Pan Afrique: Les pharmaciens africains en guerre contre les médicaments de
la rue qui tuent
http://fr.allafrica.com/stories/200606051507.html
Gabonews (Libreville)
5 Juin 2006
Publié sur le web le 5 Juin 2006
Brazzaville
L'Inter-syndical des pharmaciens africains (ISPHARMA) a recommandé dimanche
à Brazzaville aux Chefs d'Etat et de gouvernements africains d'assumer
pleinement leur responsabilité de protéger les populations en posant des
actes concrets pour lutter efficacement et durablement contre les produits
pharmaceutiques contrefaits et l'éradication du phénomène des médicaments de
la rue qui constituent une cause de mortalité et de morbidité en Afrique.
L'ISPHARMA a recommandé aux Etats la création des comités nationaux de lutte
contre la vente illicite des médicaments dans tous les pays d'Afrique avec
la mise à leur disposition des moyens pour les rendre fonctionnels.
« L'administration publique perçoit des taxes de la vente illicite des
médicaments au vu et au su de tout le monde », a dénoncé le président de
l'Ordre des pharmaciens congolais et président du Comité d'organisation du
Forum, le Dr Ingani. Selon lui, les pouvoirs publics soutiendraient d'une
manière ou d'une autre le commerce illégal des médicaments de la rue.
« Nous sollicitons immédiatement et sans conditions la destruction pure et
simple de ces médicaments », a-t-il lancé à l'endroit des autorités
gouvernementales congolaises, réclamant l'accès par tous les pharmaciens du
continent aux centrales d'achat.
Par ailleurs, le Dr Hyacinthe Mavie Ingani a annoncé l'arrivée depuis
quelques semaines au large des côtes congolaises, notamment à Pointe-Noire
(capitale économique située au sud) d'un conteneur de 40 pieds chargé de
médicaments de contrebande.
De son côté, le vice-président de REMED (association française de formation
des pharmaciens), le Dr Serge Barbereau a souligné que dans certains pays
africains, les médicaments de la rue coûteraient plus chers que les
génériques vendus dans les officines.
Il a révélé que dans les Pays en voie de développement (PVD), 25% de
médicaments sont contrefaits ou mal faits. « Certains pharmaciens ont un
chiffre d'affaire faible et ont tendance à aller vers le marché illicite
pour survivre », a-t-il dit.
Les populations africaines, notamment celles aux revenus médiocres et vivant
en zones rurales et confrontées à la pauvreté n'accèdent facilement qu'aux
médicaments incontrôlés et mal utilisés, fournis par des réseaux illégaux,
a-t-on appris.
Au Cameroun, a-t-on précisé, la santé représente à elle seule 50% des
dépenses des ménages alors que moins de 10% de camerounais consultent un
médecin.
« La pharmacie africaine est trop dépendante de l'extérieur. Quel avenir
pour la pharmacie africaine si elle ne se donne pas les moyens nécessaires
pour produire ses propres molécules et de les commercialiser ! », s'est
indigné le ministre congolais le ministre Philippe Mvouo des Postes et
télécommunications.