[e-med] (2)MedQual: Centre d'information et de ressources pour le bon usage des médicaments

FAUT-IL LAISSER LA LETTRE D’ACTUALITE DU CENTRE MEDQUAL MOURIR

Medqual (comme médecine de qualité) est un centre régional sur le bon usage
des antibiotiques possédant in site Internet, une lettre d’actualité. Je
viens d’apprendre que la pérennité de sa lettre d’actualité est remise en
cause pour des raisons budgétaires.

Que signifie le bon usage que cherche à développer Medqual ?
- D’après l’Organisation mondiale de la santé, le bon usage des médicaments
est obtenu quand les patients reçoivent les traitements appropriés à leurs
besoins médicaux, à des doses qui correspondent à leurs caractéristiques
individuelles, sur une durée adaptée et au moindre coût pour eux et pour la
collectivité (OMS 1988). D’un point de vue de la science une telle attitude
est louable, car elle répond à une véritable demande du terrain de
l’exercice médical, et certains hospitaliers s’y activent, mais qu’en est-il
de ce terrain où chacun l’accommode à sa manière et selon ses intérêts ?

Une publication (Groosens et al, Lancet 2005 ; 365 : 579 – 587) fait état
d’une utilisation d’antibiotiques en ambulatoire dans 26 pays européens et
montre que la France consomme l’équivalent de 33 DDD %0 inhab/ J1, par
rapport aux Pays Bas qui ne consomment que l’équivalent de 11 DDD % 0 inhab/
J. La France consomme trois fois plus d’antibiotiques à titre ambulatoire
que les Pays Bas, bien que les profils des pathologies bactériennes soient
presque identiques entre les deux pays. Par ailleurs, les statistiques de
l’OMS font état de résistances de Neisseria Gonorrhoea à la pénicilline au
cours des gonorrhées de l’ordre de 5 – 98 % et pour le Streptococcus
pneumoniae à la même pénicilline dans les pneumonies et les méningites
bactériennes de l’ordre de 0 – 70 %. Je salue par conséquent l’acharnement
de vos lettres d’actualité MEDQUAL pour promouvoir une antibiothérapie
rationnelle.

Par ailleurs une autre question me vient à l’esprit : Est-ce qu’une lettre
d’actualité envoyée à quelques correspondants médecins, pharmaciens ou
dentistes, dérange vraiment ?
- Si l’on compare ce travail artisanal d’information à celui fait de manière
systématique par l’industrie pharmaceutique, il y a de quoi désespérer de
notre monde qui ne sait jamais tirer de leçons. Les dépenses globales en
médicaments prescrits dans le monde sont de 867 milliards US$. La publicité
sur les médicaments aux USA à la même période a nécessité une dépense de 30
milliards US$ et au Royaume Uni 380 millions de £/an. À la vue de ces
chiffres qui donnent le vertige, nous voyons que le travail fait par tous
les bulletins indépendants en médecine et en pharmacie, par les enseignants
en pharmacologie et les différentes associations, est à l’image du danger
que peut représenter une tricoteuse à domicile sur les ventes de tricots et
de pull-overs de l’industrie mondiale du textile.

Parler d’arrêter le financement de lettres d’actualité indépendantes et
d’associations qui s’activent pour développer le bon usage des antibiotiques
et éviter l’apparition de nouvelles résistances, à un moment où nos
capacités d’innovations dans le domaine se tarissent, est franchement
insensé. Il est temps de soutenir les efforts pour une meilleure régulation
qui se met à l’écoute de tous les partenaires économiques et professionnels,
comme il a été dit par le Président de la république française ces derniers
temps. Les créateurs indépendants sont la contre-mesure indispensable d’un
marché qui devra donner une place à chaque partenaire pour un développement
global et concerté. Je souhaite donc que la place de la lettre d’actualité
MEDQUAL soit respectée au profit de la médecine et des malades.

Abdelkader HELALI
Docteur en médecine
Pharmacologue clinicien
Directeur du Centre National de Phramacovigilance et de Matériovigilance
Alger
pharmacomateriovigilancedz@hotmail.com