A LA UNE
Congo Brazzaville : Allocution du Dr Fatoumata Nafo-Traoré, Représentante de
l'OMS Congo à l'ouverture du 7ème Forum Pharmaceutique International de
Brazzaville
2006-06-03 12:18:52 par Gilles Itoua
http://www.congoplus.info/tout_larticle.php?id_article=288
(La Collecte 02/06/2006)
C'est pour moi un honneur et un réel plaisir de me retrouver parmi vous à
l'occasion de cette cérémonie d'ouverture du 7ème Forum Pharmaceutique
International. Mes premiers mots sont des mots de gratitude à l'endroit des
organisateurs pour le choix du thème de la rencontre : « Le Pharmacien face
aux pathologies émergentes et ré émergentes ».
Merci M. le Premier Ministre d'avoir bien voulu par votre présence,
rehausser l'éclat de cette rencontre qui intervient à un moment où
l'humanité toute entière est confrontée à des crises de toutes natures, mais
particulièrement les crises sanitaires qui constituent de graves hypothèques
pour le développement.
L'occasion est toute indiquée pour des échanges francs et fructueux entre
les différents partenaires ouvrant pour la préservation de la santé, droit
humain fondamental et universel.
Excellence M. le Premier Ministre Mmes et Messieurs
La crise sanitaire mondiale affecte plus particulièrement la région
africaine de l'OMS qui ne représente que 11% de la population mondiale, mais
supporte à elle seule 25% du fardeau de la maladie. Aujourd'hui les pays en
développement font face non seulement aux maladies endémo - épidémiques
mortelles et débilitantes habituelles mais aussi à des pathologies
émergentes et ré émergents souvent très meurtrières telles que le VIH/Sida,
les Fièvres Hémorragiques à Virus Ebola, la grippe aviaire, la pneumonie
atypique . La trypanosomiase humaine Africaine sévit encore comme ici au
Congo, et l'Afrique connaît des flambées de tuberculose en raison du lien
très étroit entre cette maladie et le VIH/SIDA. Le Paludisme n'a pas non
plus régressé.
Avec la mondialisation et le développement des moyens de transport, les
maladies transmissibles passent allègrement d'un pays à l'autre, d'un
continent à un autre faisant fi des frontières administratives. Aucun pays
au monde ne peut s'estimer hors d'atteinte de ces différentes maladies ;
d'où l'application judicieuse de la réglementation sanitaire internationale.
L'instabilité politique, les déplacements de populations, les guerres, la
pauvreté et les importants bouleversements climatiques et écologiques que le
monde connaît, contribuent énormément à l'émergence, au maintien et à la
propagation des maladies transmissibles. Les populations démunies et celles
des zones rurales constituent la cible privilégiée de ces pathologies.
Excellence M. le Premier Ministre Mmes et Messieurs
Malgré l'existence des stratégies appropriées de lutte, les maladies
émergentes et ré émergentes sont une cause fréquente de décès et
d'invalidité dans la région africaine. De ce fait elles constituent une
préoccupation majeure aussi bien pour l'OMS que pour les Etats. Les
dysfonctionnements des systèmes de santé, (malgré les nombreuses décisions
prises et les multiples efforts déployés par les pays individuellement et
collectivement), la pénurie des médicaments, la prolifération d'un marché
illicite de médicaments sans cesse grandissant, la faiblesse de la
réglementation du secteur et le faible taux de couverture sanitaire
contribuent à expliquer le poids important de la morbidité et de la
mortalité.
A cela s'ajoute la faible préparation des Etats à la détection et à la prise
en charge des cas, l'absence de traitement étiologique, la forte
contagiosité de certaines affections et l'inadéquation des mesures
préconisées par rapport aux us et coutumes des populations locales. La
rapidité dans la détection et la réponse aux flambées épidémiques
constituent la pierre angulaire des politiques à mettre en ouvre dans le
cadre du contrôle de la maladie.
La bonne préparation des pays et la riposte adéquate contre les maladies
émergentes et réemergentes sont aussi tributaires du transfert de
technologies qui reste le parent pauvre de la coopération Nord-Sud. Sans de
véritables capacités d'intervention au niveau des pays, nous arriverons
toujours après que le mal ait été fait, en nous contentant de colmater les
brèches ; malheureusement pour les vies humaines on ne peut pas revenir en
arrière.
C'est pourquoi nous devons redoubler de vigilance et définir des politiques
et des programmes pertinents de lutte en s'appuyant sur un partenariat fort
et dynamique et autour de stratégies concertées.
L'un des partenaires privilégiés et naturels du corps médical, dans la lutte
pour la sauvegarde de la vie humaine et dans la dignité, demeure le
Pharmacien car on ne saurait parler de prestations de service efficaces et
efficientes en matière de santé sans la recherche, le développement, la mise
sur le marché à temps opportun et à des coûts accessibles des vaccins et
médicaments appropriés. Le Pharmacien est donc un maillon essentiel et
incontournable dans la chaîne de santé publique.
Hormis ces missions habituelles de préparation de formules pharmaceutiques
et de médicament, des analyses biologiques, du contrôle du médicament, de la
recherche..., le pharmacien dans les pays en développement joue aussi un
rôle important de conseiller, car pour beaucoup de malades, il constitue le
premier recours.
C'est en 1975, face à de graves problèmes de disponibilité, du coût de
qualité et d'utilisation des médicaments en particulier dans les pays en
développement, que l'Assemblée mondiale de la Santé a adopté une résolution
qui fait entrer pour la première fois les notions de « politiques
pharmaceutiques nationales et de médicaments essentiels » dans le
vocabulaire de santé publique internationale.
Face au faible accès de la grande majorité de la population aux spécialités
médicamenteuses, à l'inadéquation du budget alloué à la santé et à la vente
illicite des médicaments « médicaments de rue », le programme de médicaments
essentiels de l'OMS lance des initiatives relatives aux stratégies
d'approvisionnement en médicaments, à la reforme des systèmes de santé et à
la promotion des génériques à moindre coût.
L'action de santé publique ne serait pas complète si les Organisations et
professionnels de la santé ne se souciaient pas de l'équilibre nécessaire
entre propriété intellectuelle et accessibilité des produits de santé.
La déclaration de DOHA sur l'accord sur les ADPIC (Aspects des Droits de
Propriété Intellectuelle qui touche au Commerce) et la santé publique et la
décision du 30 août 2003 sont les résultats tangibles d'une stratégie
soigneusement mise au point par les pays en développement et constituent une
avancée certaine. Mais la vigilance doit rester de rigueur ; d'où la
nécessaire implication des Ministres en charge de la santé dans ces
négociations.
Plaçons les populations au centre de nos préoccupations et conjuguons nos
efforts afin de leur assurer, des prestations de service de qualité qui leur
permettent selon les cas de se prémunir contre la maladie, recouvrer leur
santé et ainsi prolonger la vie.
Je souhaite plein succès aux travaux du 7ème Forum et vous remercie."