Cameroun : des enfants en meilleure santé un an après l’introduction
du vaccin contre le paludisme
22 janvier 2025
Yaoundé – Ndzie Daniela et Ngah Daniel sont des jumeaux et les
premiers enfants à recevoir le vaccin contre le paludisme lors de son
introduction au Cameroun le 22 janvier 2024. A ce jour, ils ont reçu
trois doses de ce vaccin et se portent merveilleusement bien. « Mes
enfants sont en très bonne santé. Depuis qu’ils sont nés, ils n’ont
jamais fait le paludisme. Mieux, je dirai qu’ils ne sont jamais tombés
malades », confie Hélène Akono, la mère des jumeaux. « Je reconnais
quand même qu’ils ont eu quelques bobos à cause de la poussée dentaire
mais rien de méchant. »
Le Cameroun a intégré le vaccin contre le paludisme dans son
calendrier de vaccination de routine sous un protocole en quatre doses
dans 42 districts sanitaires qui ont un fardeau élevé du paludisme. Au
31 décembre 2024, environ 366 000 doses ont été administrées aux
nourrissons.
Le pays a opté pour un suivi régulier et l’adaptation des stratégies
de mobilisation des parents pour une adhésion au vaccin contre le
paludisme. Le Programme Élargi de Vaccination (PEV) avait réalisé en
août une mini-évaluation post-introduction dont les résultats relèvent
que la couverture vaccinale était en deçà des objectifs.
Pour y remédier, le pays a organisé en septembre et en décembre des
campagnes de rattrapage visant à vacciner tous les enfants. Ces
campagnes ont permis d’augmenter la couverture vaccinale des enfants
ayant reçu les trois doses de 25 % en avril 2024 à 40 % en septembre
puis à 48 % en fin décembre. Par ailleurs, la couverture vaccinale
pour la première dose était de 65 % en fin d’année 2024.
« L’amélioration de la couverture, en particulier pour la troisième
dose, témoigne de l’efficacité de la campagne du grand rattrapage
combinée avec d’autres interventions », a déclaré le Dr Njoh Andreas
Ateke, secrétaire permanent adjoint du PEV. Le pays envisage
l’intégration de la vaccination antipaludique dans les futures
campagnes de vaccination et l’utilisation d’activités de vaccination
complémentaires pour optimiser la couverture. « Nous devons maintenir
et améliorer la couverture vaccinale car les avantages pour nos
enfants sont énormes. »
Les premiers constats dans les formations sanitaires montrent une
tendance à la baisse des consultations dues au paludisme chez les
enfants de moins de cinq ans. En 2024, dans les 42 districts impliqués
dans la première phase, les cas de paludisme recensés chez les enfants
de moins de cinq ans étaient de 266 917 contre 333 805 en 2023, soit
une baisse de 66 888 cas.
« Avant l’introduction du vaccin, la situation était préoccupante. Il
ne se passait pas une journée sans que nous ayons des cas d’anémie
sévère causée par le paludisme, une maladie difficile à contrôler »,
explique Rugayatou Sali, infirmière supérieure et vice major au
service de pédiatrie à l’hôpital de district de Soa. « Au cours de
l’année 2024, la situation s’est améliorée chez les enfants de 6 à 18
mois. Mais nous recevons toujours des cas graves de paludisme,
notamment chez les enfants vivants dans les localités non couvertes
par le vaccin contre le paludisme et ceux de la tranche d’âge qui ne
sont pas concernés par la vaccination. »
Pour réduire de façon significative le fardeau du paludisme dans le
pays, la vaccination est complétée par d’autres mesures préventives
telles que la lutte anti larvaire, le traitement préventif et
l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée
d’action.
« Depuis plusieurs mois, je n’ai pas eu de paludisme dans ma maison.
Et ceci fait du bien à mon porte-monnaie. J’en suis très ravie », se
réjouit Hélène. « J’ai hâte d’emmener les jumeaux prendre leur
quatrième dose en juillet prochain. Mais le vaccin lui seul ne suffit.
Nous dormons sous une moustiquaire imprégnée et maintenons notre
environnement propre. »
Au cours de l’année 2024, 13 pays dans la Région africaine ont
introduit le vaccin contre le paludisme en routine. Pour cette
introduction dans les différents pays, l’Organisation mondiale de la
Santé (OMS) et d’autres partenaires ont aidé les autorités sanitaires
nationales à renforcer les principales mesures d’introduction du
vaccin.
L’initiative de l’OMS pour l’Accélération de l’introduction et du
déploiement des vaccins contre le paludisme en Afrique (AMVIRA) a joué
un rôle essentiel en fournissant une plateforme coordonnée pour
appuyer les pays dans cette phase critique d’introduction. Grâce à
l’initiative AMVIRA, l’Organisation a mobilisé des ressources,
renforcé les capacités des systèmes de santé et soutenu la mise à
disposition de millions de doses de vaccins dans ces pays. Au total,
plus de 12 millions de doses de vaccin antipaludique ont été
administrées dans la Région en 2024.
« Cette initiative est un exemple concret de la manière dont l’OMS
s’efforce de concrétiser sa vision d’un monde plus sain où chaque
enfant peut accéder à des interventions de santé qui sauvent des vies
notamment la vaccination », a déclaré le Dr Charles Shey, responsable
de l’unité en charge des maladies évitables par la vaccination au
Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.
À court terme, l’Organisation vise la mise à échelle de la vaccination
contre le paludisme dans les pays déjà engagés et apportera un appui
pour l’introduction du vaccin dans huit nouveaux pays prioritaires,
tout en continuant à suivre de près les données sur l’administration
et la sécurité du vaccin. « Notre ambition est de garantir que ce
vaccin, en complément à des autres interventions de lutte contre le
paludisme, contribue à réduire de 90 % l’incidence et la mortalité
liées au paludisme d’ici à 2030. »
Avant l’introduction du vaccin au Cameroun, un programme pilote, mis
en œuvre au Ghana, au Kenya et au Malawi, a permis de vacciner sur
deux ans plus de deux millions d’enfants contre le paludisme. Ce qui a
entraîné une baisse considérable de 13 % de la mortalité infantile,
toutes causes confondues, ainsi qu’une réduction de 30 % des formes
graves du paludisme et des hospitalisations dans ces trois pays.