E-MED: Des promesses pour la �guerre� antisida
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Des promesses pour la �guerre� antisida
Bronca au congr�s lors du discours de cl�ture de Chirac.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=125076
Par Eric FAVEREAU
jeudi 17 juillet 2003
�On est encore loin du milliard d'euros d'aide que chacun esp�re et qui est
l'objectif de l'UE.� Romano Prodi
Une sc�ne peu banale, une de celles que d�testent les sp�cialistes de la
communication de l'Elys�e. Jacques Chirac, avec un visage vertement agac� :
�Allez, �a va, on vous a entendus�, l�che-t-il. La r�plique pr�sidentielle
ne calme franchement pas le jeu : �Taisez-vous. Assez de vos paroles, il y
en a marre, hurle un militant d'Act Up. Shame, shame on you.� Depuis
quelques minutes, �a s'agite. Une bronca vient de s'installer dans l'�norme
palais du congr�s de Paris. Une bronca attendue et men�e par une petite
cinquantaine de militants de la �campagne de l'acc�s aux traitements� contre
le sida. Ce qui l'est moins, c'est que, d'un coup, dans tous les coins de la
salle, apparaissent des policiers en civil. Install�s partout, dans les
rangs des journalistes comme dans ceux des congressistes. En quelques
minutes, le calme revient. Retirant les banderoles, arrachant les pancartes,
enjoignant aux uns et aux autres de se taire, les congressistes d'un
nouveau genre expulsent les activistes. Et le pr�sident de la R�publique
peut commencer. Et cl�turer de ses propos le IIe Congr�s international du
sida, mais aussi une r�union importante de soutien au Fonds mondial de lutte
contre le sida, la malaria et la tuberculose : �Je continuerai � me battre
dans toutes les enceintes internationales pour convaincre les gouvernements
de s'engager davantage.�
Une cl�ture � l'image de cette sc�ne finale, ambigu�. Beaucoup de promesses,
voire d'annonces d'engagements financiers pour tenter de permettre au Fonds
de recueillir des ressources pour soigner les malades des pays en voie de
d�veloppement. Et beaucoup d'attentes et de frustration. Toute la journ�e
s'est d�roul�e ainsi sur ce double tempo.
Hier matin, alors que se poursuivait le congr�s scientifique, se sont r�unis
dans un h�tel voisin une bonne vingtaine de ministres de la Sant� ou de la
Coop�ration, des hommes d'affaires, des industriels du m�dicament, et tous
les experts du sida. Le but ?
Faire en sorte que le Fonds mondial s'impose de plus en plus. �Nous avons
pris fait et cause pour le Fonds�, a d'embl�e expliqu� Tommy Thompson,
secr�taire d'Etat � la Sant� am�ricain et pr�sident en exercice du Fonds.
�C'est une guerre qui ne ressemble � aucune autre. Elle fait plus de morts
qu'aucune autre n'en a jamais fait�, dit-il, non sans �motion.
Quelques minutes plus tard, comme en �cho, Jeffrey Sachs, ancien conseiller
�conomique de Bill Clinton : �Aujourd'hui, le budget du Fonds repr�sente �
peine le co�t de deux jours de fonctionnement des arm�es am�ricaines en
Irak... Si on ne fait rien, ce sont sept millions de personnes qui vont
mourir, des morts �vitables. Il n'y a pas � se f�liciter de beaux discours.
Le Fonds a besoin de 7 milliards de dollars pour faire son travail. Les
aura-t-il ?�
Hypocrisie. Puis un militant historique d'Afrique du Sud, Zacki Achmart :
�Il y a trop d'hypocrisie dans ce que j'entends. Pourquoi l'Union europ�enne
donne si peu ? Pourquoi le Japon est-il absent ? Que font les pays du Golfe
? Que font les entreprises priv�es ?�
Mais cette journ�e n'a pas �t�, non plus, vide d'engagements. Ainsi
l'Allemagne a-t-elle d�cid� de verser 100 millions d'euros suppl�mentaires.
La fondation Bill-Gates a avanc� d'un an le versement de 50 millions
d'euros. L'Irlande a promis 7,1 millions d'euros. La Gr�ce, 250 000 d'euros.
Puis, lors de la s�ance de cl�ture, Romano Prodi, pr�sident de la Commission
europ�enne, a r�v�l� que l'UE allait s'engager � verser 460 millions
d'euros. �On est encore loin du milliard d'euros que chacun esp�re et qui
reste notre objectif�, a-t-il dit, avant d'ajouter que l'Europe reste
globalement le premier contributeur du Fonds. Puis, comme pr�vu - pass� la
bronca -, Chirac a conclu. Aucune annonce (elle avait �t� faite � Evian, en
juin), mais une nouvelle fois Chirac a rappel� que dans l'avenir �nous
devons rechercher d'autres sources de financement, comme les pr�l�vements
volontaires sur certaines transactions commerciales priv�es et, � moyen
terme, le recours � des formes de taxation internationale�. �Certes, mais
quand ?�, n'ont pas eu le temps de lui demander les activistes expuls�s.