Chères (res) E Médiennes (iens),
Les temps sont difficiles et comme le disait hier, le Président du FMI, il
ne faut pas perdre de vue les pays qui ont plus que jamais besoins de ne pas
être oubliés sur l'autel du redressement. Voici un excellent texte que je
voudrais vous soumettre, c'est une analyse vraiment pertinente de la
situation actuelle:
José BOUDEY
Economiste de la Santé
jose.boudey@libertysurf.fr
jose.boudey@gmail.com
Skype : askjose1509
http://blog.ehesp.fr/
par Antoine FLAHAULT
a flahault 7 octobre 2008
La crise financière internationale qui se déroule sous nos yeux na-t-elle
pas des points communs avec la diffusion rapide dune souche infectieuse
dans une population ? Je voudrais souligner quelques analogies, et de ce
fait suggérer que les méthodes de gestion de la crise pourraient aussi sen
inspirer. En effet, on apprend souvent beaucoup des autres domaines, et
lhumanité qui na pas une très longue expérience de la mondialisation
économique, en revanche a une solide expérience, pluri-centenaire des
épidémies. Elle a su sorganiser et apprendre des crises passées, par
exemple, nous avons vu récemment la mobilisation internationale qui a été
coordonnée par lOrganisation Mondiale de la Santé dans la lutte - très
efficace - contre le SRAS en 2003, et actuellement avec lOIE (lOMS de la
santé vétérinaire) vis-à-vis de la pandémie de grippe aviaire.
Les points communs : la survenue dun foyer dabord circonscrit (aux USA),
la fameuse crise des subprimes ; difficile à comprendre, nouvelle souche
encore inconnue de la virologie économique. Non prédite aussi. Puis une
accélération du processus, avec un phénomène de contagiosité forte et une
propagation rapide transatlantique, mondiale. Une contagiosité apparamment
non contrôlable. Le réveil des peurs aussi, y compris irrationnelles. Les
experts peuvent affirmer que la situation en Europe est saine, ils ne
rassurent pas les petits et gros porteurs qui ne semblent pas y croire
(leurs comportements le montrent bien). La confiance qui sérode, notamment
vis-à-vis des autorités. On ne croit plus aux discours rassurants, qui
semblent incantatoires. Les mesures enfin : dabord le repliement sur soi
mes stocks de Tamiflu deviennent mes injections de liquidités(vous avez
remarqué que le langage même se rapproche, on injecte des médicaments au
corps malade). Puis la conscience - confuse car là lexpérience est beaucoup
plus récente - quil faut une action concertée avec ses voisins, peut-être à
un niveau régional (lEurope, les USA), pas encore à un niveau mondial :
mais que fait lOMC à propos ?La finance nest-elle pas dans ses
prérogatives ? Nest-ce pas son secteur ?
Lavis de lépidémiologiste :
1. Simulons limpact des scénarios envisagés par les économistes : il y a
des matheux sur la Terre. Pour les épidémies on modélise mathématiquement
les phénomènes, et la représentation simplifiée que cela donne permet
dutiliser ces modèle in silico pour tester des scénarios sur ordinateur :
et si on ferme les écoles, quelle influence sur la pandémie ?, et si on
coupe les transports aériens ?, et si on vaccine toute une partie de la
population ? et si on utilise des masques de protection ?
etc. Lors de
lépidémie massive de fièvre aphteuse au Royaume Uni, des épidémiologiste
ont simulé les différentes stratégies et cela a été bien utile à la prise de
décision qui sen trouvait ainsi mieux guidée. On imagine bien que les
matheux des écoles déconomie se penche sur le phénomène actuel et apporte
des éléments déclairage pour nos décideurs. Il faut simuler les différentes
propositions en débat : fonds européens vs chacun pour soi, injections de
liquidités vs laisser faire, etc
Il faut apporter les résultats de ces
simulations au public, pour éviter les peurs, les rumeurs, les comportements
irrationnels qui peuvent amplifier le problème (ou le bruiter).
2. La solution ne peut quêtre internationale et concertée. Elle ne peut
quêtre mondiale probablement, si lanalogie avec la pandémie grippale est
poussée jusquau bout. Comme après la grande pandémie grippale de 1918-19,
tout cela se terminera par la mise en place dune autorité internationale de
régulation financière qui nexiste pas sur notre planète (ou qui existe mais
est visiblement absente ou inéfficace). LOMS est née en 1947. Car trop
dhommes souffrent de ces crises, et si lanalogie là aussi est faite avec
les maladies transmissibles, ce seront les plus faibles qui souffriront le
plus de la crise financière actuelle. Ce sont les pays les plus pauvres de
la planète qui en pâtiront le plus, immédiatement et même à terme.
Le 21 octobre, la Cité des Sciences et de lIndustrie ouvre, à Paris,
EPIDEMIK une grande exposition sur les épidémies de maladies infectieuses à
laquelle lEHESP est un actif partenaire ; le visiteur sera confronté à des
scénarios de crise épidémique simulés dans de très vastes jeux vidéos
totalement inédits. Gageons que nos grands argentiers, et tous ceux qui sont
amenés à prendre aujourdhui de bien difficiles décisions dans un contexte
dincertitude élevée et dintense complexité, y trouveront peut-être
quelques analogies quils pourront mettre à profit pour leur prise de
décision"".