[e-med] BURKINA FASO: Près de cinq millions de Burkinabè vulnérables à la méningite

BURKINA FASO: Près de cinq millions de Burkinabè vulnérables à la méningite
http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportId=76617
  
OUAGADOUGOU, 6 février 2008 (IRIN) - Alors que les experts redoutent une
épidémie majeure de méningite en Afrique cette année, l’infection
bactérienne a franchi le seuil épidémique dans certaines régions du Burkina
Faso.

« Malgré les efforts fournis par le gouvernement et ses partenaires, pour
2008, les campagnes de vaccination n’ont pas été menées dans tous les
districts en proie à l’épidémie », a déclaré Alain Yoda, le ministre
burkinabè de la Santé, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue au
début du mois de janvier.

Au total, 774 cas de méningite ont été déclarés, le seuil épidémique ayant
été atteint dans le district de Mandogara, près de la frontière avec la Côte
d’Ivoire, et trois autres districts sanitaires étant en état d’alerte.

D’après les estimations du docteur Souleymane Sanou, directeur général de la
santé au ministère de la Santé, dans 20 districts sanitaires du pays,
quelque cinq millions de personnes sont actuellement vulnérables à la
méningite.

Le gouvernement a reçu un million de doses de vaccin pour faire face à
l’épidémie.

Pénurie de vaccins

Toujours selon M. Sanou, le nombre élevé de personnes vulnérables au Burkina
Faso s’explique en partie par le fait que le gouvernement n’a pas été en
mesure de déterminer avec précision les régions qui seraient frappées par
l’épidémie et n’a pas mené de campagnes de vaccination dans toutes ces
régions.

Seules les populations d’un seul des districts touchés par l’épidémie ont
été vaccinées au cours des trois dernières années et au total, 19 des 55
districts sanitaires que compte le pays n’ont pas été couverts, a-t-il
déploré.

« La durée d’immunisation du vaccin contre la méningite est de trois ans »,
a indiqué M. Sanou. « Dans les régions touchées par l’épidémie, les
populations ont été vaccinées depuis plus de trois ans ».

Le Burkina Faso manque de vaccins et n’a pas les moyens de s’en acheter.
Aussi les agents de santé n’ont-ils d’autre choix que d’attendre que la
maladie se déclare avant de pouvoir réagir, ont indiqué les autorités.

Quant au docteur André Ouedraogo, conseiller régional de l’Organisation
mondiale de la santé (OMS), il a condamné l’attitude des bailleurs de fonds.
La prévention de maladies qui risquent de ne pas se déclarer coûte cher. Les
bailleurs préfèrent donc attendre qu’il y ait une crise pour débloquer des
fonds et financer une opération d’urgence, a-t-il affirmé.

Pour l’année 2008, l’OMS a sollicité 14 millions de dollars américains
auprès des bailleurs de fonds pour financer l’achat de 12 millions de doses
de vaccin et de matériel d’injection, et pour couvrir les coûts de
transport, de stockage et d’assurance, pour pouvoir renforcer ses opérations
de prévention dans la région.

Les étapes suivantes

Selon le ministre de la Santé, en plus des 2,2 millions de dollars déjà
débloqués, le gouvernement a besoin de 4,5 millions de dollars pour se
préparer à faire face à une épidémie qui pourrait toucher les 55 districts
sanitaires du pays.

Cette aide financière devrait permettre d’apporter une réponse à l’épidémie
actuelle, à travers des campagnes de vaccination et une surveillance de la
propagation de la maladie, mais aussi de prévenir les futures épidémies, en
menant des campagnes de sensibilisation et en dotant les districts
sanitaires de tous les médicaments dont ils ont besoin, a-t-il suggéré.

« Nous avons besoin de partenaires qui s’impliquent et apportent une
contribution au budget », a indiqué le docteur Sylvestre Tiendébéogo, chef
de service à la direction de la lutte contre les maladies au ministère de la
Santé.

Les principaux bailleurs de fonds du Burkina Faso sont l’Union européenne et
la Banque mondiale, la France étant le premier pays contributeur d’aide
bilatérale.

Une stratégie de lutte plus économique

D’après Maxime Yaméogo, responsable santé de la Croix-Rouge burkinabè, il
est possible d’en faire davantage pour prévenir les risques de propagation
de la maladie, sans avoir besoin des millions de dollars des bailleurs de
fonds.

La Croix-Rouge burkinabè forme des volontaires pour essayer de sensibiliser
les populations à la maladie et de leur indiquer les mesures préventives à
prendre pour ne pas la contracter.

À une plus grande échelle, la Fédération internationale de la Croix-Rouge
(FICR) a lancé un appel de fonds d’un montant de 450 000 dollars américains
pour mener des opérations similaires dans 10 pays de la sous-région.

Au moins 80 millions de personnes dans les 21 pays d’Afrique qui s’étendent
de l’Ethiopie, à l’est, à la Mauritanie, à l’ouest, et qui constituent la
région souvent appelée la « ceinture méningitique » de l’Afrique auront sans
doute besoin d’être vaccinées contre cette maladie cette année, selon un
porte-parole de l’OMS.

Des seuils épidémiques ont également été observés dans d’autres pays
d’Afrique de l’Ouest à la fin de l’année 2007 et au début de l’année 2008.
Deux cent cinquante cas ont été constatés dans les Etats de Jigawa et de
Katsina, dans le nord du Nigeria, et la maladie a également fait 18 morts au
Mali, au Niger et au Ghana, selon l’OMS.

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