E-MED:(4)Les m�dicaments n'agissent pas sur la plupart des patients
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La plupart des communiqu�s de presse sur la vie des entreprises ne sont
autres qu'une communication publicitaire en direction du public ou des
investisseurs. Le communiqu� de l'AFP intitul� "Les m�dicaments n'agissent
pas sur la plupart des patients" en est un exemple.
Sous ses airs de reconnaissance d'efficacit� non constante des m�dicaments,
le vice-pr�sident de la division "g�n�tique" de GlaxoSmithKline cite des
chiffres aussi peu fond�s que ceux pr�sent�s par les documents publicitaires
des d�l�gu�s commerciaux des firmes (ou visiteurs m�dicaux).
Ainsi, cette personne aurait d�clar� que " les m�dicaments contre la maladie
d'Alzheimer ne sont efficaces que sur moins d'un patient sur trois� "
Un tiers ? Ce n'est pourtant bien loin de ce que montre l'�valuation de ces
m�dicaments.
Pour la maladie d'Alzheimer, la tacrine a �t� commercialis�e, avec un effet
sp�cifique � la tacrine chez seulement 10 % des patients, sans qu'on sache
si l'effet se prolongeait au-del� de 6 mois. Ce b�n�fice a �t� acquis au
prix d'une toxicit� h�patique importante : en situation de prescription hors
essai clinique, 44% des patients trait�s avaient une �l�vation des
transaminases � plus de 5 fois la normale, 20% avaient arr�t� pr�matur�ment
le traitement pour effets ind�sirables. La commercialisation de la tacrine a
�t� progressivement interrompue (Rev Prescrire 1995;15(148):96-100 et 1998;
18(189):736-738 et 2000;20(210):674).
Le don�pezil a ensuite �t� commercialis�. Bilan de l'�valuation : seulement
10 % des patients ont un b�n�fice clinique du fait d'un effet sp�cifique du
donep�zil, au prix de naus�es, diarrh�e, insomnie, crampes musculaires,
asth�nie. On ne sait pas si l'effet se prolonge au-del� de 6 mois (Rev
Prescrire 1998;18(185):403-406).
La rivastigmine a �t� compar�e au placebo : seuls 4 % des patients auraient
un b�n�fice possible en rapport avec un effet sp�cifique de la rivastigmine,
au prix de naus�es-vomissements, diarrh�es, vertiges, etc. On ne sait pas si
l'effet se prolonge au-del� de 6 mois. (Rev Prescrire 1999;19(191):15-17).
Pareil pour la galantamine compar�e au placebo : 5 � 13 % des patients
trait�s par galantamine sont susceptibles d'�tre cliniquement am�lior�s par
un effet sp�cifique de la galantamine, au prix de naus�es, vomissements,
diarrh�e, douleurs abdominales, dyspepsie (Rev Prescrire 2001 ; 21 (220) :
574-576).
R�p�tition pour la m�mantine compar�e au placebo : selon le crit�re retenu 5
% � 19 % des patients auraient une am�lioration clinique par un effet
sp�cifique de la m�mantine, au prix d'hallucinations, vertiges, c�phal�es.
On ne sait pas s'il se prolonge au-del� de 6 mois (Rev Prescrire 2003 ; 23
(241) : 485-488).
Au moment de leur commercialisation, en l'absence d'essai comparatif de ces
trois derniers m�dicaments versus donepezil, ou en situation d'�chec du
donepezil, on voit mal comment estimer combien de patients ont tir�
r�ellement un b�n�fice de ces m�dicaments. Il y aurait donc environ 10 % des
patients qui tireraient un b�n�fice temporaire du donepezil, et les autres
m�dicaments apportent un b�n�fice suppl�mentaire probablement proche de 0 %.
Autre affirmation " les m�dicaments contre le cancer agissent sur un quart
seulement des patients ".
Difficile de mettre tous les m�dicaments contre le cancer dans un m�me
panier, mais de quel type d'action s'agit-il ? Il s'agit malheureusement
souvent d'une diminution partielle et temporaire de la taille de la tumeur
sans modification de la dur�e survie.
Derni�re affirmation d�j� nettement plus publicitaire : " En 2002, le groupe
a d�pens� 2,7 milliards de livres (pr�s de 4 mds EUR) dans la recherche,
soit plus de 400.000 euros de l'heure. Cela porte le co�t moyen d'un
m�dicament avant sa mise sur le march� � 500 millions de livres (700 M EUR)
".
Comme par hasard, on retombe encore une fois sur le chiffre estim� par le
Trufts Center for the Study of Drug Development pour le co�t de recherche et
d�veloppement d'un nouveau m�dicament, soit environ 800 M dollars US. Le
principal client de cette entreprise est l'industrie pharmaceutique, les
calculs sont inv�rifiables et contestables. Cette estimation ne concerne que
les nouvelles entit�s chimiques totalement d�velopp�es en interne. En
r�alit�, une partie seulement de ce co�t est d�pens�e par les firmes, car la
moiti� correspondent � des co�ts financiers, sans d�caissement (Rev
Prescrire 2003;23(244):782-787).
On suspecte donc que le calcul ait �t� fait � l'envers : puisque le co�t
habituellement annonc� est d'environ 700 M EUR par nouveau m�dicament, on va
donc d�clarer que GSK a d�pens� 4 milliards EUR en 2002. �a tombe bien,
c'est un peu plus que les d�penses de promotion de GSK en 2002 : un peu
moins de 3 millliards EUR.
La conclusion a en tirer est que recevoir ces communiqu�s de presse n'est
pas tr�s diff�rents de recevoir les repr�sentants commerciaux des firmes
pharmaceutiques. La seule information valable � en tirer est interrogative :
quel est leur objectif ? quel terrain pr�parent-ils ? Le reste n'est
qu'emballage sans int�r�t.
J�r�me Sclafer
R�dacteur la revue Prescrire
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