SIDA / ARV
Kaletra d'Abbott : une petite victoire, de grandes questions
Mis en ligne le 11 avril 2006
http://www2.paris.msf.org/site/actu.nsf/actus/sidakaletra110406
La nouvelle version du Kaletra, antirétroviral clé, sera vendue 500 dollars
en Afrique. Cette annonce du laboratoire Abbott est une petite victoire.
Mais beaucoup d'inquiétudes demeurent face à la remontée des prix des
traitements pour les malades du sida.
Le laboratoire américain Abbott a annoncé que le prix de la nouvelle version
du Kaletra serait de 500 dollars par patient et par an en Afrique et dans
les pays les moins avancés. En revanche, nous n'avons toujours pas reçu de
confirmation écrite de la part d'Abbott pour notre commande passée le 15
mars. De plus, la question du prix reste posée pour les pays à revenu
intermédiaire, dont font partie le Guatemala et la Thaïlande, deux pays où
nous soignons des malades du sida et pour lesquels nous avons commandé la
nouvelle version du Kaletra.
Le Kaletra est un anti-rétroviral clé pour les traitements de seconde ligne.
L'ancienne formulation, sous forme de gélule, doit être réfrigérée et est
donc difficilement utilisable dans nos programmes. La nouvelle version,
thermostable, est au contraire tout à fait adaptée aux conditions
climatiques des pays dans lesquels nous travaillons et donc indiquée pour
nos patients. Mais Abbott réservait cette nouvelle formule pour les seuls
malades des Etats-Unis.
» FAIRE PRESSION, MÉDICAMENT PAR MÉDICAMENT
La Campagne d'accès aux médicaments essentiels a fait pression pour pousser
Abbott à rendre disponible ce produit dans les pays du Sud (et donc dans nos
programmes), au prix de l'ancienne formulation. L'annonce d'Abbott constitue
donc une petite victoire, mais qui illustre surtout les problèmes majeurs
auxquels nous sommes actuellement confrontés pour les médicaments de seconde
ligne contre le sida. Car le système désormais en vigueur sur la propriété
intellectuelle (brevets de 20 ans) rend difficile l'accès à ces nouveaux
médicaments qui ne peuvent plus être légalement copiés par les principaux
fabricants de génériques. Nous sommes donc obligés, au cas par cas,
médicament par médicament, de faire pression sur les laboratoires pour
rendre disponibles ces traitements à un prix abordable.
L'exemple du Kaletra montre en fait que le coût du traitement des malades du
sida est en train d'augmenter sensiblement. Différentes études menées
montrent qu'au bout de quelques années des résistances aux médicaments se
manifestent chez les patients et nous obligent à utiliser des traitements
alternatifs de seconde ligne, 10 à 20 fois plus chers.