Médecine traditionnelle: La Côte d'Ivoire, pionnière en Afrique
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-traditionnelle-la-c-te-d-ivoire-pionni-re-en-afrique.html
[ABIDJAN] Selon le directeur du Programme National de Promotion de la
Médecine Traditionnelle (PNPMT), Kroa Ehoulé, 1421 espèces de plantes
médicinales intervenant dans la médecine traditionnelle et permettant la
prise en charge des patients ont été identifiées à ce jour par les
chercheurs ivoiriens.
Le directeur et coordonnateur du PNPMT précise que cette prouesse est à
porter à l'actif de l'un des plus grands chercheurs sur les plantes en
Afrique de l'Ouest, l'ethnobotaniste Laurent Aké Assi, décédé le 14
janvier 2014 à 82 ans à Abidjan, et du laboratoire de recherche en
médecine traditionnelle, dont les travaux ont permis de mettre en évidence
ces plantes médicinales.
Kroa Ehoulé explique que des médicaments issus de la pharmacopée
traditionnelle ont fait l'objet de validation par des instituts de
recherche au niveau national et international.
"Nous avons des médicaments déjà autorisés et vendus en pharmacie",
souligne-t-il dans une interview à SciDev.Net.
Désormais, les cabinets des tradipraticiens ivoiriens sont suivis et
contrôlés par le programme qu'il dirige.
Selon Kroa Ehoulé, en Côte d'Ivoire, ce sont cinq millions de malades qui
sont suivis et traités par an par les tradipraticiens. "La médecine
traditionnelle ne concurrence pas la médecine conventionnelle. Elle offre,
bien au contraire, des soins et collabore avec la médecine moderne",
tient-il à préciser.
M. Kroa explique en outre que les plantes médicinales sont généralement
utilisées pour le traitement du paludisme, des infections opportunistes
contractées par les personnes vivant avec le VIH/SIDA, du diabète, de
l'hypertension et de la drépanocytose.
Un logiciel pour recenser les tradipraticiens
Par ailleurs, le PNPMT a élaboré et mis en ¦uvre un logiciel d'information
et de gestion des tradipraticiens de santé (TPS), afin d'apporter une
réponse aux problèmes de santé des populations.
Selon Benoît Banga N'Guessan, du laboratoire de physiologie, pharmacologie
et phytothérapie de l'Université d'Abobo-Adjamé, l'un des inventeurs du
TPS, le logiciel a permis de recenser plus de 8500 tradipraticiens de
santé dans 12 régions administratives de la Côte d'Ivoire.
"Le TPS a été adopté comme modèle devant servir à identifier les
tradipraticiens de la sous-région par l'Organisation ouest africaine de la
santé (OOAS)", a-t-il révélé.
Pour le chercheur, l'assurance d'un bon exercice de la médecine
traditionnelle dans le pays nécessite la mise en place d'un cadre
réglementaire et législatif.
"Il doit prendre en compte la réglementation des acteurs de la médecine
traditionnelle, la réglementation de l'exercice de la médecine
traditionnelle et la réglementation des médicaments traditionnels", a-t-il
encore déclaré.
Slaha Clarisse Kayo, présidente de la commission science, recherche,
technologie et environnement de l'Assemblée Nationale de Côte d'Ivoire,
estime pour sa part que le logiciel mis en place par le programme national
de la médecine traditionnelle pour une cartographie de ces praticiens et
la création des pavillons de consultation en médecine dans des hôpitaux
publics va permettre aux députés d'acquérir des connaissances nécessaires
pour voter les lois en faveur de la population.
"Si nous sommes mieux informés, nous pouvons faire des propositions
concrètes et amener nos collègues à adopter des lois concernant la
pratique de la médecine traditionnelle en Côte d'Ivoire", a souligné Mme
Slaha Clarisse Kayo.
Il convient aussi de noter que depuis quelques temps, la médecine
traditionnelle est intégrée dans le système de santé publique ivoirien.
Ainsi, les tradipraticiens travaillent désormais dans les hôpitaux, aux
côtés des médecins conventionnels et prennent ensemble en charge les
malades.
Le premier pavillon a été ouvert il y a un mois, au centre Hospitalier
Universitaire (CHU) de Treichville. Selon le ministère de la Santé et de
la lutte contre le sida, la couverture en établissement de soins modernes
en Côte d'Ivoire, est estimée à un établissement sanitaire de premier
contact pour 12 822 habitants, une maternité pour 14 000 femmes en âge de
procréer, un lit d'hôpital pour 2890 habitants et un médecin pour 9 000
habitants.
Pendant ce temps, le pays compte un tradipraticien de santé pour 200
habitants.