Bonjour Carinne,
Je suis heureux de savoir qu'une opportunité d'échange sur les
médicaments se profile à l'horizon 2015. Est-il opportun d'organiser une
grande MESSE sur le médicament? Je dirai sans hésiter que oui. Par an, les
dizaines de conférences scientifiques portant sur la santé traitent de
manière globale la question du médicament. J'adhère donc à l'idée d'une
conférence qui va traiter, dans les détails, le positionnement du
médicament dans le système de santé.
En effet, ce positionnement est devenu de plus en plus complexe, ambiguë,
instable et même dangereux tant les nouveaux intervenants sont devenus
nombreux, les acteurs traditionnels se sont mutés, renouvelés ou se sont
fusionnés souvent dans des collaborations contre nature. On note aussi que
les stratégies de santé publique sont nouvelles ou plus adaptée aux
contextes socio-économiques pour une prise en compte des notions
d¹accessibilité et de disponibilité même si toutes les garanties ne sont
pas obtenues. Au nom de certains principes sacro-saint de la santé
publique, on admet des dérogations et le médicament est détenu et manipulé
par des gens dont la compétence n¹est pas prouvée et dont on n¹est pas sûr
d¹avoir une maitrise sur eux dans les années à venir. Le médicament, bien
précieux pour garantir l'Etat de santé de nos populations, est aussi au
centre de toutes les spéculations financières et bien souvent l'objet de
convoitise de certaines organisations mafieuses. Que devient le patient
dans tout ça?
Bien sûr, ces patients, nos patients ou nous-même en tant que futurs
patients bénéficions de politique de santé qui dit « s'assurer d'une prise
en charge adéquate avec des médicaments de qualité, sûrs, efficaces,
disponibles, adaptés à nos besoins et accessibles ». Or nos systèmes de
santé n'arrivent pas à garantir la moindre traçabilité, la collecte et le
traitement des évènements indésirables, l'accessibilité et la
disponibilité. Ce système est encore plus incertain avec une gouvernance et
une transparence du secteur pharmaceutique qui ne convainquent personne. A
ces éléments s'ajoute la notion de « patients de seconde zone »; ceux à qui
on administre des médicaments de prescription obligatoire sans ordonnance
par la bénédiction de personnel non qualifié.
Chers é-médiens, cela ne veut pas dire qu'il n'y a rien de bons dans le
système d'approvisionnement et de distribution de médicaments. Loin de là,
mais il nous faut discuter sur les vrais problèmes qui font que le patient
qui se retrouve au bout de la chaine n¹arrive pas à avoir à porter de main,
le médicament qu'il lui faut. Dans ce contexte, quelle est la force de nos
systèmes actuels face à des situations de crise socio-sanitaires (cas
actuel de Ebola en Afrique de l'Ouest, des guerres, des famines...)?
Pourquoi nous injectons tant et tant d'argent et la population continue de
payer le prix fort pour avoir son médicament et souvent le médicament de
mauvaise qualité?
Alors je me demande s¹il n¹est pas pertinent de discuter d'un thème
comme: *"COMMENT
METTRE EN OEUVRE NOS PROGRAMMES DE SANTE PUBLIQUE TOUT EN GARANTISSANT UN
ACCES ET UN BON USAGE DU MEDICAMENT?"*
*Dr Arsène OUEDRAOGO*
*NPO/EDM - OMS/Burkina Faso*