[e-med] De nouveaux tests et traitements contre la maladie du sommeil, mais qui pour les utiliser ?

De nouveaux tests et traitements contre la maladie du sommeil, mais
   qui pour les utiliser ?

   [communiqué de presse] - 06|12|2012 - Congo (Kinshasa)

   Alors que le développement de nouveaux tests diagnostiques et de
   nouveaux traitements contre la trypanosomiase humaine africaine (THA,
   ou maladie du sommeil) enregistre de réelles avancées, MSF constate
   que les activités de terrain de lutte contre la maladie dans les pays
   touchés sont limitées par un manque de financements pérennes.

   La THA est une infection mortelle transmise par la mouche tsétsé. Elle
   sévit principalement parmi les communautés rurales les plus pauvres et
   les plus isolées d'Afrique subsaharienne. 70 millions de personnes
   vivent dans des régions où persiste un risque de contracter la
   maladie. Les deux tests de dépistage rapide attendus l'année prochaine
   et le nouveau traitement par voie orale qui entre aujourd'hui en essai
   clinique sont susceptibles de changer la donne. Mais ces avancées
   pourraient rester sans effets réels sur le terrain en raison du manque
   de ressources mises à la disposition des programmes nationaux de lutte
   contre la maladie.

   « Nous faisons face aujourd'hui à d'énormes défis d'ordre médical et
   logistique. Pour les activités de dépistage, il est nécessaire de
   disposer de personnel très qualifié et de transporter des équipements
   de laboratoire dans des zones rurales reculées, souvent touchées par
   des conflits. L'amélioration des outils existants permettra de
   simplifier les actions de lutte et aidera nos équipes médicales à
   mieux contrôler la maladie », affirme Anja De Weggheleire,
   coordinatrice médicale de MSF à Kinshasa. « Cependant, les programmes
   de lutte dans les pays touchés demeurent insuffisamment soutenus et
   financés. Si rien ne change, on aura perdu une occasion de détecter et
   de traiter davantage de personnes, etgir ».

   En République Démocratique du Congo, où se trouvent les trois quarts
   des cas rapportés, le nombre de tests de dépistage de la THA a diminué
   de manière significative ces derniers mois. Et l'appui de la Belgique,
   principal bailleur de fonds du programme national de lutte, arrive à
   terme en juin 2013. Sans un soutien financier à la lutte, le pays
   risque de voir resurgir cette maladie. Cela a déjà été observé à
   plusieurs reprises par le passé, quand le niveau de surveillance de la
   maladie a été réduit, même sur une courte période. La RDC risque de se
   retrouver dans la même situation que ses voisins, tels que la
   République Centrafricaine ou le Soudan du Sud, où les capacités des
   programmes nationaux à mener des activités de lutte contre la THA sont
   extrêmement limitées.

   Les nouveaux tests de dépistage attendus en 2013, développés
   respectivement avec le soutien de Foundation for Innovative
   Diagnostics (FIND) et de l'Institut de Médecine Tropicale d'Anvers
   (IMT), seront simples d'utilisation et ne nécessiteront pas de chaîne
   du froid. Ils permettront de dépister davantage de personnes vivant
   dans des zones où la maladie sévit. Même si d'autres tests de
   confirmation plus complexes resteront nécessaires, les nouveaux tests
   de dépistage rapide permettront de contourner certaines contraintes
   d'ordre logistique qui pèsent sur les équipes de lutte contre la THA.
   Le nouveau médicament par voie orale développé avec le soutien de
   Drugs for Neglected Diseases initiative (DNDi), le fexinidazole, qui
   rentre en essai clinique de phase II/III (dans les conditions de
   terrain), pourrait remplacer les nombreuses perfusions intraveineuses
   aujourd'hui nécessaires pour le traitement de la forme avancée de la
   maladie.

   « Si un appui financier durable n'est pas sécurisé rapidement, on
   pourrait se retrouve
   de lutte plus adaptés, mais sans programmes dans les pays touchés pour
   les déployer », réagit Manica Balasegaram, Directeur exécutif de la
   Campagne d'Accès aux Médicaments essentiels de MSF. « Les mois à
   venir sont décisifs afin de surmonter les incertitudes qui pèsent sur
   la lutte contre la maladie du sommeil en RDC et dans les autres pays
   endémiques, et d'y mobiliser des financements durables et des
   ressources adaptées ».

   Depuis 1986, MSF a offert un test de dépistage de la THA à plus de 3
   millions de personnes et traité plus de 50.000 cas. MSF mène
   actuellement des projets de lutte contre la THA au Soudan du Sud, en
   République centrafricaine et en République démocratique du Congo. MSF
   a récemment mis en place une équipe mobile internationale de lutte
   contre la THA. A ce jour, cette équipe est intervenue en République
   Centrafricaine, au Tchad, en République du Congo, au Soudan du Sud et
   elle se déploiera prochainement en République Démocratique du Congo.