[e-med] 4e conférence VIH francophone à Paris. Le laboratoire Abbott prend les malades en otage

[voir aussi la pétition http://www.PetitionOnline.com/bcottabb/petition.html ]

4e conférence VIH francophone à Paris
Le laboratoire Abbott prend les malades en otage
  Act Up-Paris appelle au boycott de ses produits
publié en ligne : 30 mars 2007
http://www.actupparis.org/article2948.html

Tandis qu'Abbott vantait son " engagement dans les pays en voie de
développement ", Act Up-Paris a interrompu ce matin le symposium du
laboratoire pour dénoncer le chantage qu'exerce ce dernier sur les malades
en Thaïlande et appeler à son boycott.

Le laboratoire Abbott a annoncé qu'il refusait de mettre à disposition des
malades du sida en Thaïlande un médicament VIH essentiel, en représailles
contre la décision du gouvernement thaïlandais de lever le monopole dont
jouissait Abbott sur les ventes de ce médicament [1]. Act Up-Paris dénonce
le laboratoire Abbott, qui n'hésite pas prendre en otage des malades du sida
et à les priver délibérément d'un médicament vital, et ce, dans le seul but
de gagner encore plus d'argent.

La rançon qu'exige Abbott pour laisser les malades accéder en Thaïlande à ce
médicament anti-VIH, est que le gouvernement thaïlandais lui rende le
monopole dont il jouissait sur le Kalétra comprimés jusqu'en janvier dernier
[2]. En effet, la Thaïlande avait alors annoncé qu'elle levait le brevet d'Abbott
et appelait les fabricants de génériques à lui proposer des versions moins
chères de ce produit.

La décision de la Thaïlande de lever le brevet d'Abbott est légale, aux
termes des dispositions du droit international. Le gouvernement français a d'ailleurs
exprimé son soutien aux autorités thaïlandaises dans un communiqué du
Ministre des affaires étrangères du 26 mars .

La Thaïlande cherche depuis septembre 2005 à mettre en application l'engagement
pris par les chefs d'Etat des Nations Unies d'atteindre d'ici 2010 l'accès
universel au traitement du sida. La Thaïlande a urgemment besoin du Kalétra
comprimés d'Abbott, car ce produit est le premier de sa catégorie à résister
à la chaleur des tropiques. Mais Abbott vend son médicament pour 2 200
dollars en Thaïlande, alors que la firme reconnaît qu'il lui coûte moins de
500 dollars à fabriquer [3]. Or, la Thaïlande compte plus d'un million de
personnes séropositives : elle est incapable de donner un accès universel à
ce produit au prix exigé actuellement par Abbott. Après plus de six mois de
tentatives infructueuses pour amener Abbott à baisser son prix, le
gouvernement thaïlandais a donc décidé en janvier dernier de mettre en
application les dispositions de l'OMC sur le recours aux médicaments
génériques.

C'est en menaçant la vie des malades en Thaïlande qui ont besoin en urgence
du Kalétra comprimés qu'Abbott tente de forcer la Thaïlande à se priver de
son droit OMC aux médicaments génériques. Cette prise d'otage relève d'un
comportement terroriste de la part de ce laboratoire.

Act Up-Paris appelle les personnes suivant un traitement VIH sur le
territoire français à :
  signer la pétition d'appel au boycott solidaire proposée par le Réseau
Thaïlandais des Séropositifs
  envisager immédiatement avec leur médecin traitant la mesure dans laquelle
il leur est possible de remplacer le Kalétra d'Abbott par l'un des
médicaments les plus proches, comme le Reyataz associé à du Norvir.
Act Up-Paris appelle le ministre de la Santé Philippe Bas à :
  condamner publiquement le fait, pour un laboratoire pharmaceutique, d'utiliser
l'arme de la privation de médicaments - ou toute autre mesure de mise en
danger des malades - dans ses efforts pour maintenir des prix élevés ;
  offrir à la Thaïlande le secours de la France face à la tentative de
blocus organisée par Abbott, en partageant avec la Thaïlande l'accès garanti
aux produits VIH d'Abbott dont jouit la France (en tant que deuxième plus
gros débouché d'Abbott).

Notes
[1] Reuters, 14 mars 2007 : « Abbott Labs spurns Thailand ».
[2] Dirk Van Eeden, Directeur de la Communication d'Abbott, in The Nation,
quotidien thaïlandais : « Thailand has chosen to break patents on numerous
medicines, ignoring the patent system. As such, we've elected not to
introduce new medicines there ».
[3] rapport de MSF sur les prix des médicaments antirétroviraux.
Les lois anti-dumping des Etats-Unis interdisent à Abbott de vendre
au-dessous du coût marginal de fabrication ; ainsi, le prix le plus bas
pratiqué par Abbott, 500 dollars pour les pays africains les plus pauvres,
est nécessairement supérieur au prix de revient du produit.