Méningite : un vaccin amélioré bientôt testé dans deux pays d'Afrique
PARIS, 15 mars 2006 (AFP)
Un vaccin amélioré contre les épidémies mortelles de méningite bactérienne
dues à la souche A du méningocoque devrait être bientôt testé en Gambie et
au Mali, et si tout va bien il pourrait être disponible d'ici 4 ans, selon
le responsable du Projet Vaccins Méningite (PVM).
"Les résultats de l'essai de phase I (NDLR tests préliminaires sur 74
volontaires sains Indiens) sont très encourageants et ouvrent la voie aux
études clés en Gambie et au Mali dans le courant de cette année, dès les
autorisations des autorités réglementaires obtenues", a indiqué à l'AFP le
docteur Marc LaForce, directeur du PVM (www.meningvax.org).
"Le prix de la dose sera de l'ordre de 40 cents de dollars et si les études
cliniques continuent de bien se dérouler, ce nouveau vaccin pourrait être
introduit en Afrique d'ici 3 à 4 ans", a-t-il ajouté.
Les tests cliniques en Gambie et au Mali porteront au total sur 600
personnes avec des résultats espérés courant 2007, a précisé à l'AFP le Dr
Marie-Pierre Preziosi de l'Organisation mondiale de la santé (département
vaccins).
Le Projet Vaccins Méningite, créée en 2001, travaille au développement et à
la production de vaccins, en partenariat notamment avec l'OMS.
La technologie du nouveau vaccin, dit "conjugué", a été développée aux
Etats-Unis par un centre de recherche de la Food and Drug Administration.
La production est assurée par le Serum Institute of India, créé en 1967, le
plus gros producteur de vaccins contre la diphtérie, le tétanos et la
coqueluche (DTC).
La souche A de la bactérie est celle qui fait le plus de ravages en Afrique,
a expliqué M. LaForce.
Elle provoque des épidémies explosives, cycliques, principalement dans "la
ceinture de la méningite", une région qui s'étend du Sénégal et de la Gambie
à l'ouest, à l'Éthiopie à l'est, et qui compte 430 millions d'habitants.
Tous les ans, les épidémies y tuent des milliers de personnes.
Le nouveau vaccin, sans danger d'après les tests préliminaires, semble
"beaucoup plus puissant et confère une immunité plus longue" chez les
enfants notamment, comparé au vaccin actuel ("polyosidique"), a relevé le Dr
LaForce.
Il pourrait réduire le portage de la bactérie, et contribuer à créer une
immunité collective s'étendant aux personnes non vaccinées (en bloquant la
transmission de la bactérie).
Dans ce nouveau vaccin, le sucre de l'enveloppe bactérienne est marié
("conjugué"), par liaison chimique, à une protéine-porteuse, l'anatoxine
tétanique utilisée dans le vaccin contre le tétanos. Il en résulte une
stimulation du système des défenses immunitaires plus efficace et qui dure
plus longtemps, a expliqué le Dr Preziosi.
La méningite, infection des enveloppes du cerveau, qui peut engendrer des
séquelles (surdité, retard mental...), frappe surtout les plus jeunes,
enfants et jeunes adultes.