[e-med] (6) Epidémie d'Ebola : le Fonds mondial s'engage à répondre rapidement à toute demande du Libéria , de Sierra Leone ou de Guinée

Bonjour,

Considérant qu'il est négatif d'avoir des acteurs comme le fonds mondial en
Afrique, parce qu'ils ne permettent pas de consolider la santé
publique, je ne vois pas quelles propositions faire à moins comme je
l'ai dit de le dissoudre dans les systèmes nationaux existants.

Il y a trop d'organisations de santé en Afrique. Ceci participe comme je l'ai
dit à la fragmentation, donc il faut réduire le nombre de grands
acteurs. On peut également s'interroger sur le rôle de l'UNICEF
dans la santé, est ce que c'est utile d'avoir plusieurs
organisations onusiennes dans la santé au risque qu'elles
soient en concurrence entre elles sur certains sujets ?

Il vaudrait mieux refinancer correctement l'OMS avec uniquement de l'argent
public, limiter les PPP et se focaliser sur les priorités de santé
des pays africains, sans se soucier des intérêts particuliers des
uns et des autres.

Il faut en Afrique des systèmes publiques forts, et pas des systèmes publiques
faibles avec des groupes étrangers forts qui tirent à hue et à
dia selon leurs intérêts spécifiques.

Vu tout l'argent dépensé via le fonds mondial, les résultats sont tout
sauf impressionnants. Donc, il faut savoir en tirer les leçons et
restructurer sans états d'âme.

Des organisations comme le FM font de la géopolitique de la santé en
haut et du technique en bas, avec beaucoup d'administratif au milieu.
Je ne vois pas l'intérêt ni sur les stratégies de santé ni sur le
plan opérationnel.

Le FM verrait clairement lui même que s'il adoptait une vision holistique,
sa stratégie actuelle serait évidemment caduque, raison pour
laquelle ils n'élargissent pas leur vision.

Les systèmes de santé sont d'une très grande opacité en Afrique Sub-Saharienne.
Déjà sur les systèmes épidémiologiques, on ne met pas clairement
sur la table quelles sont les priorités de santé pays par pays, les
fonds mis sur chaque maladie et leur justification en termes de santé
publique. Il y a des chiffres dans tous les sens, souvent
discordants, des programmes tous azimuts, un vrai régal pour les
néo-libéraux qui rêvent d'une santé privatisée en Afrique avec
des acteurs publiques très faibles.

Il faudrait déjà stopper cette fragmentation et donc réduire le nombre
d'acteurs, simplifier les choses et expliquer clairement pays par
pays quelles sont les priorités et quels sont les programmes qui les
adressent d'une manière transparente et éthique. C'est très simple
à faire, ce qui l'empêche ce sont notamment les lobbys industriels
au nord et les systèmes à caractère oligarchique au sud.

Comment voulez vous développer une industrie africaine pharmaceutique quand
les décisions sont prises en dehors du continent avec un manque
d'étanchéité évident entre pouvoirs de décision et industrie. La
santé est le premier business mondial, et il y a beaucoup de
corruption ou de consanguinuité entre tous les pouvoirs (industrie ­
politiques ­ responsables de la santé).

Conclusion :
plus on avance, et moins les africains prennent les décisions pour
leur santé. Il faut supprimer plusieurs organisations
internationales qui font de la tutelle verticale, engluent les pays
africains dans de l'administratif outrancier, ouvrent grand la santé
au secteur privé, et rendent les stratégies de santé illisibles.
Et également mettre devant leurs responsabilités les dirigeants de
chaque pays, les statistiques de santé sont le résultat de leur
action ou inaction.

J'espère avoir été concret et constructif dans mes propositions
préliminaires. Une fois le paysage de la santé simplifié, je
pourrais faire d'autres propositions détaillées.

Bonne journée,
BL

Bonjour à tous,

Et si l'aide internationale constituait un fond destiné à créer une CMU pour
les plus pauvres ?

Serge Barbereau

Bonjour à tous,

Dans l'esprit d'un article qu'avait écrit Dominique Kérouedan récemment à propos d'Ebola, je suggèrerais que cette aide permette d'abord de remettre en marche les services de santé de base (les ressources humaines nécessaires, formation initiale, formation continue, et salaires, les équipements et leur maintenance, les médicaments) afin de permettre un accès équitable des populations aux soins courants et à la prévention (PMI, EPS etc). Les remettre en marche, et les accompagner, bien entendu, en rapport avec les autorités, mais sous une forme contractuelle rigoureuse, et en prévoyant du long terme, et non pas un "programme en 3 ans"...vite fait, mal fait. Pour moi l'exemple des CESCOM Maliens, et des Médecins de Campagne qui les animent, reste un exemple phare.
Bien sûr, l'existence d'un système mutualiste me paraît aller de pair avec cette dynamique, et dans ce cadre, l'idée du financement d'une CMU est parfaitement cohérente !

henri dubois, ASPROCOP et SFSP
blairosupr@aol.com

Bonsoir,

Je crois que la preuve est faite que les aides verticales ne sont pas efficaces pour la santé globale des populations (elles le sont en partie pour les malades directement concernés par l'aide) et qu'il est contre productif de s'intéresser à une, deux ou trois maladies.
Comme Henri je pense que les exemples maliens sont à étudier attentivement.
Le FM avait pour principe de ne pas intervenir dans la politique des pays mais quand les sommes allouées à ces 3 maladies approchent le montant du budget national de la santé on détruit le système.
Il est réellement nécessaire de revoir les principes du FM et ses stratégies; est ce possible?

JL Rey santé publique