[e-med] (4)Scandale autour des tests de dépistage du sida au KENYA

Bonjour,

Pour enrichir un peu nos sources d'informations sur ce sujet, voici une synthèse des abstracts présentés à l'ICASA à Dakar en décembre 2008, sur le thème des tests de dépistage rapide.

Intérêt des tests rapides dans le diagnostic de l'infection à VIH : Expérience du service des maladies infectieuses du CHU de Casablanca
Usefulness of HIV rapid diagnostic tests : Experience of the Departement of Infectious Diseases of UTH de Casablanca
R. Bensghir, A. Oulad Lahsen, T. Fatihi, K. Marhoum El Filali, H. Himmich
SERVICE DES MALADIES INFECTIEUSES, CHU IBN ROCHD, Casablanca, Maroc
   
Au Maroc, pays de faible prévalence pour l'infection à VIH, le diagnostic de l'infection reste tardif (54% au stade C) alors que la thérapie antirétrovirale est accessible. Le dépistage à l'initiative du soignant soufre, en plus du délai nécessaire pour l'obtention du résultat, du fait que plusieurs hôpitaux ne disposent pas du test ELISA. Ainsi, l'utilisation d'un test rapide fiable, peu onéreux, simple et peu invasif pourrait permettre l'élargissement de l'accès au test VIH.

Objectif :
Etudier la faisabilité et la rentabilité des tests rapides VIH réalisés par les cliniciens pour des patients hospitalisés et des consultants dans un hôpital universitaire.
Méthodologie:
Les différents services du CHU Ibn Rochd ont été préalablement informés de la disponibilité des tests rapides dans le service des maladies infectieuses (SMI). Ces tests sont réalisés à la demande des médecins du SMI et des autres services, devant toute suspicion d'infection à VIH et en cas d'accident d'exposition au sang. Les tests sont faits sur sang total avec le test 'Determine VIH-1/2' (Abbott Diagnostics) et tout résultat positif est confirmé par Western Blot (WB).

Résultats :
Entre avril 2006 et avril 2008, 600 tests rapides ont été réalisés dont 91 (15,2%) étaient positifs et confirmés par WB. Vingt patients avec résultat positif étaient des consultants. Cinquante étaient des patients hospitalisés dans différents services dont 23 en maladies infectieuses, 10 en réanimation, 7 en gastro-entérologie et 6 en pneumologie. Le motif de demande des tests avec résultat positif était représenté par une tuberculose (38%), un amaigrissement (20%), une diarrhée chronique (20%), des abcès cérébraux (12%) et une candidose buccale (8%). La rapidité du résultat du test a permis d'adapter le traitement devant une suspicion de pneumocystose dans 5 cas et de toxoplasmose dans 6 cas
Chez 21 patients, le test rapide VIH a permis de poser un diagnostic chez le partenaire ou l'enfant. Sur les 96 tests faits devant une exposition professionnelle ou sexuelle au VIH, aucun n'était positif.

Conclusion :
Même dans un pays de faible prévalence de l'infection à VIH, l'intégration du test rapide VIH dans la pratique quotidienne des établissements hospitaliers a un intérêt capital dans l'élargissement des indications des tests VIH et leur accessibilité.

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Réactivité inégale des tests simples rapides pour la détection des infections par VIH-1 de groupe O
Unequal reactivity of simple rapid tests for the detections of HIV-1 group O infections
A. Gautheret-dejean2, S. Mesmin-poho2, J. Birguel1, V. Lemée3, J.M. Huraux2, J.C. Plantier3
1Laboratoire, Hôpital Privé de Tokombéré, Tokombéré Bp 74 Maroua, Cameroun 2Service de Virologie & EA 2387, GH Pitié-Salpêtrière & Université Paris 6, Paris 13 3Laboratoire de Virologie associé au Centre de Référence National du VIH, CHU de Rouen, Rouen, France
   
Description du problème. Le dépistage du VIH en zone reculée de pays à ressources limitées repose sur les tests simples/rapides (TSR). Des cas d'infection par VIH-1 de sous-type C sans anticorps détecté par TSR ont été rapportés, au Bostwana et en Afrique du Sud. Le Cameroun est caractérisé par une grande variabilité génétique du VIH-1, avec notamment l'existence de souches de groupe O. Les tests Determine HIV-1/2 et Immunocomb II HIV-1/2 bispot en usage pour la stratégie de dépistage VIH à deux TSR y ont été un temps remplacés par les tests Retrocheck HIV et SD Bioline HIV-1/2.

Objectif. Nous avons étudié la réactivité de 12 sérums HIV-1 groupe O en Retrocheck et SD-Bioline et, comparativement, en Determine, Immunocomb, et Immunoflow HIV1-HIV2, autre nouveau TSR.

Méthode. La lecture a pris en compte l'intensité des bandes ou spots positives, par comparaison au témoin.

Résultats. Le nombre de sérums détectés par réactivité de niveau ++ ou + variait selon le test, de 11 en Determine ou Immunocomb à 8 en Retrocheck. Si les résultats limite étaient considérés positifs, le nombre de sérums détectés pouvait varier de 12 à 9. La plus forte réactivité était observée en Determine, avec 11 sérums sur 12 donnant une bande ++. Un sérum échappait à la détection à la fois en Immunoflow et Retrocheck, et deux autres étaient lus comme limite ou non réactifs en Retrocheck.

Conclusion. Ce nombre limité de sérums ne permet pas de conclure sur la combinaison idéale de TSR pour la stratégie de dépistage du VIH au Cameroun. La spécificité est un autre critère à considérer. A cet égard, le nombre élevé de résultats limite observé avec tous les TSR et principalement en Retrocheck et SD Bioline pose problème. Cela souligne la nécessité d'une évaluation des tests sur le terrain avec un nombre important de sérums avant toute mise en place d'une stratégie à deux tests ou d'un nouveau test de 1ère ligne.

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Utilisation des tests rapides pour le diagnostic sérologique VIH : Fréquence des résultats indéterminés chez les femmes enceintes à Bobo-Dioulasso, Burkina Faso
Use of HIV rapid diagnostic tests : Frequency of inderminate results among pregnant women in Bobo-Dioulasso, Burkina Faso
D. Kania, P. Fao, C. Gouem, D. Valéa, E. Compaore, A. Zango, M. Nouctara, N. Méda, Equipe Kesho-bora
Projet Kesho Bora, Centre MURAZ, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso
   
Introduction : Le diagnostic biologique de l'infection à VIH repose essentiellement sur le dépistage sérologique. L'algorithme de référence associe un test ELISA très sensible et un test de confirmation comme le Western Blot. A l'instar de nombreux pays à ressources limitées, l'algorithme en vigueur pour la PTME au Burkina Faso, utilise la combinaison de deux tests rapides. Bien que cet algorithme soit efficace dans le diagnostic du VIH, il reste cependant que les résultats obtenus ne sont pas toujours concluants. Nous nous proposons ici, d'étudier la fréquence et l'impact des résultats indéterminés chez les femmes enceintes dans le cadre des activités de la PTME à Bobo-Dioulasso.

Méthodes : Le prélèvement de sang est d'abord testé par le test Determine® HIV1/2 (ABBOTT). Les échantillons non réactifs sont considérés Négatifs et les réactifs sont testés par le kit Génie II® HIV-1/HIV-2 (BIORAD) ou ImmunoCombs II® HIV 1&2 BiSpot HIV (ORGENICS). Si celui-ci est réactif, le résultat est Positif mais en cas de discordance entre les deux tests sur deux prélèvements différents, le résultat est Indéterminé.

Résultats : Sur 44 653 prélèvements testés en 3 ans, 1 903 étaient réactifs au DETERMINE et au GENIE II. Par contre 597 étaient réactifs au premier test et non réactifs au second. Cette discordance concernait 1,2% des prélèvements en 2005, 1,3% en 2006 et 1,4% en 2007. Lorsque le résultat est indéterminé, non seulement la patiente est prélevée à plusieurs reprises mais aussi sa grossesse peut arriver à terme sans que son statut sérologique définitif ne soit clarifié.

Conclusion : Quoique la proportion de résultats indéterminés semble relativement faible, elle reste inquiétante au regard des conséquences sociales et psychologiques chez les femmes enceintes. Il est donc nécessaire que les programmes PTME disposent de réactifs pour réaliser le Western Blot sur les échantillons dont les résultats sont indéterminés. Cela permettra d'améliorer la qualité du dépistage sans entraîner un surcoût très élevé.

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HIV diagnosis in developing countries: still a major challenge
Le diagnostic du VIH dans les pays en développement demeure un défi
A. Aghokeng1-2, H. Dimodi1, A. Atem-tambe1, M. Tongo1, E. Mpoudi-ngole1, E. Delaporte2, M. Peeters2
1Virology laboratory CRESAR/IMPM/IRD, Yaoundé, Cameroun 2UMR145, IRD and University of Montpellier 1, Montpellier, France
   
Objective
To evaluate the performance of rapid HIV tests recently introduced in Cameroon for routine diagnosis of HIV infection and update the performance of previously evaluated simple rapid tests and ELISAs.

Methods
We first constituted and serologically characterized a reference sample panel of 491 plasma samples, including 259 HIV negative and 232 HIV positive samples. We also constituted a specific HIV-1 group O sample panel. Rapid tests evaluated included, Retrocheck HIV, SD Bioline 1/2 3.0, and HIV (1+2) Rapid Test Strip. The previously evaluated rapid tests were Determine and ImmunoComb II, and the two fourth generation ELISAs were Enzygnost HIV Integral II and Murex HIV Ag/Ab-Combination. The performance of these tests were determined in terms of sensitivity, specificity, positive and negative predictive values.

Results
Only two of the five rapid tests, Determine and ImmunoComb II, displayed a 100% sensitivity. Sensitivities were 97.3% for SD Bioline and Rapid Test Strip, and 94.2% for Retrocheck. For the two ELISAs, we found 99.5% and 98.9% sensitivities for Enzygnost and Murex respectively. None of the assays evaluated showed a 100% specificity. The highest specificity was observed for Rapid Test Strip with 98.8% and the lowest for Determine with 88.0% as regard to the rapid tests. The ImmunoComb II, which is widely used in many African settings for confirmation of HIV diagnosis, showed a very low specificity of 89.6%. The two ELISAs, Enzygnost and Murex, showed specificities of 98.5% and 96.1% respectively. Due to the very low specificities displayed by the evaluated assays, PPV were very low for all tests, ranging between 32.7% and 78.1%. Overall, results obtained for all assays generated more than 9% of samples with indeterminate HIV status, because they reacted discordantly with the different tests. Moreover, two of the rapid tests evaluated failed to detect HIV-1 group O variants included in the sample panel. Retrocheck detected only two out of nine group O specimens, and Rapid Test Strip detected seven specimens out of nine.

Conclusion
The accurate and affordable identification of HIV infected persons is essential to prevent new HIV infections and identify people to treat. The present study showed that the performances of HIV diagnostic assays are not yet satisfactory, 25 years after the development of the first assays.