à exiger un minimum de participation de la société civile dans les comités de coordination des pays, y compris des séropositifs. Ces exigences ont été rejetées à la 8e rencontre du Conseil, mais pas toutes ne seront envisagées à nouveau par le Conseil à Arusha.(1)

Ce que vous pouvez faire

La 9e rencontre du Conseil représente une occasion unique pour les partisans du Fonds de faire campagne pour des décisions qui soient dans l'intérêt des séropositifs et de leurs communautés. Ce que vous pouvez faire :
1. Agissez dès aujourd'hui : lisez et soutenez la lettre qui exprime l'opinion générale
2. Puis, contactez des membres du Conseil du Fonds et exigez
* qu'ils soutiennent le lancement de la série 5 quand il avait été prévu,
*et qu'ils soutiennent les exigences originelles de participation de la société civile et d'atténuation des conflits d'intérêt, qui ont été rejetées lors de la 8e rencontre du Conseil, dont certaines seront réexaminées durant la rencontre d'Arusha.
Il reste très peu de temps pour éduquer les membres du Conseil, exercer une pression sur eux et présenter des arguments convaincants concernant ces points importants du plaidoyer. Mettez-vous à la tâche aujourd'hui.

(1) Note : Les points suivants ont été adoptés en tant que "recommandations" lors de la 8e rencontre du Conseil à Genève du 28 au 30 juin 2004, mais ils avaient été à l'origine présentés au Conseil par le Comité de la Gouvernance et du Partenariat comme des "exigences" pour les comités de coordination:
"Le comité recommande que le Conseil adopte les exigences et les recommandations qui suivent afin de renforcer les comités de coordination des pays en tant que partenariats publics/privés de tous les acteurs concernés

La composition et représentation des comités de coordination des pays
1. L'inclusion de ce qui suit en tant qu'exigences de directives quant au but, à la structure et la composition des comités de coordination
i. Les comités de coordination devraient comprendre un minimum de 40% de membres de secteurs non gouvernementaux (ONG, organisations communautaires, séropositifs, organisations religieuses, secteur privé, institutions académiques)
ii. tous les comités doivent pouvoir montrer que de leurs membres sont malades et/ou affectés par les maladies
iii. tous les comités de coordination doivent soumettre au Secrétariat du Fonds, pour publication sur son site internet, une liste annuelle indiquant le nom, l'organisation, le secteur et donnant des renseignements (adresse électronique, numéro de téléphone, de fax) pour chaque membre du comité, et rendre ces informations disponibles dans le pays

2. L'inclusion de ce qui suit en tant que recommandations de directives pour les comités de coordination
5e partie: composition : les comités devraient inclure une représentation par Etat/province/district, soit par une représentation géographique directe dans les comités de coordination des pays, soit par des mécanismes tels des comités de coordination régionaux, ou des comités au niveau d'Etats/ ou province

3. L'inclusion en tant que recommandations dans les directives des comités de coordination des pays, partie 3 : rôles et responsabilités : les membres
des comités représentant les secteurs non-gouvernementaux doivent être choisis/élus par leur secteur, sur la base d'une procédure documentée, transparente, mise au point dans chaque secteur

4. L'inclusion dans les directives des comités, partie 6, la mise en oeuvre des principes des comités : les membres individuels sont libres de communiquer leurs idées sur des questions de conception et d'application à d'autres membres des comités ou au Secrétariat, de façon confidentielle si nécessaire, afin de faire connaître les problèmes et les plaintes et identifier les points faibles dans le fonctionnement des comités comme il est décrit dans les principes du Fonds. Tout en respectant le côté confidentiel quand il est demandé, les gérants de portefeuilles auraient le droit de s'informer en posant des questions à d'autres membres des comités et si nécessaire, en assignant à la LFA la tâche de déterminer l'exactitude de la plainte. (le Comité de Gouvernance et de Partenariat a débattu cette question brièvement à sa réunion, et n'est pas passé à un vote pour proposer une recommandation, mais elle a été soumise à l'examen du Conseil à la demande de plusieurs membres du Comité)

5. L'inclusion en tant qu'exigences dans les directives pour des propositions sous (A) procédure pour faire des propositions:
i. Les comités de coordination doivent mettre en place un mécanisme transparent et documenté pour faciliter l'apport de tous les acteurs, membres et non membres, à la procédure de proposition
ii. Les comités doivent avoir mis en place un processus transparent et documenté destiné à examiner toutes les propositions qualitativement valables qu'ils reçoivent pour qu'elles soient intégrées dans la proposition du pays.