[e-med] Combattre le sida dans le Sud Kivu ravagé par la guerre

BUKAVU, le 30 août (IRIN) - En l'absence de l'Etat, ce sont les ONG et les Eglises qui prennent en charge les malades séropositifs vivant dans les provinces de l'est de la République démocratique du Congo (RDC), dévastées par près d'une décennie de conflits.

En raison des violences qui ravagent actuellement la province du Sud Kivu, les responsables sanitaires de Bukavu, la capitale provinciale, ne peuvent établir un taux de prévalence du VIH/SIDA précis.

«Nous ne sommes pas parvenus à mener une enquête de séroprévalence dans la province à cause de la guerre», a déclaré Médard Mpinda, coordinateur du Programme national multisectoriel pour la lutte contre le sida (PNMLS).

Selon les chiffres avancés en 2005 par les cliniques prénatales, le taux de prévalence du VIH/SIDA dans le Sud Kivu atteindrait 3,1 pour cent. Cependant, aucune information sur la situation dans les régions rurales n'est disponible, car le conflit rend ces régions inaccessibles.

Pourtant, ce sont les zones rurales qui ont été les plus touchées par les déplacements massifs de populations, les mouvements militaires et les violences, notamment sexuelles, perpétrées par les factions combattantes.

«Les trois pour cent ne sont que la partie émergée de l'iceberg», a estimé Médard Mpinda.

La section hollandaise de l'organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF) gère deux cliniques à Bukavu - à Bagira et à Kadutu - et propose des soins et des traitements à plus de 1 800 malades porteurs du virus. Parmi ces patients, près de 700 reçoivent gratuitement un traitement antirétroviral (ARV).

La clinique de Bagira, située à sept kilomètres de Bukavu, traite les patients atteints d'infections opportunistes. Rien ne laisse paraître que ses services s'adressent tout particulièrement aux patients séropositifs, et ce, de manière à lutter contre la profonde stigmatisation qui entoure le virus.

Un autocollant signalant aux visiteurs que les armes sont interdites au sein de l'établissement vient rappeler que l'insécurité persiste dans cette région particulièrement touchée par la guerre qui a opposé les mouvements des rebelles étrangers aux milices locales et à l'armée congolaise.

Le ministère de la Santé était censé se charger de la gestion des deux centres de MSF, mais selon l'organisation médicale, cela ne se produira pas avant quelques années. En outre, MSF prévoit d'ouvrir une troisième clinique au sein de l'hôpital général de Bukavu.

Dans le Sud Kivu, aucun centre de traitement du VIH/SIDA n'est géré uniquement par le gouvernement, tous sont dirigés par des ONG ou l'Eglise. Les autorités congolaises n'ont toujours pas mis en place de programme de soins et de distribution d'ARV destiné aux patients sous traitement.

De nombreuses régions ne disposent d'aucun centre sanitaire opérationnel et les hôpitaux manquent de personnel formé et de médicaments.

«Les équipements font défaut, en fait tout a disparu à cause de la guerre. Vous pouvez équiper un centre aujourd'hui et tout aura disparu demain», a affirmé Jean-Paul Bisimwa, responsable du Programme national de lutte contre le sida.

En 2002, MSF a lancé un programme de conseil et de dépistage volontaire (CDV) et a commencé à distribuer gratuitement des traitements l'année suivante. Chaque semaine, entre 100 et 140 personnes subissent un test de dépistage du VIH - entre 13 et 14 cent d'entre elles sont séropositives.

«Il s'agit là d'un échantillon biaisé, puisque ces individus sont particulièrement sensibilisés au VIH/SIDA, ou pensent qu'ils ont des raisons de craindre d'être séropositifs, ou enfin se rendent à la clinique pour une autre maladie», a souligné Lysette, responsable du projet.

A l'heure actuelle, les programmes de prévention et CDV ne sont pas très présents en dehors des villes, mais ils devraient se développer.

«Les programmes de traitement du VIH sont menés uniquement à Bukavu, mais ils permettent de prendre en charge un grand nombre de patients. Ces programmes ne proposent pas seulement des services de dépistage du VIH, mais également des services de conseil. Les patients apprennent à prévoir leur avenir, à vivre positivement, [jusqu'au moment où ils] doivent débuter un traitement pour ne pas mourir», a ajouté Lysette.

Depuis l'ouverture de ses centres, il y a quatre ans, MSF a travaillé en étroite relation avec les autorités sanitaires locales, afin de prouver à la population congolaise et aux bailleurs de fonds internationaux qu'il est tout à fait possible de proposer des ARV aux malades des régions instables.

Comme la plupart des organisations qui travaillent dans des contextes instables, MSF doit relever deux défis de taille : faire parvenir des ARV jusqu'en RDC depuis les Pays-Bas et garantir une adhérence au traitement. Le conflit qui fait rage actuellement peut briser la chaîne d'approvisionnement et empêcher les patients d'accéder aux centres sanitaires.

Les centres de santé gérés par MSF disposent en principe de suffisamment de médicaments pour faire face à toutes les éventualités.

MSF distribue toutefois des médicaments complémentaires et des papiers aux patients séropositifs, pour leur permettre d'avoir accès à des ARV dans les autres centres du pays si le conflit devait les contraindre à quitter la région.

Bonjour,

Le gouvernement de la RDC a lancé un programme d'accès
aux ARV pour tous les PVV depuis l'année
passée. Malheureusement, tout comme le sud kivu le
signale, le gouvernement ne semble pas mobiliser des
fonds pour disponibiliser les ARV. Lors de toutes les
formations que nous avons assurées ici au nord kivu en
gestion des ARV on a constaté des ruptures de stock
constantes et regulières en intrants dans les sites
PTME,les CDV et les centres de prise en charge. Tout
simplement parceque nous dependons que des
partenaires (UNICEF,MSF,MDM,amocongo ect), mais nous
sommes tous d'accord qu'un tel système
d'approvisionnement basé presque uniquement sur les
partenaires sans l'apport de l'Etat, ne pourra assurer
la perenité de la prise en charge.
Que le Gouvernement
prenne vraiment la santé et surtout le sida au
serieux.

Phcien François.M.R.TSHITENGE
Inspecteur du Nord Kivu/RD CONGO
fmrtshimal@yahoo.fr