Communiqué de presse OMS
Une lutte antituberculeuse énergique génèrerait des gains substantiels
dans les pays pauvres
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2007/pr64/fr/index.html
12 DÉCEMBRE 2007 | WASHINGTON -- Un nouveau rapport de la Banque mondiale
établit que les 22 pays regroupant le plus grand nombre de cas de
tuberculose dans le monde gagneraient beaucoup plus que ce qu'ils
dépenseraient s'ils adhéraient à un plan mondial pour faire diminuer
nettement le nombre des décès dus à la tuberculose. Les gains des pays
africains très touchés pourraient atteindre neuf fois la valeur de leurs
investissements dans la lutte antituberculeuse. Cette étude avertit
également de la nécessité de renforcer la lutte dans le monde entier en
raison de l'apparition de plus en plus fréquente de tuberculoses à
bacilles multirésistants (tuberculose MR) et ultrarésitants (tuberculose
UR) en Afrique australe, en Europe de l'est et en Asie centrale.
Liens connexes
:: L'étude de la banque mondiale [pdf 1.2Mb] - en anglais http://www-wds.worldbank.org/external/default/WDSContentServer/IW3P/IB/2007/08/01/000158349_20070801103922/Rendered/PDF/wps4295.pdf
:: La stratégie Halte à la tuberculose [pdf 568kb]
http://www.who.int/entity/tb/publications/2006/stoptb_strategy_fr.pdf
:: Le Plan mondial Halte à la tuberculose [pdf 6,8Mb]
http://www.stoptb.org/globalplan/assets/documents/StopTB_GlobalPlan_FR_web.pdf
:: Le partenariat Halte à la tuberculose - en anglais
http://www.stoptb.org/
Selon ce rapport et malgré les progrès récents de la lutte
antituberculeuse, il y a eu encore 8,8 millions de nouveaux cas et 1,6
million de décès dus à cette maladie en 2005. En l'absence de traitement,
deux tiers des cas à frottis positifs meurent dans les cinq à huit ans
mais, pour la plupart, dans les dix-huit mois suivant l'infection.
Selon cette étude "The economic benefit of global investments in
tuberculosis control" l'impact économique de la mortalité tuberculeuse
et les avantages de la lutte dans les 22 pays à forte charge de cette
maladie sont les plus grands en Chine et en Inde où, s'associant à la
croissance des revenus, le nombre relativement élevé des décès dus à la
tuberculose se traduit par des conséquences économiques importantes.
Cette étude, demandée par la Banque mondiale pour le compte du partenariat
Halte à la tuberculose et financée par la Fondation Bill et Melinda Gates,
a suscité un intérêt considérable de la part des organismes internationaux
de la santé et du développement, de groupes de recherche et de la société
civile qui veulent une lutte plus énergique contre la tuberculose dans le
monde entier. Après le VIH/sida, la tuberculose est la maladie infectieuse
qui tue le plus d'adultes.
«Ce rapport cherchait à voir si les avantages économiques de la lutte
antituberculeuse dépassent les coûts. Il a révélé des bénéfices probables
impressionnants », a déclaré le Dr Jorge Sampaio, envoyé spécial du
Secrétaire général des Nations Unies pour linitiative «Halte à la
tuberculose» et ancien président du Portugal.
Que signifie cette étude pour l'Afrique?
Elle établit que le coût économique des décès liés à la tuberculose (et à
la co-infection avec le VIH) en Afrique subsaharienne de 2006 à 2015 en
l'absence de traitement efficace contre la tuberculose, tel que recommandé
par la Stratégie OMS Halte à la tuberculose*, s'établira à 519 milliards
de dollars. Néanmoins, si ces mêmes pays devaient offrir ces traitements à
leurs patients et s'en tenir au plan mondial de réduire de moitié, par
rapport aux chiffres de 1990, la prévalence et la mortalité d'ici 2015,
ils verraient leurs gains économiques dépasser d'environ neuf fois les
coûts. Le Plan mondial Halte à la tuberculose, élaboré par le partenariat
Halte à la tuberculose, coûterait deux milliards de dollars par an pour le
diagnostic et le traitement de la tuberculose en Afrique jusqu'en 2015 et
cinq à six milliards de dollars dans le monde.
«Il y avait déjà des raisons impérieuses de lutter contre la tuberculose,
responsable de tant de souffrances humaines. Désormais, une autre
motivation s'y ajoute: tout porte à croire que les investissements pour
réaliser l'objectif du Millénaire pour le développement relatif à la
tuberculose entraîneront des gains économiques importants», a déclaré le
Dr Margaret Chan, Directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé
(OMS).
Économiquement parlant, le développement des traitements antituberculeux
se justifie aussi ailleurs qu'en Afrique. L'étude révèle que le rendement
économique serait encore plus élevé dans des pays comme la Chine ou
l'Inde, où les projections de la croissance des revenus pour les dix
prochaines années sont plus élevées et la charge de la co-infection avec
le VIH moins lourde.
La tuberculose aggrave la pauvreté
L'étude indique qu'en rendant malade les adultes en âge de travailler ou
en les tuant, la tuberculose prélève un lourd tribut sur les revenus
individuels comme ceux des économies nationales. En Zambie par exemple,
les décès chez les petits agriculteurs cultivant du maïs ou du coton ont
fait baisser les récoltes d'environ 15%. Les enfants sont également
vulnérables: la tuberculose peut les contraindre à abandonner l'école et
réduire ainsi leurs perspectives d'avenir.
«Cette nouvelle étude importante nous montre pourquoi la lutte
antituberculeuse est un investissement intelligent pour le développement à
long terme des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, constate
Joy Phumaphi, Vice-Présidente à la Banque mondiale pour le développement
humain, ancien Sous-Directeur général à l'OMS et ancienne Ministre de la
Santé au Botswana. Cette justification économique donne des raisons
solides aux gouvernements et aux donateurs pour faire baisser franchement
la prévalence et la mortalité et pour améliorer la santé et aussi les
revenus de ceux qui sont exposés à un risque grave de maladie et de décès
dû à la tuberculose.»
Mme Phumaphi déclare que la Banque mondiale va intensifier son aide en
faveur de la lutte antituberculeuse, tout en continuant de collaborer avec
les pays d'Europe orientale, d'Asie centrale et d'Asie méridionale. Elle
déclare qu'en Afrique, la Banque mondiale va adopter une approche plus
anticipative pour financer les efforts dirigés par les pays, en s'appuyant
sur les canaux existants, des programmes sectoriels, des programmes
associés de lutte contre le VIH et la tuberculose et des opérations
plurisectorielles.
Perspectives
L'étude appelle à accélérer d'urgence la lutte mondiale contre la
tuberculose en raison de multiples facteurs: la charge extraordinairement
lourde de cette maladie pour ceux qui en sont atteints, leurs familles et
les budgets gouvernementaux; l'augmentation spectaculaire du nombre des
cas depuis plus de dix ans en Europe orientale et en Asie centrale;
l'apparition de souches multirésistantes (tuberculose MR) ou
ultrarésistantes (tuberculose UR). En Europe de l'est et en Asie centrale,
les patients ont un risque dix fois plus grand de contracter une
tuberculose MR qu'ailleurs dans le monde et jusqu'à 15% des nouveaux cas
sont multirésistants. Ce rapport affirme que la menace de la tuberculose
MR met en évidence l'urgence pour tous les pays affectés, ainsi que pour
les organismes travaillant dans le domaine de la santé et du
développement, de pousser à l'adoption la plus complète possible du Plan
mondial Halte à la tuberculose; celui-ci réclame un investissement partagé
par les pays lourdement affectés par la tuberculose et les donateurs.
«Ce rapport doit faire prendre conscience aux pays de l'urgence d'un
engagement financier plus ferme pour lutter contre la tuberculose, estime
Michel Kazatchkine, Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le
sida, la tuberculose et le paludisme. Une lutte antituberculeuse efficace
a des répercussions positives sur la vie de millions de personnes
infectées, sur des communautés entières et elle réduit le poids de cette
maladie pour les économies nationales.»
Les 22 pays à forte charge de la tuberculose sont: : Afghanistan, Afrique
du Sud, Bangladesh, Brésil, Cambodge, Chine, Éthiopie, Fédération de
Russie, Inde, Indonésie, Kenya, Mozambique, Myanmar, Nigéria, Ouganda,
Pakistan, Philippines, Thaïlande, République démocratique du Congo,
République-Unie de Tanzanie, Viet Nam et Zimbabwe.
Le Plan mondial Halte à la tuberculose, lancé par le partenariat Halte à
la tuberculose en janvier 2006, fixe des lignes directrices pour traiter
cinquante millions de personnes contre la tuberculose, enrôler trois
millions de patients co-infectés par le VIH pour les traitements
antirétroviraux dans les dix ans à venir et ainsi sauver quatorze millions
de vies environ. Il vise à réduire de moitié d'ici à 2015 la prévalence et
les décès dus à la tuberculose par rapport aux niveaux enregistrés en
1990.
Le partenariat Halte à la tuberculose, hébergé par l'OMS à Genève
(Suisse), est un réseau comptant plus de cinq cents organisations
internationales, pays, donateurs des secteurs public et privé et
organisations non gouvernementales et gouvernementales collaborant pour
l'élimination de la tuberculose.
La stratégie Halte à la tuberculose, lancée en 2006 par l'OMS, fixe les
priorités suivantes:
continuer à développer et à renforcer l'application stricte de la
stratégie DOTS (cette méthode de lutte antituberculeuse insiste sur la
détection des cas par des examens bactériologiques et des traitements
standardisés avec le concours du patient, un approvisionnement efficace en
médicaments, un suivi et une évaluation efficaces);
élever les défis posés entre autres par la co-infection tuberculose/VIH et
la tuberculose MR;
contribuer au renforcement des systèmes de santé;
faire participer l'ensemble des dispensateurs de soins;
responsabiliser les personnes atteintes et la collectivité qui les entoure;
catalyser et promouvoir la recherche.
Pour plus d'informations, contactez:
Banque mondiale à Washington
Phil Hay
Tél.: +1 202 473 1796
Portable: +1 202 409 2909
Courriel:phay@worldbank.org
OMS/Halte à la tuberculose à Genève
Judith Mandelbaum-Schmid
Tél.: +41 22 791 2967
Portable: +41 79 254 6835
Courriel: schmidj@who.int