[e-med] (3)Ebola, des centres de soins tenus par les populations locales (Sierra Leone)

Bonjour

Concernant la prise en charge de proximité des cas dans une épidémie extrêmement explosive et particulièrement en milieu urbain, la réponse de Seco Gérard n'est pas une surprise.

Il semble toujours à l'évidence plus simple, plus rapide, plus efficace, plus efficient, de centraliser la prise en charge pour éviter de "multiplier le nombre d'endroits où le matériel doit être amené, le nombre de staff devant être formés, le nombre d'endroits où aller chercher les échantillons labo (et assurer le retour des résultats), le nombre d'endroits où les patients confirmés doivent aller être cherchés..."

Pourtant l'expérience a pu montrer que la centralisation, pour être plus efficace, se limite en réalité aux malades qui accèdent au centre spécialisé, à l'exclusion de ceux qui ne l'atteignent pas, par ignorance, par peur, par manque de moyens de déplacement, ou pour des raisons culturelles qu'il est difficile d'analyser ici. De plus, rassembler les malades, c'est leur faire traverser toute la ville, sur un porte-bagage ou dans un taxi, ou parfois même dans une charrette à bras, et donc majorer le risque de contamination "chemin faisant".

Lors de l'épidémie de choléra qui a frappé plusieurs milliers de malades en quelques mois à Douala en 2004, la stratégie retenue par la division provinciale de la santé, contre l'avis communément partagé, mais rapidement approuvée par le ministère et par tous les partenaires, a été d'ouvrir de petits centres de prise en charge globale, intégrant aux soins d'urgence la visite domiciliaire et du quartier, la désinfection des locaux et des installations sanitaires, l'information et l'éducation de la communauté. Cette stratégie n'a pu être mise en oeuvre qu'avec la participation et l'implication de nombreux partenaires, dont les coopérations bilatérales et les ONG comme MSF. Elle nécessitait un suivi et une supervision rigoureux de toutes les activités de soins des unités décentralisées, un contrôle strict du respect de toutes les procédures, une formation continue au quotidien, un approvisionnement infaillible en tous consommables et médicaments. Elle a permis de lutter efficacement et d'éviter la propagation du vibrion dans une ville de plusieurs millions d'habitants
vivant dans des conditions d'insalubrité majeure. Voir les publications de l'équipe à ce sujet.

Bien sûr un vibrion cholérique n'est pas un virus Ebola mais la leçon est à retenir et il ne faut sûrement pas rejeter a priori l'expérience de la prise en charge communautaire (au sens de "dans le milieu, dans la communauté").

Merci pour le débat constructif

Edouard GUEVART

guevart_edouard@yahoo.fr
Le Confluent
F 12140 ENTRAYGUES SUR TRUYERE
+33 964 110 570 et +33 684 47 21 47

Bonsoir

Bien sûr ma phrase était un peu courte mais j'assume
La mise en place de centres plus simples et plus proches des communautés est
indispensable car:
  Les populations refusent d'aller dans les grands centres et hôpitaux
  Ces populations ont besoin de soin de proximité
  De toutes façons il faut bien que les dispensaires périphériques
fonctionnent
  De toutes façons ces centres de périphérie reçoivent des cas
suspects
  Il est impératif de diagnostiquer et traiter les fièvres d'autres
origines (palu mais aussi IRA et autres viroses)
  Ce sont ces centres qui sont le plus à même de suivre patients et
contacts dans leur communauté.

Ces centres peuvent avoir un visage très varié : une salle d'un dispensaire,
une case du village à part, un local du dispensaire à part etc..
Il faudra trouver les moyens pour que la sécurité soit assurée (mais que se
passe-t-il actuellement dans les dispensaires périphériques?).

Je me range au coté de Edouard "attention au centralisme
(bureaucratique?) écoutons plus les communautés"
Le bilan du travail fait sur choléra peut (doit) servir de base

Très cordialement
Dr JL Rey santé publique

Bonjour,

Ici il s'agit de Sierra Leone,

En ce qui concerne la Guinée notamment Forestière :

Je suis en accord avec le concept des centres de proximité aussi, nous
l'avons vu, pour traiter EBOLA, il faut avant tout que soit assuré les
règles de sécurité , habillage déshabillage, vérification de la bonne
quantité de combinaison de la bonne classe et un superviseur qui peut être
l'infirmier major ou une personne ayant reçue une formation bien spécifique,
ces centre déconcentrés/ doivent être reliés directement par les centre de
soins notamment Macenta en cours et sous le haut patronage du Ministère de
la Santé de Guinée
La Guinée reçoit ( de la France) une aide de 20 millions d'euros, il est
donc plus que judicieux que ces aides puissent à la fois bénéficier au
Centre de soins en ce qui concerne le suivi et la supervision des centre de
soins de proximité communautaire.

Des ONG bien implantées au niveau locale et communautaire peuvent assurer ce
relai indispensable, par contre je récuse les ONG qui ont décidées de
s'implanter avec des "CTE" avec de nombreux lits..

....qu'elles assurent une aide aux petits dispensaires, cela nécessite
alors de mettre une seule personne par village, c'est plus efficace et moins
onéreux qu'une grosse équipe d'astronaute.

Je trouve assez regrettable que l'on veuille "se faire sa carte de visite
avec EBOLA". L'argent est rare qu'il soit alloué de manière rationnelle et
judicieuse. Je le répète, 1 seule personne sur un village , et qui soit en
mesure d'assurer réellement le suivi des procédures, cela veut dire que l'on
peut être infectiologue ou spécialiste en virologie en P3/P4 on est pas
forcément préparer hormis les deux jours à Bruxelles) à travailler dans
des conditions précaires ou chaque geste doit être motivé.
  
Très cordialement
José Manuel BOUDEY