E-MED: (9) Trafic de m�dicaments antisida
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Pour que cette histoire de detournement d'ARV ne soit pas utilis�e a mauvais
escient pour renforcer encore les capacit�s de "contr�le" (au sens
despotique du terme) par les grands labos de toute la chaine de distribution
de leurs produits, voici un exemple qui me parait significatif, de la
maniere dont les labos ont pr�tendu "garantir une distribution s�curis�e
dans le cadre des programmes Access" avec l'aide de l'OMS et de l'ONUSIDA.
Cas pratique : le Botswana.
Le Botswana a exclu les g�n�riques de son approvisionnement en ARV.
L�influence de Merck, les pressions des grands labos, la peur du conflit
devant l'OMC, l'ont visiblement fait d�vier de sa logique
d�approvisionnement pharmaceutique : forte mission du service public dans
l�approvisionnement (la centrale d�achat publique fournit 80% des
m�dicaments qui circulent dans le pays) et pr�sence essentielle des
g�n�riques, faible secteur priv�, grosse capacit�s de production.
Si la centrale stocke, commande et distribue les ARV, elle n�est pas ma�tre
des fonds qui en financent l�achat. Les arv sont les seuls m�dicaments qui
ne rel�vent pas de son budget ! Premier accros.
Le budget est dans les mains de l�Agence de Coordination Nationale (National
Aids Coordination Agency NACA), qui elle-m�me doit se coordonner avec ACHAP,
instance qui repr�sente le partenariat entre le gouvernement et les
fondations Merck et Gates, g�n�reuses donatrice de 100 MILLIONS DE DOLLARS
hypoth�tiques (ils sont d�caiss�s au compte goutte et ne financent pas les
traitements), et dont le � PROGRAMME ARV � d�pend directement.
La centrale a donc du mal a payer ses fournisseurs � temps, d'autant que les
contrats sp�cifiques pass�s avec chaque labo, et le cadre de n�gociation
g�n�ral via Access qui sp�cifie quels distributeur b�n�ficie de tarifs
particuliers ont dessin� un circuit d�approvisionnement en forme de
casse-t�te:
L�Effavirenz et l�Indinavir sont cens�s �tre gratuitement d�livr�s par ACHAP
(pendant cinq ans ?), mais ce circuit ne fonctionne pas bien (les d�lais
dans la distribution de l�Effavirenz sont notamment incontr�lables) et la
centrale doit r�guli�rement payer en catastrophe des stocks aupr�s du
grossiste local pour �viter les ruptures, tandis que la Nevirapine de
Boehringer est gratuite pour la TME mais payante pour le traitement des
adultes, de la m�me mani�re que l�AZT de Glaxo est cens�e �tre gratuite via
l�UNICEF pour la TME mais pas pour le traitement� last but not least, BMS et
Boehringer leur font payer le prix � Access �, fix� en dollar, en Rands
sud-africains ! parce que leur fournisseur attitr�, le seul � avoir �t�
inclus dans le cadre des n�gociations, est situ� en Afrique du Sud (IHD).
Ils sont donc contraints d�acheter une monnaie plus faible que la leur pour
en quelque sorte � atteindre � le dollar ! ils perdent ainsi une partie de
ce que les n�gociations tarifaires ont apport�.
En cons�quence, l�agence n�est pas en position de g�rer convenablement
l�approvisionnement en ARV.
Si dans un syst�me pareil il apparait un jour que de l'Indinavir a �t�
d�tourn�, et qu'MSD crie au scandale, il ne pourra s'en prendre qu'�
lui-m�me, il ne faudra pas accuser les techniciens de la centrale.
Imaginez que IHD, distributeur attitr� des big five (sauf Glaxo) en Afrique
Australe, est d�positaire d'une liste de "clients" privil�gi�s, auxquels il
est en droit d'accorder des tarifs r�duits "Access", tandis que leurs
voisins devront payer plein pot ! (ce qui contrevient a un article du
Medecine Act, par ailleurs).
Regardez un peu les d�s�quilibres g�n�r�s par cette politique du cas pas cas
voulue par les labos, � l'int�rieur d'un m�me pays et d'un pays a l'autre,
sinon d'un continent � l'autre, et demandez-vous comment �viter les
d�tournements, lorsqu'une �pid�mie fait de tels ravages et que les
traitements sont a un prix aussi d�lirant !
Plus on mettera de l'eau au moulin de cette soit disant "volont� de
s�curisation des circuits" et plus on fabriquera des fronti�res entre les
"have", les "have less" et les "have not", et plus on facilitera les
traffics. Les labos s'en foutent, ils veulent contr�ler les gouvernements et
exclure les g�n�riques, pas controler la securit� sanitaire !
On leur a demand� pendant des ann�es, et ils ont refus� syst�matiquement,
d'adopter une vraie politique tarifaire : UN SEUL PRIX pour TOUS LES PAYS
PAUVRES et GRAVEMENT TOUCHES PAR L'EPIDEMIE, pays �mergeant compris.
La solution �tait simple : un prix au sud, avec un packaging et une marque
sp�cifique, et pour le Nord on fait comme d'habitude.
Les labos l'ont rejet�, ils ont pr�f�r�s entrer dans des n�gociations pays
par pays pour mieux corrompre les dirigeants et griller les structures les
plus transparentes, et ne se sont pas donn�s les moyens de s�curiser leurs
traffics en changeant la couleur de leur boites ! Ils sont responsables des
d�tournements actuels, ils les ont d'ailleurs sans doute invent�s !
Ne rentrons pas dans leur jeu, et v�rifions D'ABORD les sources de cette
histoire de traffic avant de la monter en �pingle.
Marie de Cenival
marie2c@free.fr
Marie de Cenival
Charg�e de mission ETAPSUD
Agence Nationale de Recherches sur le Sida (A.N.R.S.)
INSERM 379 "Epid�miologie et Sciences Sociales appliqu�es � l'innovation
m�dicale".
23 rue stanislas torrents
13006 Marseille. FRANCE.
tel:33 (0) 4.96.17.60.86
fax:33 (0) 4.96.17.60.73
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