[e-med] (6)Lenteur et dispersion de la réponse internationale à l'épidémie d'Ebola : un risque de double échec (MSF)

(Merci à Bénédicte Brusset pour les éléments qu’elle a apporté dans le débat.
Suite à l'info relayée par Jose Boudey en message 2 de cet echange, vous trouverez ci-dessous l'explication fournie par la presse locale.CB)

Ebola en Guinée : Pourquoi construire des centres de traitement dans les
centres Urbains
?http://www.africaguinee.com/articles/2014/12/08/ebola-en-guinee-pourquoi-c
onstruire-des-centres-de-traitement-dans-les-centres

CONAKRY-Pourquoi construit-on des centres de traitement Ebola (CTE) dans
les grandes agglomérations ? Après l'incident survenu la semaine dernière
à Yimbaya où des populations se sont opposées à l'érection d¹un CTE dans
leur quartier, Médecins Sans Frontières (MSF) a apporté quelques
précisions sur ces émeutes, a appris Africaguinee.com.

Interrogé par notre rédaction, le responsable de communication de cette
organisation humanitaire qui oeuvre dans la lutte contre Ebola en Guinée, a
indiqué que MSF prévoyait une réunion de sensibilisation ce jour. Selon
Gabriel Cacini il y a eu un malentendu au niveau de la communication.

Avec la réaction hostile des populations, à ce projet, le responsable de
communication de MSF souligne qu'ils se sont rendu compte que la
sensibilisation qui a été faite auparavant n'a pas été suffisante.
" Le Gouvernement nous propose des endroits pour construire (des centres
de traitement Ebola). Normalement, ce sont les autorités locales notamment
les maires qui s¹occupent de la sensibilisation. Là, ils avaient dit
qu"ils avaient sensibilisé mais apparemment, ils n"avaient pas parlé avec
tout le monde parce qu"il y avait beaucoup de gens qui n¹étaient pas
d"accords", laisse entendre Gabriel Cacini.

Contrairement à certaines informations attribuant le financement du projet
à l"ambassade des USA, Gabriel Cacini précise que le financement du CTE de
Yimbaya va s"effectuer en deux phases. La première phase, dit-il, c"est le
programme alimentaire mondial (PAM) qui va s"occuper de la préparation du
terrain. Après cette préparation du terrain, MSF avec ses propres fonds
privés va construire le centre de traitement. Toutefois, il y a un
préalable à tout cela. "il faut discuter avec les populations pour voir
la possibilité", soutient-il.

"On ne construira jamais un centre de traitement Ebola sans le
consentement des populations. C"est extrêmement important de faire
comprendre la population et d¹avoir son acceptation. S"il n"y a pas
l"acceptation de la population, on ne va pas construire le centre, c"est
clair", précise notre interlocuteur.

Pourquoi construire des centres de traitements Ebola dans les centres
urbains ?

"C"est pour faciliter l"accès à la population. Parce que c"est très
important, pour avoir des possibilités de guérir d¹Ebola, d¹arriver très
rapidement au centre de traitement. Dès que la personne commence à avoir
des symptômes, elle doit se rendre immédiatement au centre de traitement.
Comme ça, il y a plus de chance de guérir. Parce que quand quelque"un
arrive au centre dans des conditions de la maladie avancée, c"est un peu
difficile de le sauver. Aussi au centre des villes, il y a plus de
transparence. Tout le monde voit ce qui se passe dans le centre de
traitement. Tout le monde peut se rendre compte de la réalité du centre.
De cette façon, les rumeurs vont disparaître", explique Gabriel Cacini.

Jeudi dernier, une réunion d"information en vue de l"érection d"un 2ème
centre de traitement d¹Ebola à Conakry, a tourné au vinaigre dans le
quartier de Yimbaya, au nord de Conakry, dans la commune de Matoto. Des
jeunes très en colères ont saccagé les installations où plusieurs
officiels et des membres de Médecins sans frontières devaient prendre
place. La tournure troublante des choses a occasionné l"annulation pure et
simple de l"évènement.

Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tel: (00224) 655 31 11 12

Pour comprendre, il faut se placer du coté de la population. Dans un
quartier comme Matoto, la population réclame l'eau et l'électricité depuis
des mois (ou des années ?? ).
Alors un centre de traitement dans le quartier c'est vécu comme "amener
Ebola dans le quartier".
Déja quand le centre de traitement a été installé dans l'hôpital Donka n'a
t-on pas constaté une réticence à "aller à l'hôpital" ? C'était une première
alerte sur la compréhension des populations.
Alors effectivement les messages de prévention sont primordiaux. Seuls, les
chefs de quartiers, les chefs de village ont la capacité d'être écouté.
Certainement pas, ni le Ministère, ni les "blancs" c'est à dire tout ce qui
est international.

Serge Barbereau

Bonjour à tous,

Tu as raison Serge, ces organisations dinausoriennes, et la nouvelle génération qui sait tout, a tout vu sans jamais aller sur le terrain au sens que nous le vivons, sont la pire catastrophe humanitaire de la Région Afrique. Quand vont elles disparaitre et cesser de détourner les financements du renforcement de capacités nationales?

Jean-Philippe Sac-Epee

Cher Serge et chers tous,
En effet, j'adhère !
Information communautaire préalable par les leaders naturels qu'ils soient
des chefs de quartier ou de village parfois corrompus et payés sous le
manteau, un leader naturel c'est une personne dont on a confiance qu'elle
soit griot ou rappeur ou infirmier ou la femme que l'on écoute

Mettre un centre EBOLA dans un stade de foot est une hérésie , c'est comme
vouloir mettre un centre dans un cimetière parce qu'il y a de la place.
Croire que le centre urbain sera transparent c'est aussi une hérésie ,
croyez vous que l'on s'y presse pour toucher le problème !

En revanche ce qui est certain c'est que désormais il faut qu'une
coordination unique des ONG doit être mise en place réunit sous une bannière
neutre qui parle aux peuples , plus de logo plus de "sigles ostentatoires de
la bienfaisance des blancs". Toutes les ONG doivent faire disparaitre leur
logo sur leur plastron et cela sous un brassard local unique intitulé par
exemple "STOP EBOLA" avec sur le brassard juste la carte en couleurs du
pays distinguant ses régions et c'est tout . Cela va sans dire avec les
protections ad hoc.

De plus la Sierra Leone est confrontée à un accroissement de ses
contaminations. Via les pleureuses lors des rites funéraires ,c'est avec
elle, les FEMMES qu'il faut sensibiliser en petit groupe de parole.
MFS doit se doter d'unités transversales pour Être efficace.
utiliser le système utilisé par le Nigeria avec ses 800 personnes qui traces
les personnes par un décret d'état et dispose de téléphone et de E health

"Rien de tout cela n’aurait été possible sans la coopération entre les
autorités fédérales et celles de l’Etat de Lagos, l’appui de la Fondation
Gates à un centre médical bien équipé, et d’énormes bonnes volontés. Mais
les « contact tracers » ont aussi bénéficié d’un coup de pouce, celui d’une
application, « eHealth, développée par la filiale locale de la société
américaine eHealth and Information Systems ». Grâce à cette application de
santé publique, une partie d’entre eux ont été équipés (gratuitement) d’un
téléphone ou d’une tablette pour faire remonter les résultats de leurs
enquêtes au jour le jour"

Il faut cependant dire que le taux de létalité au Nigeria est moindre qu'en
Guinée en raison de la virulence de la souche virale .

Quant à la SIERRA LEONE c'est UNE COURSE CONTRE LA MORT et LA MONTRE
Le nombre de cas d'Ebola en Sierra Leone s’élèvent actuellement à 7798 en
date du 6 décembre, et dépassant déjà son voisin d'Afrique de l'Ouest le
Liberia où l'épidémie se stabilise.

Ajouté au 163 cas confirmés d'Ebola en Sierra Leone, probables ou soupçonnés
du 3 décembre au 6 décembre, l’OMS a déclaré dans un rapport hier que La
capitale, Freetown, est parmi les zones les plus touchées, et l'épidémie et
la situation s’aggrave dans le pays même si elle ralentit ailleurs. Liberia
avait 7719 cas et 3177 décès en date du 3décembre, (récentes données
disponibles, a déclaré l'OMS).

De nouveaux centres de traitement sont ouverts par le gouvernement et des
organisations comme MSF pour faire face à la flambée des infections en
Sierra Leone. Brima Kargbo, directeur médical du pays, a déclaré dans une
interview ce mois-ci que Les Rites funéraires dans lesquelles font que les
pleureuses touchent cadavres contagieux continuent de contribuer à la
propagation du virus Ebola,

La propagation de la maladie en Sierra Leone nécessite pour l'Organisation
des Nations Unies de but de traiter 70 % des cas d'Ebola en Afrique de
l'Ouest.

Bruce Aylward, Sous-Directeur général de l'OMS en charge de la réponse
Ebola, a déclaré ce mois-ci que le seuil a été atteint au Libéria et le
troisième hot spot est la Guinée, tandis que la Sierra Leone semble avoir a
raté son action de riposte, L'épidémie d'Ebola a infecté depuis un an 17 800
personnes et tué 6331, ce qui en fait la pire flambée du virus
officiellement observée. (Traduction)

Bien à vous
José manuel BOUDEY
Expert de santé publique

Bonjour Mr Sac-Epee,

Renforcer les capacités nationales est une nécessité, cela sous-entend aussi un big-bang dans les stratégies nationales et leurs appuis internationaux.
J'ai essayé de trouver le site du Ministère de la Santé de Guinée. Je n'ai trouvé que ceci :GUINEE SANTE

http://mspguinee.blogspot.fr

Si quelqu'un a un autre site à proposer, cela m'intéresserait. Ca me parait un peu difficile de faire du développement en santé, sans volonté politique nationale forte. Est ce que les dirigeants politiques guinéens sont suffisamment impliqués ? Y a t-il une volonté de transparence totale ?
La nature ayant horreur du vide, lorsque le public recule, le privé prend sa place. Les multinationales de l'humanitaire prennent la place laissée vacante par les états, souvent volontairement et sont souvent appuyés par leurs gouvernements respectifs.

Sans transparence, sans vision holistique, sans abandon des schémas verticaux, sans renforcement des coopérations publiques entre états (et donc de diminuer le poids des acteurs privés), c'est un peu compliqué d'avoir des systèmes efficaces.

Je me permets de partager cet article paru au moment des états généraux de la santé en Guinée. Le chef de la délégation de l'UE en Guinée a fait une déclaration où entre les lignes il critique (notamment) les schémas verticaux. http://www.aujourdhui-en-guinee.com/fichiers/videos6.php?code=calb10107&langue=fr&champ2=&pseudo=art12&PHPSESSID=7436318dc46430520fffc9f441b1a7fc

Je ne peux qu'approuver cet extrait :
"Les partenaires techniques et financiers aussi, restent trop souvent cantonnés dans des programmes spécifiques, ciblant une maladie, un département, sans approche holistique."

Il faudrait peut être que l'UE et les états européens changent alors radicalement de stratégie. Je déplore que la France apporte autant d'argent au fonds mondial, dont je suis très critique, et dans le même temps soit aussi faible dans l'appui direct aux états.

PS : si quelqu'un peut m'éclairer sur l'existence d'un site institutionnel du Ministère de la Santé en Guinée, merci. J'imagine que les grandes organisations internationales présentes en Guinée, ainsi que les bailleurs agissant dans la santé, le consultent très régulièrement pour s'assurer qu'ils agissent de manière parfaitement coordonnée et en conformité avec les politiques nationales.

Bonne journée,
Bertrand Livinec

Bonsoir Bertrand,
Chers tous,

Je viens de demander au conseiller du Ministre de mettre en place la réactivation du site, j'aurais plus d'information bientôt, il faut dire qu'il y eu des réorganisations internes, mais le MSP HP n'est pas aux abonnés absents.

Par ailleurs je partage l'initiative d'Antoine, notamment sur les MOOC liés à la compréhension des mécanismes pandémique et riposte.

Cf:

m.youtube.com/watch?v=H7-QpaO07ZI
www.france-universite-numerique-mooc.fr/register

Les maladies infectieuses émergentes nécessitent une approche interdisciplinaire mobilisant l’épidémiologie et les biomathématiques, la virologie, l’immunologie, la santé publique humaine et animale, l’entomologie, la recherche clinique sur les maladies infectieuses, la sociologie, la médecine, les sciences politiques et de communication sur le risque, et des éléments d’économie de la santé. A chaque fois que possible, il sera montré comment chaque discipline a pu contribuer pour sa part à la construction d’une expertise commune contribuant à la recherche de solutions face à une épidémie de maladie infectieuse émergente. La synergie, les relations, l’interdépendance entre les disciplines seront aussi soulignées. Notre approche sera pragmatique et retracera l’étuded’une épidémie de Chikungunya, une maladie transmise par un moustique Aedes albopictus survenue dans l’Océan Indien en 2006. Seront présentés et analysés : les outils de surveillance, les méthodes d’alerte et de détection précoce, les études visant à identifier les facteurs de risque et de déclenchement de l’épidémie, les scénarios pour la prévention, les études séro-épidémiologiques mises en place, la communication sur le risque en période de crise, et la perception du risque par la population et ses comportements.

QU’EST-CE QUE FUN ?

FUN est une plateforme de MOOC (Massive Open Online Courses, en français « Cours en ligne ouverts à tous ») mise à disposition des établissements de l’enseignement supérieur français et de leurs partenaires académiques dans le monde entier. Lancée par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche en octobre 2013, cette initiative vise à fédérer les projets des universités et écoles françaises pour leur donner une visibilité internationale, et permettre à tous les publics d’accéder à des cours variés et de qualité où qu’ils soient dans le monde.

Tous les cours présents sur FUN sont conçus par des professeurs d’universités et écoles françaises et leurs partenaires académiques internationaux. Les étudiants et les internautes peuvent suivre ces cours de manière interactive et collaborative, à leur rythme.
Le catalogue de cours disponibles s’enrichira continuellement pour proposer une variété de formations répondant aux besoins de tous les publics.