[e-med] Coronavirus: "nous avons besoin de vaccins en Afrique pour protéger les plus âgés²"

Coronavirus: "nous avons besoin de vaccins en Afrique pour protéger les plus âgés²"
29 janvier 2021
https://www.bbc.com/afrique/region-55826751

Alors que les avertissements d'une "catastrophe morale" sur la disponibilité des vaccins contre le coronavirus dans les pays plus pauvres se multiplient, le psychiatre zimbabwéen, le Dr Dixon Chibanda, décrit comment cela l'aiderait, lui et l'équipe spéciale de grands-mères avec qui il travaille.

Cela fait cinq semaines que j'ai contracté le Covid-19, même si je faisais tout pour l'éviter : port du masquer, désinfectant et distanciation.

Le sentiment d'impuissance associé au fait de ne pas pouvoir respirer alors que je regardais ma saturation en oxygène fluctuer était profond, même pour un médecin comme moi.

J'avais également la connaissance supplémentaire que la probabilité d'obtenir de l'oxygène si ou quand j'en aurais besoin était presque nulle dans notre pays à court de ressources.

Aux prises avec une fatigue extrême et un essoufflement intermittent, j'ai réalisé le troisième jour que je pouvais mourir.

Alors que n'importe qui peut mourir du Covid-19, le risque est plus élevé dans un endroit comme le Zimbabwe où le système de santé est extrêmement compromis.

En effet, pendant la même période où j'ai été malade, cinq médecins avec lesquels j'ai travaillé étroitement au fil des ans en sont morts. Ils ont eu accès aux soins médicaux et pourtant ils sont morts.

Ces décès individuels sont dévastateurs. Mais aussi, l'impact de la perte de cinq médecins expérimentés en quatre semaines pour un pays comme le Zimbabwe représente une perte communautaire importante.

Heureusement pour moi, au cinquième jour de ma maladie, ma saturation en oxygène a commencé à augmenter.

On ne sait pas pourquoi j'ai récupéré alors que certains collègues ayant des antécédents similaires au mien sont morts.

Il y a beaucoup à apprendre sur ce virus.

Au fur et à mesure que je commençais à aller mieux, mes pensées se sont tournées vers les personnes au sein de l'organisation que je dirige depuis plus de 10 ans.

Il s'agit d'un programme de traitement psychologique communautaire dispensé par plus de 700 grands-mères formées dans plus de 100 communautés au Zimbabwe.

Dans un pays ne comptant que 13 psychiatres pour une population de 16 millions d'habitants, ce modèle a contribué à élargir la portée de la santé mentale.

Il a fallu des années pour construire le modèle de Friendship Bench et montrer que grâce à la thérapie par la parole, les grands-mères formées peuvent traiter la dépression, l'anxiété et atténuer les pensées suicidaires dans les communautés du Zimbabwe et d'ailleurs.

'Les grands-mères sont vulnérables'

L'année dernière, ces grands-mères sont devenues des intervenantes de première ligne pour lutter contre les taux élevés de maladie mentale liés à la crise du Covid-19.

Mais à mesure que le virus se propage plus rapidement et que le nombre de décès augmente de façon exponentielle au Zimbabwe, ces grands-mères, tout comme les médecins de première ligne, sont devenues vulnérables.

Un jour, j'ai appelé la grand-mère Kusi Kwenyu, qui travaille pour Friendship Bench depuis plus de 10 ans, pour savoir comment vont les grands-mères à Mbare, l'endroit où Friendship Bench a commencé.
Je n'avais été en contact avec aucune des grand-mères depuis que j'étais tombé malade.

"Comment allez-vous, vous et toutes les autres grand-mères, est-ce que tout le monde va bien ? Êtes-vous toutes confinées ?"

Il y eut une longue pause avant qu'elle ne réponde.

"Nous avons perdu une grand-mère."
'Nous ne pouvons pas nous isoler'

Une autre pause suivit et elle s'éclaircit la gorge avant de répondre à ma deuxième question sur les précautions qu'elle prenait.

"S'isoler à Mbare ? Ce n'est pas possible. De plus, la communauté a plus que jamais besoin de nous."

"Mais vous pouvez fournir des services via votre téléphone portable depuis votre domicile, comme cela était précédemment recommandé", ai-je dit.

Elle est intervenue avant que je puisse continuer.
"L'autre jour, un jeune homme dont le père est mort de Covid est entré en contact pour parler. Il était extrêmement désemparé et avait besoin de me voir en personne.
"Je ne pouvais pas lui dire de rentrer chez lui et de me parler au téléphone - il n'a pas de téléphone. Je lui ai parlé parce que c'est un patient à haut risque. J'ai essayé de mon mieux de me distancer pendant que nous parlions."
Elle a ajouté : "Nous sommes en crise."

Elle avait raison - plus de personnes que jamais avaient besoin des services du banc de l'amitié, et ces services pouvaient mieux atteindre les gens grâce à des conversations en personne.

"Pensez-vous qu'il y a quelque chose qui puisse être fait pour vous protéger, vous et les 700 grands-mères faisant le banc de l'amitié ?", ai-je demandé tristement.

Elle s'éclaircit la gorge et dit : "Nous avons besoin d'un vaccin. Un vaccin pour chaque grand-mère."

Plus tard dans la journée, j'ai lu dans les journaux que près de 40 millions de doses de vaccins ont été distribuées dans le monde, mais très peu ont été distribuées en Afrique.
Et plus de 7,25 milliards de doses de vaccins ont été pré-achetés par les pays occidentaux.

Le lendemain, je suivais un mémorial virtuel via Zoom pour un collègue médecin qui a succombé à Covid-19.
À la fin du service, je me suis demandé combien de professionnels de la santé et de grands-mères devront mourir avant qu'un vaccin ne soit disponible ici.
Combien de travailleurs de première ligne comme eux souffriront en essayant de soulager la souffrance des autres ?

Plus tard, j'ai reçu un message WhatsApp d'un collègue : un autre médecin était décédé des suites de Covid-19.

Nous avons besoin du vaccin en Afrique.

il n'est pas question de priver qui que ce soit du vaccin mais,
actuellement on constate en Afrique des épidémies de rougeole, de fièvre
jaune, de dengue et même de polio
alors, il faut tout faire pour que le corona SARS 2 ne réduise les progrès
obtenus et donc ne pas mettre tous ses œufs dans le panier COVID

JL Rey santé publique

merci, Jean-Loup ...heureux de te voir toujours sur les vagues du web,
   aux aguets des vrais besoins et des alertes à partager !

   Par rapport à ton message, j'ai quand même deux question à te poser
   pour que tu le clarifies :

   - les pays africains ont ils des vaccins anti COVID en quantité
   suffisante, et sinon QUE FAIRE ? Il y a peut-être de grosses disparités
   entre les pays, d'ailleurs !

   - et quid des autres vaccinations que tu évoques ? Rougeole, FJ, Polio
   (dengue ?) ...manque de vaccins, là aussi, ou pas de programme de
   vaccinations ???

   Pour moi, cela est un peu confus, je te remercie de nous éclairer !

   amicalement à toi,

   Henri Dubois

Une petite intrusion pour dire que le Maroc a acquis une quantité suffisante de vaccin pour toute la population selon les informations que je dispose.
Gabriel Bukasa