[e-med] Mali: acc�s aux anti-r�troviraux

E-MED: Mali: acc�s aux anti-r�troviraux
-------------------------------------------------------------------------

L'euphorie c�de au scepticisme

Panafrican News Agency (Dakar)
April 25, 2001
Posted to the web April 25, 2001

Bamako, Mali

La possibilit� de fabriquer des m�dicaments g�n�riques est loin
d'�tre � port�e de main, malgr� l'espoir n� du r�cent retrait de la
plainte des firmes pharmaceutiques contre le gouvernement
sud-africain, si l'on en croit certaines voix autoris�es � l'usine
malienne de Produits Pharmaceutiques (UMPP).

La plainte des firmes pharmaceutiques contre l'Afrique du sud,
rappelle-t-on, bloquait, depuis trois ans, l'application d'une loi en
faveur de l'importation, par ce pays, de m�dicaments g�n�riques
anti-Sida bon march�.

"Nous ne sommes pas en mesure de fabriquer aujourd'hui des
g�n�riques pour traiter le VIH/SIDA", d�clare d'embl�e le directeur
adjoint de l'UMPP, M. Bakary Nana Coulibaly, d�mentant ainsi une
opinion g�n�ralement r�pandue selon laquelle la d�cision de ces
firmes serait une aubaine pour les laboratoires pharmaceutiques
africains.

Cette incapacit� s'explique par le fait que l'usine malienne de Produits
Pharmaceutiques "ne dispose pas encore de technologies
appropri�es pour produire des cachets anti-VIH", explique ce
responsable, qui pr�cise que seules quelques d�riv�s de la nivaquine
(chloroquine), du parac�tamol (doliprane), d'aspirine ou
d'antibiotiques sont fabriqu�s par son unit� et �coul�s sur le march�
malien.

Pour la mise au point au Mali de m�dicaments g�n�riques contre le
VIH, "il va falloir un transfert de technologie", affirme-t-il.

Pour le directeur du Centre de Soins, d'Assistance et de Conseils du
Mali (CESAC), le Dr Aliou Sylla, "l'importation, de m�dicaments
g�n�riques contre le Sida doit ob�ir au respect de certaines normes
m�dicales".

Les autorit�s sanitaires doivent faire l'effort de n'importer que des
g�n�riques de meilleure qualit�, acquis � moindre co�t. Cela pour
parer � d'�ventuels cas de r�sistance, explique le Directeur du
CESAC.

Le tri des malades �ligibles aux traitements des antir�troviraux doit
�tre en outre rigoureux, pense le Dr Aliou Sylla, pour qui la mise sur
pied d'un comit� de s�lection de malades susceptibles de suivre le
traitement serait bien indiqu�e.

Ces craintes sont �galement partag�es par le Dr Bassidiki Traor� du
Programme national de Lutte contre le Sida (PNLS) qui estime que
"l'euphorie de l'arriv�e prochaine des g�n�riques ou des
antir�troviraux ne doit pas nous fait perdre de vue l'application de nos
programmes de lutte contre la pand�mie".

L'implication personnelle du chef de l'Etat du Mali, Alpha Oumar
Konar�, dans les activit�s de lutte contre le Sida et la volont� politique
de son gouvernement se sont traduites par plusieurs actions
concr�tes, y compris la mise en place d'une ligne budg�taire d'un
milliard de francs CFA pour la prise en charge des personnes
infect�es ou affect�es par le VIH/SIDA.

A l'instar d'autres pays africains, le Mali, rappelons-t-on, s'est engag�
dans une initiative d'acc�s aux soins et aux traitements, d�nomm�e
"Initiative malienne d'Acc�s aux antir�troviraux".

Dans ce cadre, le pays a conclu, le 7 avril dernier, un accord avec
quatre laboratoires de recherche pharmaceutique, permettant la
fourniture de m�dicaments antir�troviraux � des prix pouvant atteindre
une r�duction de 89 pour cent par rapport aux prix pratiqu�s en
Occident.

Cette r�duction de co�t constitue une aubaine pour les 130.000
personnes infect�es, dont certaines �taient contraintes de d�bourser,
mensuellement, entre 310.000 et 450.000 F CFA.

Avec le concours du Centre de Soins, d'Assistance et de Conseil, une
centaine de malades maliens s'approvisionnaient librement en
m�dicaments antir�troviraux sur le march� occidental.

L'Etat malien, totalement absent du circuit d'approvisionnement des
malades vivant avec le VIH, n'avait alors mis en oeuvre aucune
politique.

La signature de ces accords, ainsi que la mise en place d'un
m�canisme de subvention appropri� de soins, devront permettre au
Gouvernement du Mali de traiter 300 � 400 patients en 2001 et 500 �
600 patients en 2002.

L'espoir suscit� par la baisse du prix des antir�troviraux s'est
cependant vite estomp� chez de nombreux maliens, porteurs du virus.

La pr�sidente de l'Association f�minine d'aide et de soutien aux
veuves et orphelins du Sida (AFAS), Mme A�ssata Sacko, n'est pas
sans amertume.

"Nous avons le sentiment que les autorit�s veulent nous marginaliser
dans le choix des candidats aux traitements. D�s l'annonce de la
baisse du prix des antir�troviraux, beaucoup de malades anonymes
se sont d�clar�s porteurs du virus".

Les propos de Mme Sacko ont �t� confirm�s au Programme national
de lutte contre le Sida o� affluent, de jour en jour, plusieurs malades,
jusque-l� tapis dans l'anonymat.

La pr�sidente de l'AFAS esp�re du gouvernement malien
"l'implication enti�re des associations de personnes atteintes du Sida
dans la gestion et la distribution des antir�troviraux".

Cheick Kalil Tounkara, de l'Association malienne des personnes
vivant avec le VIH (AMPV), est plus critique envers les autorit�s
sanitaires.

"Nous avons toujours esp�r� que les personnes infect�es, qui militent
dans une association, seront prioritaires dans le traitement. Au regard
de la d�marche cavali�re des autorit�s, nous ne pouvons que
d�sesp�rer", s'est-il plaint.

La disponibilit� des antir�troviraux ou de m�dicaments g�n�riques
anti Sida est cependant vu d'un bon oeil par le corps m�dical malien.

Le m�decin g�n�raliste Moctar Kon�, qui exerce dans un Centre de
Sant� communautaire (CSCOM), trouve louable l'initiative du
gouvernement facilitant l'acc�s de m�dicaments aux malades
maliens.

"Il �tait grand temps pour nous autres soignants de disposer de
m�dicaments efficaces pour nos patients", affirme-t-il.

Le Dr Abdoulaye Diallo, qui monnaye parall�lement ses services dans
une clinique priv�e de la capitale, exhorte ses homologues � plus de
diligence afin de mieux appr�hender les nouveaux produits.

"Les antir�troviraux ne doivent pas �tre administr�s � n'importe quel
patient. De s�rieux crit�res m�dicaux et bio cliniques doivent �tre
�tablis avant le d�but d'un traitement. Il va falloir que le personnel
socio-sanitaire s'y mette pour se mettre � niveau", laisse-t-il entendre.

--
Adresse pour les messages destin�s au forum E-MED:
<e-med@usa.healthnet.org>
Pour r�pondre � un message envoyer la r�ponse au forum
ou directement � l'auteur.
Pour toutes autres questions addresser vos messages � :
<owner-e-med@usa.healthnet.org>