[e-med] (2)Décès de Jacques Pinel

Jacques Pinel

Rencontrer Jacques dans un temps où la gestion des crises devait se résoudre avec peu de moyens, c’était partager des idées et chercher des solutions pour améliorer les chaines de prise en charge de l’urgence, dans des lieux où tout était éloigné, difficile d’accès et où pourtant tout devait être construit de façon juste et équitable.

En 1999, MSF a obtenu le prix Nobel de la Paix. Les juges ont choisi MSF en reconnaissance de la vision pionnière en matière d’organisation du travail humanitaire dans plusieurs continents. A cette époque, Jacques en était le pharmacien responsable, et qui peut oublier la décision d’allouer les fonds du Prix Nobel à une nouvelle entité « MSF campagne d’accès aux médicaments», pour encore et toujours faire sorte que l’équité en matière de médicaments devienne une réalité ? Et qui peut oublier que cette vision était aussi la sienne, et qu’il la partageait calmement, malgré le bruit et la fureur soulevés par les batailles contre les brevets ?

Sa vision, il l’a partagée aussi en contribuant à la rédaction de nombreux articles et plus récemment avec ReMeD, au Chapitre 9 « Accès au médicaments essentiels de qualité » de la 6ème édition de l’ouvrage Médecine Tropicale sous la direction du Pr Marc Gentilini. Cela restera à jamais une pierre à l’édifice patiemment construit par Jacques et un chemin pour les générations futures.

Ces dernières années, rencontrer Jacques était toujours un moment d’exception et d’enrichissement, car il y avait toujours un temps où seraient abordés les problèmes d’accès, d’égalité/équité, de qualité (des médocs bien sûr mais aussi de la santé, du droit, de la vie de la cité).

Il est l’inventeur de la pharmacie humanitaire et bien plus.

C’était plus qu’un humanitaire, un humaniste dans toutes les acceptations du terme.

C’était aussi un grand fédérateur autour des nombreux projets qu’il a initiés. Après avoir tant travaillé dans l’urgence, il avait un sens aigu du développement et surtout une vision très juste de ce développement, vision qui va manquer cruellement. Il était en train d’écrire un texte sur ce sujet montrant que l’on demande aux PED des pratiques pour lesquelles ils n’ont pas les moyens de fournir des réponses alors qu’au Nord ces contraintes se règlent au niveau de structures puissantes inter-pays.

Jacques a soutenu ReMeD depuis sa création et était un des plus anciens membres du conseil d’administration de ReMeD depuis sa création.

A ReMeD, sa voix était précieusement écoutée car toujours juste et empreinte de promesses.

Il va cruellement manquer mais nous essaierons de continuer son job.

Dr Madeleine Leloup, Présidente du CA de ReMeD
et le Conseil d’Administration de ReMeD

Réseau Médicaments et développement (ReMeD)
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