RDC: Le manque de financements menace l'accès aux ARV
http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportId=88777
Si l'accès aux traitements est si limité, c'est principalement à cause du
manque de financement
NAIROBI, 12 avril 2010 (PlusNews) - En République démocratique du Congo
(RDC), alors que des programmes mis en place par de grands bailleurs
touchent à leur fin, et que les soutiens bilatéraux sont limités, le pays
risque d'être confronté à des pénuries d'ARV et à une hausse de la mortalité
liée au VIH, d'après des travailleurs humanitaires.
Le Programme multi-pays VIH/SIDA de la Banque mondiale (MAP) est entré dans
les 10 derniers mois de ses six années de fonctionnement en RDC. Le Plan
d'urgence du président américain pour la lutte contre le sida (PEPFAR), qui
fournissait des traitements contre les maladies opportunistes ainsi qu'un
soutien aux laboratoires, devrait interrompre son aide, tandis que le
mécanisme de financement international, UNITAID, qui apportait des
traitements de seconde intention et des ARV pédiatriques, se retire en 2011.
Dans cette situation, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la
tuberculose et le paludisme devient le seul bailleur finançant les
traitements contre le VIH dans le pays.
Yves Nicolas Alexandre, qui dirige le Groupe de gestion des programmes du
Fonds mondial du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en
RDC, a reconnu que si les programmes du Fonds mondial étaient encore en
mesure de traiter de nouveaux patients, le fait que le programme MAP de la
Banque mondiale touche à sa fin mettait le Fonds dans une position
difficile.
Seulement 10 pour cent des 35 000 personnes ayant besoin d'ARV en RDC y ont
accès, a dit à IRIN/PlusNews Corinne Benazech, coordinatrice du projet
VIH/SIDA de l'ONG (organisation non gouvernementale) Médecins Sans
Frontières. D'après elle, « la principale raison expliquant le petit nombre
de patients sous traitement est le manque de financement ».
« Nous sommes très préoccupés par cette situation ; il n'a pas été facile de
lever des fonds », a dit Adama Guindo, représentant pays du PNUD, qui est le
principal bénéficiaire des subventions VIH du Fonds mondial pour la
troisième, la septième et la huitième série d'octroi de subventions. « La
plupart des bailleurs bilatéraux nous disent qu'ils accordent déjà des fonds
au VIH par l'intermédiaire du Fonds mondial et qu'ils ne veulent pas
effectuer des financements parallèles - le gouvernement doit prendre
davantage de mesures pour améliorer la mobilisation des ressources ».
« Beaucoup de patients... arrivent à la clinique de MSF quand ils sont déjà
extrêmement faibles et proches de la mort »
A l'avenir, « la priorité serait de mettre en place une coordination plus
efficace entre les bailleurs afin de garantir que les ARV soient distribués
dans des zones où des capacités de traitement des patients existent déjà »,
a dit à IRIN/PlusNews un porte-parole de la Banque mondiale.
D'après Mme Benazech, de MSF, certains programmes de la capitale n'acceptent
plus de nouveaux patients pour les traitements contre le VIH.
« Beaucoup de patients venant de l'hôpital gouvernemental, qui est à court
de médicaments, arrivent à la clinique de MSF quand ils sont déjà
extrêmement faibles et proches de la mort, donc leurs chances de survie sont
limitées », a-t-elle dit. « Les patients sous traitement doivent payer les
examens de leur taux de CD4 [qui mesure la résistance du système
immunitaire]. ce qui est extrêmement cher pour le Congolais moyen ».
« En RDC, le VIH n'est pas chronique comme c'est le cas dans beaucoup d'autres
pays africains, où une couverture significative est assurée ; ici, c'est [un
problème] aigu », a-t-elle ajouté. « Nous avons besoin d'urgence de
davantage de promotion et de mobilisation pour obtenir des financements
supplémentaires en RDC ; la situation est critique ».
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