[e-med] (16)Lenteur et dispersion de la réponse internationale à l'épidémie d'Ebola : un risque de double échec (MSF)

Réponse à Serge et les autres collègues,
Je rentre de Guinée, alors oui je peux apporter ma voix au concert de critiques et de caricatures qui ne font pas beaucoup avancer les choses ! ... Mais quand même la réalité est beaucoup plus complexe que ce que je peux en lire. Et je souhaite apporter quelques rectificatifs :
« La PCG Non seulement elle est court circuitée mais en plus elle ne reçoit pas les informations ». Mais pas du tout ! la coordination nationale contre Ebola a une « Unité Nationale Logistique » qui est dirigée par le Directeur Général de la PCG et qui est physiquement basée à la PCG. Ils ont un « logiciel Ebola » qui enregistre tous les intrants fournis au gouvernement dans le cadre de la lutte contre Ebola (produits santé et non santé). Il est vrai que certains partenaires impliqués dans ce processus ont une forte tendance à la rétention d'information et à mettre en place un système logistique totalement parallèle à celui du système national. Mais d'autres aident aussi le Directeur à centraliser les informations, à faire travailler ensemble les partenaires et à prévoir rapidement les formations indispensables pour renforcer la gestion et distribution de ces intrants. L'Unité a mis au point une liste d'intrants de santé prioritaires avec les spécifications, et en suit les stocks (reçu ce matin la situation du 10 décembre)... par contre il y a peu de visibilité sur les « donations » en cours et les intrants à recevoir et cela est très inquiétant et annonciateur de ruptures à venir. Là encore on gagnerait à impliquer davantage la PCG dans la gestion des approvisionnements (elle calcule et anticipe les besoins).

Bien sur, on peut critiquer la coordination insuffisante, l'affichage des bannières et surtout le manque d'investissement dans les systèmes nationaux. Cependant, face à l'urgence de l'extension de l'épidémie, le système national n'était pas suffisamment opérationnel et pour les malades il est sans doute utile que des centres de traitement aient été rapidement mis en place et que des moyens aient été fournis de l'extérieur avec tous les inconvénients habituels. Mais ce n'est pas fini, et il n'est certainement pas trop tard pour MIEUX travailler ENSEMBLE - malgré les bannières- avec et sous la coordination NATIONALE/

Pour la PCG : il faut poursuivre un plaidoyer pour couvrir des couts de fonctionnement de l'unité logistique. La plupart ignore que la PCG est autonome, doit financer ses couts d'exploitation et de personnel, ne reçoit pas de subsides de l'Etat et a perdu près de 30% de son chiffre d'affaire à cause de l'épidémie Ebola. Moins de 1% des montants des intrants fournis pour Ebola suffirait à recapitaliser la structure pour qu'elle puisse poursuivre son activité d'approvisionnement en médicaments essentiels et soit capable d'intégrer aussi la réponse à Ebola dans les temps à venir de post urgence.....

Enfin, un peu d'histoire Serge, (car j'y étais aussi !) : « la cellule de médicaments essentiels » avait été mise en place de manière transitoire à la Pharmaguinée (ancêtre de la PCG) pour le lancement de l'initiative de Bamako Projet PEV/SSP/ME (en 1988/90) qui a bien marché en Guinée... le « transitoire »-le temps de restructurer la PCG - a duré plus de 20 ans du fait de quelques responsables très intéressés et non des partenaires !! mais c'est de l'histoire ancienne...

Caroline DAMOUR
UNICEF WCARO

Bonjour,

Et si l'UNICEF et autres PTFs commençaient par utiliser pleinement la PCG au lieu de leur centrale d'achat en ne lui laissant parfois que les miettes de la distribution sur laquelle elle ne pas faire de marge, pour couvrir ses couts! Et ce n'est pas peu d'avoir rédigé avec Alain Guy et d'autres auditeurs, un rapport d'audit de systèmes de la PCG pour l'EU, avec une analyse des forces, faiblesses et risques, présenté en décembre 2013, au gouvernement et à l'ensemble de la communauté, et disponible à la DEVCO et PCG. N'en déplaise, les PTFs n'ont pas joué le jeu, l'approvisionnement c'est le coeur de métier d'une centrale d'achat, tout le reste est ingérence et hypocrisie.

Dr jean Philippe SAC-EPEE

OUI
Voila le vrai combat à mener impliquer plus les structures existantes et
renforcer le système de santé du pays
Et, combattre tous les systèmes parallèles!

Tout le reste (retard à la réaction, critiques de tel ou tel) est un
discours démagogue et inutile.

Dr JL Rey santé publique

(chers e-médiens, merci pour vos contributions, nous allons essayer de faire une synthèse de ces débats et nous vous la soumettrons. Vous pouvez continuer à apporter des informations du terrain ou des points de vue. CB)

Bonjour Jean-Loup,

Je pense qu'à peu près tout le monde fait effectivement le constat de la nécessité de renforcer les structures publiques.

Maintenant, je pense qu'il est valable d'enregistrer toutes les critiques. Quand un système est destructuré, forcément les critiques sont multiformes, chaque acteur aura sa propre vision et son idée sur les réformes à mener.

Le coordinateur UE pour la Guinée a parlé de démarche holistique, mais combien d'acteurs ont justement une vision holistique.

Renforcer un système publique, pose également la question de la gouvernance et de ses faiblesses. Respecter la souveraineté de la Guinée, c'est également demander à l'état guinéen d'assumer la responsabilité de la gouvernance et des actions menées sur son territoire. Cela passe par entendre toutes les critiques, pouvoir les prioritiser, comprendre les liens entre ces critiques et les systèmes actuels, faire preuve de transparence entre les constats et les actions à mener, et agir pour résoudre les problèmes.

Les acteurs étrangers ne peuvent pas renforcer le système public guinéen sans que le principal intéressé, à savoir l'état guinéen, en soit le maître d'oeuvre. C'est le pivot.

La faiblesse de toutes les structures d'appui étrangères (organisations onusiennes, grandes ou petites ONG, bailleurs, etc....) quand à leurs propres stratégies, ne facilite certainement pas le bon fonctionnement des structures publiques d'état comme la Guinée, mais la pièce centrale est et je dirais doit être l'état de Guinée, c'est un principe de souveraineté.

C'est à l'état de Guinée de faire les bons diagnostics sur la base de toutes les critiques qui fusent, il faut les entendre.

Si l'idée retenue est de renforcer les structures publiques sans remise en cause de certaines pratiques de l'état guinéen ou des acteurs étrangers, on ne résoudra pas en profondeur les problèmes. De ce point de vue, je trouve que toutes les critiques sont à étudier.

L'UNICEF fait des critiques, d'autres critiquent l'UNICEF. MSF dénonce des faits, certains critiquent MSF. Idem pour l'état guinéen, l'OMS AFRO, etc... Une personne de l'AFD a écrit un message sur ce forum avec des questions sur l'exécution des budgets de santé, y a t-il des réponses ? Pourquoi ne pas tout prendre en compte, il doit certainement y avoir une part de vérité dans les différentes critiques posées.

Si la plupart des acteurs ont une vision partielle des choses, on pourrait cependant dire que l'ensemble des critiques commence à constituer quelque chose d'assez global et plutôt proche de la vérité (merci à e-med et d'autres forums pour libérer la parole). Et si chacun faisait des efforts en écoutant les critiques des autres d'une part, et en demandant ensuite si les corrections faites (en admettant que chacun y mette du sien) ont permis de corriger les problèmes.

Si on revient à la notion holistique, on doit prendre les choses comme faisant partie d'un tout.
Prendre uniquement certains aspects, ce n'est plus se placer dans une démarche holistique avec le risque de retomber dans les mêmes travers.

Si chaque acteur pense que le pb ce n'est pas lui mais les autres, le coordinateur UE de Guinée pourra revenir dans 2 ou 3 ans et refaire le même discours.

PS : Une personne du forum e-med a t-elle le compte rendu des états généraux de la santé de Guinée qui se sont tenus en juin dernier ? Sur internet j'ai vu de nombreux liens annonçant la tenue de ces états généraux, mais n'ai pas trouvé le compte rendu.

Bonne journée,
Bertrand Livinec

Chers Amis, Chers Toutes et Tous,

A toutes et tous, je vous souhaite une excellente nouvelle année 2015, que
cette année soit consacrée à la nouvelle santé publique à laquelle chacun
d’entre nous aspirons.

Une santé publique tournée vers l’homme et dans le cadre de son
environnement dont il est le gardien et le passeur pour les générations
futures.

Une santé publique qui saura dépasser ses clivages et évitera de sombrer
dans la routine, une santé publique ou l’on mettra au cœur de toutes
choses, non pas l’homme en son centre, dont le soleil tournerait autour
de lui –seul , mais tout doit être pris en compte, de l’infiniment grand à
l’intimement petit ; hommes, faunes, flores, bactéries , virus sont à la
fois des éléments constitutifs de notre environnement, nous devons vivre
avec eux et savoir que tout ce qui perturbe l’être humain dans sa vie et
son habitat perturbent l’équilibre si fragile de nos écosystèmes extérieurs
et intérieurs.

Car bien que nous en soyons qu’au prémisse de la compréhension des
interactions symbiotiques l’’homme n’est pas un et indivisible, il est le
produit d’un ensemble d’atomes, de carbone et d’eau et en lui , des millions
de bactéries qui à la moindre perturbation peuvent rompre une chaîne de
cohérence qui viendra le conforter ou le déliter.

La médecine mécanistique est vouée à disparaître au profit d’une
médecine holistique, l’Afrique, face à ses maux est face à de nouveaux
défis , ceux de faire émerger une nouvelle médecine mondiale , pour cela
est saura utiliser les outils technologiques innovants mais en tenant
compte de la globalité de l’être humain, apparaitra alors une médecine
altruiste.

J’ai l’intime conviction que l’Afrique doit se lancer des défis , l’un
d’entre eux sera de mettre en œuvre des Facultés Africaines de Médecine
Holistique qui tiendront compte des connaissances traditionnelles et
des connaissances nouvelles, une Afrique sera la première à se préoccuper
des sa biodiversité et de se battre pour que ses principes actifs restent
sa propriété plus qu’intellectuelle mais mondiale.

Je formule le souhait que l’OMS applique cette fois ci avec ceux qui
financent des principes déterminants pour les aspects sociaux de la santé
environnementale, non pas seulement avec les systèmes centraux, mais aussi
avec les communautés autochtones dont les derniers esprits disparaissent
sans laisser de trace puisque qu’elle est oral et que tous se détournèrent
de cette connaissance.

C’est pourquoi, Amis Africains, ne reléguez pas les autochtones de la
forêt, aux extrémités des villages, bien au contraire peuples des villes,
de villages et des forêts, il vous reste peu de temps.

Quant à vos maux, stratégies verticales ou inclusives, tout cela est à
repenser, voire détruire pour bâtir un système qui vous ressemble, un
système qui ne ressemblera à aucun autre, un système dont nous tous
viendront observer tant nous serons étonnés. Vous êtes notre avenir,
notre espérance, ne la gâchez pas par l’appât du gain, vous êtes les
hommes noirs qui feront pâlir nos médecins conquérants , vous êtes
plus que des hommes, vous avez la terre entre vos mains..

Bonne année et qu’Ebola soit vaincu sinon endormi ou atténué mais pas
seulement Ebola vous le savez.

José Manuel BOUDEY
    Santé Publique