[e-med] Le Brésil va fabriquer de l'éfavirenz

Brésil: Un générique contre le sida
http://www.lejdd.fr/cmc/scanner/international/200838/bresil-un-generique-contre-le-sida_149897.html?popup

Le Brésil devrait commencer à fabriquer en début d'année prochaine une
version générique de l'Efavirenz, un médicament clé contre le sida, a
annoncé mercredi le ministre de la Santé. "C'est un moment historique pour
l'industrie pharmaceutique et la santé publique brésiliennes", a déclaré
Jose Temporao lors d'une conférence de presse à Brasilia. "Ce pourrait
être le tremplin pour des futures initiatives innovantes du Brésil sur ce
terrain." Le Brésil, qui fournit un traitement gratuit à tous les malades
du sida, a déclaré en 2007 que l'Efavirenz était un médicament d'intérêt
public, ce qui l'autorise à invoquer une clause de l'Organisation mondiale
du Commerce (OMC) qui lui permet de ne pas tenir compte de la licence
détenue par le groupe américain Merck. Depuis, le Brésil importe une
version générique produite en Inde. Le médicament, qui représentait 11% du
budget sida du ministère de la Santé en 2006, n'en représente plus que 4%
aujourd'hui. Après avoir grimpé dans les années 1990, le nombre de
nouveaux cas et de décès est en déclin au Brésil, un phénomène que les
experts expliquent par le succès de la politique de santé du gouvernement.
Celle-ci combine le traitement gratuit, le recours aux médicaments
génériques et la promotion de l'usage des préservatifs.

Brazil to make generic version of key AIDS drug
By Reuters - Wed Sep 17, 12:36 PM PDT
Provided by: (http://www.reuters.com/)

BRASILIA (Reuters) - Brazil said on Wednesday it will start producing a
generic version of a key AIDS drug, the latest step in the country's
long-running battle with pharmaceutical giants to bring down the cost of
treatment for HIV patients.
A locally made generic version of Efavirenz, one of 17 drugs in the
cocktail used by HIV patients, should be approved and ready for use in
Brazil's widely
acclaimed AIDS treatment program by early next year, the Health Ministry
said.
"It's a historical mark for Brazil's pharmaceutical industry and Brazil's
public health," Health Minister Jose Temporao said at a news conference
in Brasilia, the capital.
"This could be the basis for future innovative initiatives by (Brazil) in
this field."
Brazil, which provides free treatment to all AIDS patients, declared
Efavirenz in the public interest in 2007. That allowed it to invoke a
clause in World Trade Organization rules and sidestep a patent held by
U.S. pharmaceutical firm Merck & Co Inc.
Since then, Brazil has been importing a generic version of the drug made
in India, helping it cut costs significantly. Efavirenz now accounts
for 4 percent of the Health Ministry's AIDS drug budget, down from 11
percent in 2006. The cost of the Brazilian generic still has not been
determined but Temporao said it would be well below Merck's price and
close to what the ministry pays
for Indian generics.
About 80,000 of the 200,000 Brazilian HIV patients take Efavirenz as part
of their treatment.
Brazil has a long history of butting heads with foreign pharmaceutical
giants, often threatening to break patents if they refuse to lower prices

Le Brésil s'est certes engagé à fournir gratuitement les traitements ARV à TOUS ses ressortissants brésiliens, mais :
- cela n'est valable que pour les zones concentrées autour d'une ville disposant d'un hopital dont la pharmacie est approvisionnée correctement. Dans le Nordeste, beaucoup de personnes infectées, en particulier de la région de Macapa se dirigent vers l'Hopital de Cayenne en Guyane française, faute de traitements disponibles dans les postes de santé et de personnel formé au VIH.
- cette prise en charge gratuite a à l'inverse créé en 2004-2005 un afflux personnes infectées Boliviennes sous de fausses identités vers les villes brésiliennes les plus proches, patients provenant des régions de Cochabamba ou Tarija, la Bolivie ne disposant à l'époque que de quelques dizaines de traitements pour l'ensemble du pays. Ces fuites de patinets faussent les statistiques d'évaluation des besoins du pays en traitements auprès du Fond Mondial.

De telles déclarations de prise en charge de tous les malades sont à double tranchant :
- d'une part, cela permet de penser que la population entière a accès au traitement, mais ce n'est souvent géographiquement pas vrai.
- d'autre part, cela peut remettre en question la prise en charge des personnes infectées par des pays voisins.
Par exemple, la carte de séjour pour soins ne sera plus automatiquement délivrée par la France à une personne séropositive provenant d'un pays où le traitement est dit accessible.
Cela pourra être un problème pour les personnes infectées dans le Nordeste brésilien à la population très pauvre et vulnérable au VIH qui sont suivies à Cayenne.
Les autorités sanitaires françaises et brésiliennes et les autorités territoriales françaises (préfecture) sauront-elles s'inscrire dans un échange politique et diplomatique qui tiendra compte de l'intérêt de la santé des populations extremement pauvres, ou là encore, comme l'avait "annoncé" le président Sud-africain Mbeki pourra-t-on dire que les malades du Sida ne meurrent pas de l'infection à VIH, mais de la pauvreté ?

Dr Sylvie Chiron / pharmacien / activiste Act-Up Toulouse