AFRIQUE DU SUD: Les tests de dépistage rapide du VIH ne sont pas
infaillibles
JOHANNESBURG, 13 octobre (IRIN) - La fiabilité du diagnostic du VIH obtenu
par prélèvement sanguin au doigt a été remise en question après le rappel
d'une marque de kits de dépistage rapide du VIH, utilisés dans les centres
publics de dépistage de deux provinces sud-africaines.
Un organe de presse local a rapporté le 28 septembre que plus d'un
demi-million de Kits Wondfo de dépistage rapide 'One Step', fabriqués en
Chine et fournis par les laboratoires FutureMed Pharmaceuticals, avaient été
retirés du marché à la fin du mois de juillet, après s'être avérés
défectueux.
La création de tests de dépistage rapide du VIH, qui permettent d'obtenir un
diagnostic en moins de 30 minutes et peuvent être pratiqués avec un minimum
de matériel et de formation, a considérablement augmenté à la fois
l'accessibilité du dépistage et le nombre de personnes dépistées.
D'après Miriam Mhazo, responsable principale de programme à New Start, un
organisme à but non-lucratif qui offre des services de conseil et de
dépistage volontaires du VIH (VCT) dans l'ensemble du pays, avant que
l'organisation ne commence à utiliser les tests de dépistage rapide, en
2004, les patients devaient attendre huit jours pour recevoir leurs
résultats, et « environ 30 pour cent d'entre eux ne revenaient pas ». Mais
les conclusions de plusieurs études récentes ont révélé le manque de
fiabilité de certaines marques de kits de dépistage rapide, et un taux élevé
d'erreurs dues aux utilisateurs dans les centres de santé publics très
fréquentés où ces kits sont utilisés.
Erreur humaine
Les tests de dépistage rapide du VIH pratiqués sur 961 femmes ont été
évalués dans le cadre d'une étude menée dans 12 centres offrant des services
de prévention de la transmission de la mère à l'enfant (PTME) dans la
province du KwaZulu-Natal.
« Il y a eu des cas isolés de faux positifs avec les tests de dépistage
rapide du VIH au KwaZulu-Natal », a indiqué Dhayendre Dhayendre Moodley de
l'unité de recherche sur la santé des femmes et le VIH de l'université du
KwaZulu-Natal, chercheuse principale de l'étude. « Étonnamment, la plupart
de ces tests ont été approuvés par la FDA [la Food and Drug Administration,
organisme américain de réglementation des produits pharmaceutiques] ; ils
ont également été évalués et approuvés par nos Services laboratoires
nationaux, avant d'être utilisés dans le secteur de la santé publique. Nous
avons donc décidé de déterminer si l'erreur venait du test ou bien de
l'utilisateur ».
Quatre marques différentes de tests rapides ont été évaluées et les
résultats obtenus par des infirmiers et des conseillers psychosociaux ont
été comparés à ceux obtenus par des techniciens de laboratoire. L'exactitude
des résultats dépendait de la « concordance » entre les deux tests (lorsque
les deux tests présentent le même résultat pour le même patient). Selon les
conclusions de l'étude, si les techniciens de laboratoire qui pratiquaient
le test parvenaient à 100 pour cent de concordance, les infirmiers et les
conseillers psychosociaux atteignaient seulement 92 à 98 pour cent de
concordance.
Bien que certaines marques de kits soient légèrement plus sensibles que
d'autres, toutes répondaient, en laboratoire, aux normes de l'Organisation
mondiale de la santé. Les chercheurs en ont donc conclu que seules les
erreurs des utilisateurs, qui risquent notamment de ne pas appliquer la
bonne quantité d'agent activant, pouvaient expliquer pourquoi les résultats
des tests pratiqués par les infirmiers et les conseillers psychosociaux
étaient moins fiables. L'utilisateur risque également de mal interpréter les
résultats ou d'utiliser le mauvais échantillon ou le mauvais test.
« Avec toutes les analyses de laboratoire, quelles qu'elles soient, il faut
suivre les instructions du fabricant au détail près », a commenté Dhayendre
Moodley. «Avec ces tests, les instructions sont très claires et très
simples, et si les gens sont formés et suivent la méthode, il ne devrait pas
y avoir de problème ».
Dans un article publié dans le numéro de septembre du South African Medical
Journal (SAMJ), Dhayendre Moodley et ses collègues ont recommandé la
formation et la supervision accrues et continuelles des travailleurs de la
santé qui pratiquent des tests de dépistage rapide du VIH, et la mise en
place d'un système de contrôle qualité. Bien que des directives préconisent
la comparaison régulière des résultats de ces tests de dépistage rapide aux
résultats de tests de laboratoire plus sophistiqués, ces directives ne sont
pas appliquées dans tous les centres de santé, a-t-elle noté.
Des conséquences désastreuses
Un mauvais diagnostic du VIH peut avoir des conséquences désastreuses. Un
patient ayant reçu un faux résultat négatif risque d'infecter
involontairement d'autres personnes et rate aussi l'occasion de pouvoir
suivre un traitement ; à l'inverse, un faux positif peut parfois entraîner «
un grave traumatisme physique infligé par le partenaire, l'abandon et le
suicide », selon l'article du SAMJ.
Dhayendre Moodley s'est notamment souvenue de cas isolés de patients ayant
participé à des essais cliniques parce qu'ils avaient été déclarés
séropositifs dans des centres de santé publics, pour découvrir ensuite
qu'ils étaient séronégatifs, à la suite de tests de laboratoire.
Dans le cadre d'une autre étude récente, également menée dans le
KwaZulu-Natal, quatre différents types de tests de dépistage rapide du VIH
ont été évalués, qui se sont avérés moins fiables que leur fabricant ne le
prétendait : sur les 751 patients déclarés séronégatifs ou ayant obtenu des
résultats discordants à la suite de tests rapides, 19 se sont avérés
séropositifs.
Les auteurs en ont conclu que les tests de dépistage rapide du VIH pouvaient
aboutir à « un grand nombre de faux résultats négatifs » dans un pays à taux
de prévalence élevé comme l'Afrique du Sud. « Compte tenu des contraintes de
laboratoire auxquelles le pays se trouve confronté, nous sommes heureux de
l'existence de ces tests rapides, et de l'avantage qu'ils offrent de pouvoir
obtenir des résultats immédiatement », a expliqué Dhayendre Moodley. « Mais
je pense que nous devons procéder à une sélection plus rigoureuse des types
de tests rapides que nous utilisons, et cette sélection devrait reposer sur
une évaluation de terrain, menée au préalable, en plus des évaluations de
laboratoire ».
ks/he
[ENDS]
© IRIN. Tous droits réservés.
[Cet article vous est envoyé par IRIN, le service de nouvelles et d'analyses
humanitaires du Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires
Humanitaires (OCHA). Les opinons exprimées dans les articles d'IRIN ne
reflètent pas nécessairement le point de vue des Nations Unies ou de ses
Etats membres. Toute reproduction ou republication à des fins non
commerciales est autorisée, à condition de mentionner la source IRIN.
Dispositions et conditions d'utilisation:
http://www.irinnews.org/copyright.aspx
Principaux donateurs d'IRIN: Australie, Canada, Danemark, CE, Japon,
Pays-Bas, Norvège, Suède, Suisse, Royaume-Uni, Etats-Unis. Pour plus
d'informations sur les donateurs: http://www.irinnews.org/donors.aspx
Ce message est envoyé par un système de réponse automatique. Contactez IRIN
sur: feedback@irinnews.org. Pour modifier ou mettre fin à votre abonnement:
http://www.irinnews.org/subscriptions ]
Subscribed Email: remed@remed.org