Réponse à Serge et les autres collègues,
Je rentre de Guinée, alors oui je peux apporter ma voix au concert de critiques et de caricatures qui ne font pas beaucoup avancer les choses ! ... Mais quand même la réalité est beaucoup plus complexe que ce que je peux en lire. Et je souhaite apporter quelques rectificatifs :
« La PCG Non seulement elle est court circuitée mais en plus elle ne reçoit pas les informations ». Mais pas du tout ! la coordination nationale contre Ebola a une « Unité Nationale Logistique » qui est dirigée par le Directeur Général de la PCG et qui est physiquement basée à la PCG. Ils ont un « logiciel Ebola » qui enregistre tous les intrants fournis au gouvernement dans le cadre de la lutte contre Ebola (produits santé et non santé). Il est vrai que certains partenaires impliqués dans ce processus ont une forte tendance à la rétention d'information et à mettre en place un système logistique totalement parallèle à celui du système national. Mais d'autres aident aussi le Directeur à centraliser les informations, à faire travailler ensemble les partenaires et à prévoir rapidement les formations indispensables pour renforcer la gestion et distribution de ces intrants. L'Unité a mis au point une liste d'intrants de santé prioritaires avec les spécifications, et en suit les stocks (reçu ce matin la situation du 10 décembre)... par contre il y a peu de visibilité sur les « donations » en cours et les intrants à recevoir et cela est très inquiétant et annonciateur de ruptures à venir. Là encore on gagnerait à impliquer davantage la PCG dans la gestion des approvisionnements (elle calcule et anticipe les besoins).
Bien sur, on peut critiquer la coordination insuffisante, l'affichage des bannières et surtout le manque d'investissement dans les systèmes nationaux. Cependant, face à l'urgence de l'extension de l'épidémie, le système national n'était pas suffisamment opérationnel et pour les malades il est sans doute utile que des centres de traitement aient été rapidement mis en place et que des moyens aient été fournis de l'extérieur avec tous les inconvénients habituels. Mais ce n'est pas fini, et il n'est certainement pas trop tard pour MIEUX travailler ENSEMBLE - malgré les bannières- avec et sous la coordination NATIONALE/
Pour la PCG : il faut poursuivre un plaidoyer pour couvrir des couts de fonctionnement de l'unité logistique. La plupart ignore que la PCG est autonome, doit financer ses couts d'exploitation et de personnel, ne reçoit pas de subsides de l'Etat et a perdu près de 30% de son chiffre d'affaire à cause de l'épidémie Ebola. Moins de 1% des montants des intrants fournis pour Ebola suffirait à recapitaliser la structure pour qu'elle puisse poursuivre son activité d'approvisionnement en médicaments essentiels et soit capable d'intégrer aussi la réponse à Ebola dans les temps à venir de post urgence.....
Enfin, un peu d'histoire Serge, (car j'y étais aussi !) : « la cellule de médicaments essentiels » avait été mise en place de manière transitoire à la Pharmaguinée (ancêtre de la PCG) pour le lancement de l'initiative de Bamako Projet PEV/SSP/ME (en 1988/90) qui a bien marché en Guinée... le « transitoire »-le temps de restructurer la PCG - a duré plus de 20 ans du fait de quelques responsables très intéressés et non des partenaires !! mais c'est de l'histoire ancienne...
Caroline DAMOUR
UNICEF WCARO