[e-med] Le diabète - mortel, peu financé et pas dépisté

[c'est vraiment trop injuste!CB]

Le diabète - mortel, peu financé et pas dépisté

DAKAR, 4 mars (IRIN) - Bien que le diabète soit tout aussi meurtrier que le
VIH/SIDA et que sa prévalence en Afrique ait pratiquement doublé au cours
des 15 dernières années pour atteindre plus de sept millions de cas, d'après
la Fédération internationale du diabète (IDF), la maladie reçoit une
attention limitée de la part des bailleurs de fonds ou des gouvernements
d'Afrique.

Le diabète, qui selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est la
cause de six pour cent environ des décès enregistrés chaque année dans le
monde, est une maladie chronique qui résulte d'une production insuffisante
d'insuline par le pancréas, ou d'une utilisation inefficace par l'organisme
de l'insuline produite.

Stéphane Besançon, nutritionniste et directeur de Santé Diabète Mali, une
association à but non lucratif, a expliqué à IRIN que l'urbanisation, la
sédentarisation, l'accès à des moyens de transport motorisés, les
importations de denrées alimentaires et l'industrialisation ont mis à rude
épreuve la santé des Maliens.

« Les motos étant moins chères, les gens marchent tout simplement moins.
L'huile artisanale, qui était autrefois fabriquée au goutte à goutte, est
désormais produite et importée en masse, ce qui a des répercussions
négatives sur les habitudes alimentaires ».

Au Mali, dans les services de médecine interne, le diabète est la seconde
cause d'hospitalisation après le VIH/SIDA, et la cause de 40 pour cent de
l'ensemble des consultations, d'après le ministère de la Santé, qui se base
sur les données les plus récentes de 1996. M. Besançon a expliqué que le
diabète était difficile à dépister et que le gouvernement menait
actuellement une enquête nationale pour actualiser ces chiffres.

M. Besançon a par ailleurs indiqué que certains facteurs culturels
aggravaient le risque, tels que le fait de partager un même plat pour les
repas, qui ne permet pas de contrôler les portions, et la perception de
l'obésité comme un signe de beauté et de prestige.

Un double fardeau

Alieu Gaye, directeur de l'IDF pour l'Afrique, a dit à IRIN que le
continent se voyait contraint de lutter contre les maladies chroniques,
alors même qu'il était aux prises avec le plus grand réservoir de maladies
infectieuses au monde.

« Les pays africains ne sont pas encore venus à bout des maladies
infectieuses que déjà des maladies chroniques font leur apparition », a dit
à IRIN M. Gaye. « Mais ces maladies ne sont pas financées, ne reçoivent pas
d'attention et sont rarement diagnostiquées ».

L'OMS estime qu'à l'horizon 2025, l'augmentation la plus significative de
la prévalence du diabète sera enregistrée dans les pays en voie de
développement, qui devraient abriter 75 pour cent des patients diabétiques
du monde. Au minimum la moitié d'entre eux n'ont cependant pas été
diagnostiqués, ce qui signifie que de nombreuses autres complications
médicales ne seront pas non plus diagnostiquées, selon l'IDF.

D'après l'OMS, le diabète est à l'origine de 60 pour cent des amputations
dans les pays en voie de développement. Outre les maladies du pied, le
diabète peut entraîner une cécité, des maladies cardiaques (la première
cause de décès au monde), une insuffisance rénale et une perte de sensations
dans les membres.

Une étude de 2004 menée par l'association Santé Diabète Mali a révélé que
les patients diabétiques présentant des complications payaient plus de 160
dollars par mois pour financer leur traitement, contre 60 dollars pour les
patients sans complication. « Sans dons des bailleurs de fonds ni
subventions gouvernementales, les patients paient de leur poche, ou
interrompent simplement le traitement qui les maintient en vie », a expliqué
M. Besançon.

En moyenne, les salariés maliens gagnaient à peine plus de 41 dollars par
mois en 2007, d'après la Banque mondiale.

De récentes études menées au Mali et au Mozambique ont révélé qu'une
personne ayant besoin d'insuline pour survivre décèderait en moins d'un an,
selon l'IDF. En Zambie, cette moyenne est de 11 ans.

Selon M. Gaye, les maladies infectieuses monopolisent toute l'attention
dans les pays en voie de développement, alors que les maladies chroniques
telles que les maladies cardiaques, l'hypertension et le diabète sont
considérées à tort comme des préoccupations de « pays riche ».

Sans l'aide des bailleurs de fonds, il est peu probable que les
gouvernements pauvres accordent davantage d'attention au diabète, a regretté
M. Besançon. « Il n'est de secret pour personne que les gouvernements
soutiendront tous les programmes sanitaires, quels qu'ils soient, que les
bailleurs de fonds sont prêts à financer. Les dons des bailleurs de fonds
déterminent les priorités nationales ».

Depuis 2001, les bailleurs de fonds ont alloué près de 12 milliards de
dollars au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le
paludisme.

D'après une étude de 2004 publiée dans une revue médicale, le diabète et
les autres maladies chroniques non transmissibles sont rarement favorisées
par les bailleurs de fonds ou dans les politiques, bien qu'ils soient la
première cause de mortalité à travers le monde, selon l'OMS.

Qui sauver ?

En 2006, l'Union africaine et l'OMS ont été le fer de lance de la
déclaration et la stratégie africaines sur le diabète qui, selon M. Gaye,
ont suscité une prise de conscience, mais n'ont pas donné lieu à une levée
de fonds significative.

M. Besançon a remis en cause le fait de subventionner la prise en charge
d'une maladie mais pas celle d'une autre. « Le traitement d'un patient
atteint du VIH est pris en charge, mais pas celui d'un patient diabétique.
Or le patient sauvé du VIH pourrait tout à fait décéder du diabète ».

M. Gaye a affirmé que les études préliminaires menées auprès de patients
atteints du VIH/SIDA ont révélé que la malnutrition ainsi que d'autres
effets secondaires pouvaient exposer les patients au risque de diabète.

Pour M. Besançon, injecter de l'argent pour éradiquer une maladie donnée
permet de minimiser les interactions entre les maladies. « Cette situation
crée un problème éthique pour les médecins, qui sont en mesure de sauver la
vie d'un patient atteint d'une pathologie donnée, mais pas celle d'un autre
».

« La question n'est pas de déterminer comment lever davantage de fonds ou
créer un Fonds mondial ambivalent, mais plutôt comment redistribuer ces
fonds dans le système de santé global, afin que les complications mortelles
sont traitées de façon égale ».

pt/np/db/ail[ENDS]

Bonjour,

Ce que je retiens d'intéressant dans cet article, c'est le dernier paragraphe"
« La question n'est pas de déterminer comment lever davantage de fonds ou
créer un Fonds mondial ambivalent, mais plutôt comment redistribuer ces
fonds dans le système de santé global, afin que les complications mortelles
sont traitées de façon égale ».
Effectivement la solidarité internationale est forte. Mais c'est inefficacité que l'on constate sur le terrain. Cessons de cloisonner les maladies et occupons nous d'appuyer les systèmes de santé.
Les ressources humaines sont insuffisantes, mal payées, c'est cela le problème principal. Les dons de médicaments, la contractualisation ne sont que des pis aller.

Serge Barbereau
serge.barbereau@wanadoo.fr

Le diabète peu financé et pas dépisté

Le VIH/Sida, une pandémie d’émergence brutale tant du point de vue de sa morbidité que du nombre de décès et dont l’agent causal est bien identifié, touchant les riches et les pauvres à la fois et sans discernement, survenant dans une époque de relative croissance économique et du nouveau projet de mondialisation après la chute du monde communiste. Le VIH/Sida et la tuberculose son alliée ont bénéficié d’une prise de conscience mondiale et des largesses des nations riches. Le diabète est une maladie chronique, évoluant à bas bruit pendant des années, de façon insidieuse, dont l’agent causal est mal identifié pour en traiter l'origine, nécessitant au départ une insuline dont l’origine animale ne pouvait que limiter sa disponibilité et créé sa cherté sur le marché (maintenant elle est plus disponible mais toujours chère malheureusement) en plus du fait que les origines sont en plus du côté des changements des modes de vie des populations des pays en voie de développement ce qui interpelle les industries alimentaires des pays du nord (le sucre domine l’alimentation et les conserveries comme le sel d’ailleurs!), les régimes alimentaires des pauvres dirigés vers les sucres aux dépends des proteines animales très chères, la mécanisation des déplacements comme il est signalé dans l’article ce qui diminue l'utilisation corporelle des sucres et la stimulation continue de l'insuline corporelle, et le travail des champs de moins en moins musculaire etc… Le diabète s’il venait à être pris en charge par la communauté internationale nécessiterait en plus de l’insuline et sa conservation par une chaîne de froid opérationnelle, des actions de dépistage et de traitements (comme le VIH/Sida d’ailleurs) mais en plus, des changements de mode de production alimentaire et de vie des gens (comportements acquis au contact « des nations civilisatrices » d’hier) et c’est là que le bas blesse. Ce qui peut être logiquement demandé c’est de soutenir un programme mondiale de dépistage, de traitements précoces pour éviter les complications du diabète comme l’hypertension artérielle et ses complications invalidantes, l’insuffisance rénale qui nécessite la dialyse coûteuse voire inexistante en Afrique. Par un tel programme de prévention chez l’enfant d’abord, puis l’adulte, nous ferons reculer le délai d'apparition des complications invalidantes du diabète (ça a été démontré dans une étude sur les arborigènes d'Australie) et épargner des vies et enfin de dégager des surplus financiers pour des approvisionnements en insuline. Il s’agit donc, d’une nouvelle vision du don en santé qui ne se limite pas à aider un nécessiteux à avoir le minimum pour sa survie, mais d’une volonté internationale de changement en profondeur de la santé publique pour aider l’Homme qui doit rester au centre de nos préoccupations.
A. Helali
Alger