[e-med] Togo Faux médicaments : L'autre trafic qui prend de l'ampleur au Togo avec son lot de victimes

Togo Faux médicaments : L'autre trafic qui prend de l'ampleur au Togo avec son lot de victimes
iciLome | Vendredi, 20 Janvier 2017 14:5 | 4 Commentaires |Imprimer Lu : 2428 fois
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« Les faux médicaments en Afrique et au Togo : Entre Chiffres bruts et réalité complexe ; quelles stratégies de lutte ? ». C’est autour de ce thème que la première rencontre de l’année du Club diplomatique de Lomé (CDL) a tourné ce jeudi à Lomé. Un sujet bien développé par Dr Innocent Koundé Kpeto, Président de l'Ordre des pharmaciens du Togo, en présence du Prof Robert Dussey, ministre togolais des Affaires étrangères et de Lucile Imboua, Représentante résidente de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) au Togo.

L’écoulement des faux médicaments sur les marchés africains est une réalité patente. Les derniers rapports de l’OMS sur le sujet font froid dans le dos. Près de 100.000 décès liés au commerce de médicament contrefaits sont enregistrés chaque année en Afrique. Pourtant ces médicaments ne sont même pas fabriqués en Afrique. Les statistiques révèlent que plus de 70% des médicaments contrefaits proviennent de la Chine et de l’Inde. Mais comment ces médicaments sont-ils importés en Afrique ? Voilà la question qui brûle les lèvres.

Selon les estimations de l’Ordre national des pharmaciens du Togo, 50 à 60% des médicaments vendus au Togo sont des faux. Et en croire Dr Innocent Kpéto, ce commerce serait même plus lucratif que le trafic de drogue.

« Le trafic du médicament est 30 à 40% plus rentable que le trafic de drogue. Les gens veulent vendre du médicament, parce qu’il rapporte de l’argent, oubliant que c’est un produit de santé », a regretté Dr Kpeto.

Les produits les plus concernés par ce trafic sont les antibiotiques, les antipaludéens, les antidouleurs, les vitamines et quelques fois les produits vétérinaires ou encore des produits contre le diabète et le cancer, a-t-il fait savoir.

Pour le docteur, le trafic des faux médicaments est aussi organisé que celui de la drogue. Et il est difficile de mener une lutte efficace contre ces trafiquants et contrefacteurs. Ces derniers arrivent à reproduire des copies conformes des médicaments, si bien que les services douaniers n’arrivent pas détecter les vrais médicaments des faux.

La pauvreté qui gagne les pays africains est aussi un facteur à ne pas négliger sur l’échiquier. Les populations n’ayant pas les moyens pour s’offrir des médicaments hautes gammes vendus dans les pharmacies, courent vers les vendeurs de rue, chez qui les médicaments sont proposés à vil prix.

En tout cas, depuis un certain moment, le gouvernement togolais a décidé de sonner la fin de la récréation. Des décentes inopinés couronnées des saisies se multiplient.

Selon Dr Kpeto, en septembre 2016, 23 tonnes de ces médicaments ont été saisies par les forces de l’ordre togolaises. Juin 2015, 70 tonnes de médicaments contrefaits avaient été incinérées et en juillet de la même année, 480 cartons contenant chacun 72 tubes de pâtes dentifrices ont été saisis.

Faut-il le préciser, à part les opérations régulières de la douane et des forces de l’ordre, le Togo dispose également d’un instrument juridique pour éradiquer ce trafic. Il s’agit notamment du Code de la santé publique, l’Office centrale de répression de trafic illicite de drogue et de blanchiment (OCRTIDB), le nouveau Code pénal, etc.

Pour rallier les populations, les premières victimes, à la lutte, Dr Kpeto mise sur la sensibilisation comme stratégie. Il a proposé d’associer les artistes de la chanson et des stars de football également à la cause.

KG.

Bonjour
Comment se fait l'estimation du taux des faux médicaments dans un pays?
Autrement dit comment l'ordre national des pharmaciens du Togo a trouvé les
taux de 50 à 60% de faux médicaments?
Merci d'avance pour l'éclairage.
Cordialement!

--
Simon KABORE
Directeur Exécutif du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
04 BP: 8038 Ouagadougou 04 Burkina Faso
Tel: bur (226) 50 37 70 16
         Cel: (226) 70 24 44 55
E-mail alternatif: simonkabore@rame-int.org

Bonjour,

Merci Simon pour cette question qui me permet de rebondir sur cet article
d'un journaliste qui rapporte à sa manière cette activité sur le trafic des
médicaments contrefaits, activité qui a eu lieu à Lomé et à laquelle nous
avons participé. Je me suis réjouit de voir que cet évènement par cet
article a été partagé sur notre réseau de professionnel, sauf que, comme en
témoigne la question de Simon, l'article s'est focalisé sur les chiffres
qui d'ailleurs ne sont pas les nôtres. Le titre que j'aurais préféré pour
cet article serait par exemple " Faux Médicaments , une autre approche pour
tenter de faire reculer ce fléau", car il s'agissait de partager avec le
Corps Diplomatique accrédité à Lomé les manifestations de ce trafic
criminel, son ampleur à travers le monde et les raisons de son
amplification malgré quelques approches de lutte.

Nous avons essayé de montrer que la problématique concerne tous les pays,
tous les habitants de la terre quelque soit leurs rang social, avec certes
des facettes différentes. Nous avons ressorti également les faiblesses de
la lutte notamment le manque de coordination des actions tant au niveau des
pays entre les différents organes et administrations, qu'au niveau inter
pays, inter régions et inter-continents, alors même que les contrefacteurs
s'organisent de plus en plus en réseau criminels. Une autre faiblesse,
comme le souligne le rapport de l'IRACM est le manque d'études pour
confirmer et préciser les chiffres brut qui circulent. C'est là où votre
question, Simon, est pertinente et nous la partageons en ces termes :
comment évaluer la prévalence du phénomène des contrefaçons dans les pays,
sans compter les subtilités entre les contrefaçons réelles et les autres
sous standards en circulation sur ces marchés. C'est une des questions qui
restent en suspens et pour laquelle nous avons appelé dans cette
présentation à des travaux de recherche pour mieux analyser et préciser
l'ampleur, ce qui rendrait la lutte plus crédible.

Au delà de tous ces éléments qui ne sont pas nouveaux, l'intérêt de cette
activité initiée par le Ministère des Affaires Étrangères et réunissant les
Représentants des Organisations Internationales, Ambassadeurs et Consuls
accrédités à Lomé, était l'opportunité de faire un plaidoyer pour une
meilleure coopération dans cette lutte qui nous concerne tous.

Cordiales salutations et bonne année à tous.

Innocent Koundé KPETO