[e-med] Des laboratoires suspendent la fourniture des ARV au Congo

Des laboratoires suspendent la fourniture des ARV au Congo

Brazzaville, Congo (PANA) - Les laboratoires pharmaceutiques qui
fournissent des anti-rétroviraux (ARV) au Congo viennent de suspendre
leurs prestations pour non-paiement des créances du pays estimées à
plus 300.000 euros, a appris la PANA mardi d'une source proche du
ministère congolais de la Santé, qui a requis l'anonymat.

"C'est une situation regrettable car elle a un impact négatif sur les
malades qui, depuis deux mois, ne peuvent plus recevoir les ARV.
Actuellement les services de prise en charge des personnes vivant
avec le SIDA se limitent seulement aux soins des infections
opportunistes, assistant ainsi impuissants à la dégradation chaque
jour de l'état de santé de plusieurs malades", a indiqué la source.

Réagissent à cette situation, le président de l'Association
congolaise pour la défense des consommateurs (ACDDC), Dieudonné
Moussala, a, dans une déclaration publiée mardi, demandé au
gouvernement de respecter ses engagements internationaux dans le
cadre de la protection des consommateurs et des personnes vivant avec
le SIDA.

"Les fournisseurs du Congo en ARV éprouvent de grandes difficultés
quant au paiement de leurs factures. Cette situation inconfortable
pour cette catégorie de consommateurs serait due aux humeurs d'une
collaboratrice que l'ACDDC se réserve le droit de dénoncer nommément
le moment venu. La dignité et l'honneur du pays en dépendent", lit-on
dans cette déclaration.

"La maladie n'attend pas. Il faut que le ministre des Finances paie
les sommes dues aux fournisseurs, car une rupture trop longue de la
fourniture de ces ARV risque de contredire la volonté affichée par le
Congo dans la lutte contre le SIDA", a déclaré M. Moussala à la
presse.

Dans une correspondance adressée le 1er février 2005 au Premier
ministre du Congo et remise mardi à la presse, SAI PHARMA, le
laboratoire qui fournit ces ARV, réclame le paiement de la somme de
la 330.484 euros couvrant les périodes de 2003 et 2004.

Le laboratoire menace également de porter l'affaire devant la Banque
mondiale, le Fonds monétaire international, l'Union européenne et
l'Organisation mondiale de la santé pour "dénoncer" le comportement
affiché par le gouvernement congolais.

"Nous ne souhaitons pas ternir nos relations avec le Congo en
écrivant à la Banque mondiale, au FMI, à l'Union européenne et à
l'OMS. Cependant nous souhaitons un effort du ministère de la Santé
pour solutionner ce problème", conclut la lettre, signée de M.
Shailesh Pednekar, chargé de l'export de SAI PHARMA.

Au Centre de traitement ambulatoire (CTA), service chargé de la prise
en charge des malades du SIDA, la plupart des responsables approchés
n'ont pas voulu réagir "sans l'autorisation de la tutelle", le
ministère de la Santé en l'occurrence.

"La situation est des plus graves et dramatiques pour ces malades qui
avaient retrouvé le sourire grâce aux ARV. Il faut que le
gouvernement honore ses engagements vis-à-vis du laboratoire. Le
temps presse, la maladie n'attend pas", confie un agent du CTA,
également sous le sceau de l'anonymat.

Grâce à un accord avec les fournisseurs, le traitement en ARV au
Congo est passé de 400.000 FCFA (1 UDS = 550 FCFA) à environ 60.000
FCFA.

Depuis 2003, le Congo importe chaque année des ARV pour la prise en
charge de quelque 2.500 malades de SIDA. Ces malades sélectionnés
reçoivent leurs traitements d'anti-rétroviraux dans des centres
spécialisés à Brazzaville et à Pointe-Noire.

Ces deux principales villes congolaises abritent 80% des 100.000
malades que comptent officiellement le pays.

Le taux de prévalence au Congo est de 4,2%, selon une enquête
financée en 2003 par le bureau de l'OMS pour l'Afrique.

Brazzaville - 10/02/2005