Bonjour
Concernant la prise en charge de proximité des cas dans une épidémie extrêmement explosive et particulièrement en milieu urbain, la réponse de Seco Gérard n'est pas une surprise.
Il semble toujours à l'évidence plus simple, plus rapide, plus efficace, plus efficient, de centraliser la prise en charge pour éviter de "multiplier le nombre d'endroits où le matériel doit être amené, le nombre de staff devant être formés, le nombre d'endroits où aller chercher les échantillons labo (et assurer le retour des résultats), le nombre d'endroits où les patients confirmés doivent aller être cherchés..."
Pourtant l'expérience a pu montrer que la centralisation, pour être plus efficace, se limite en réalité aux malades qui accèdent au centre spécialisé, à l'exclusion de ceux qui ne l'atteignent pas, par ignorance, par peur, par manque de moyens de déplacement, ou pour des raisons culturelles qu'il est difficile d'analyser ici. De plus, rassembler les malades, c'est leur faire traverser toute la ville, sur un porte-bagage ou dans un taxi, ou parfois même dans une charrette à bras, et donc majorer le risque de contamination "chemin faisant".
Lors de l'épidémie de choléra qui a frappé plusieurs milliers de malades en quelques mois à Douala en 2004, la stratégie retenue par la division provinciale de la santé, contre l'avis communément partagé, mais rapidement approuvée par le ministère et par tous les partenaires, a été d'ouvrir de petits centres de prise en charge globale, intégrant aux soins d'urgence la visite domiciliaire et du quartier, la désinfection des locaux et des installations sanitaires, l'information et l'éducation de la communauté. Cette stratégie n'a pu être mise en oeuvre qu'avec la participation et l'implication de nombreux partenaires, dont les coopérations bilatérales et les ONG comme MSF. Elle nécessitait un suivi et une supervision rigoureux de toutes les activités de soins des unités décentralisées, un contrôle strict du respect de toutes les procédures, une formation continue au quotidien, un approvisionnement infaillible en tous consommables et médicaments. Elle a permis de lutter efficacement et d'éviter la propagation du vibrion dans une ville de plusieurs millions d'habitants
vivant dans des conditions d'insalubrité majeure. Voir les publications de l'équipe à ce sujet.
Bien sûr un vibrion cholérique n'est pas un virus Ebola mais la leçon est à retenir et il ne faut sûrement pas rejeter a priori l'expérience de la prise en charge communautaire (au sens de "dans le milieu, dans la communauté").
Merci pour le débat constructif
Edouard GUEVART
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