E-med: Traitement de la trypanosomiase
--------------------------------------------------------
Des vies africaines ne tiennent qu'� un poil am�ricain
La maladie du sommeil soign�e avec un rem�de cosm�tique.
Par SANDRINE CABUT
Lib�ration
Le mercredi 21 f�vrier 2001
La mouche ts�-ts� tue toujours
Quasiment disparue pendant la p�riode coloniale, la maladie du sommeil
(aussi appel�e trypanosomiase africaine) revient en force depuis les ann�es
70 en Afrique. Pr�s de 60 millions de personnes sont expos�es � l'une ou
l'autre de ses deux formes, l'une �voluant plus rapidement que l'autre. Le
nombre de malades est compris entre 300.000 et 500.000, et les d�c�s sont
estim�s � 150 000 par an.
La maladie est provoqu�e par un parasite transmis par la mouche ts�-ts�.
Elle �volue en deux phases, la premi�re, pauvre en sympt�mes, dure en
moyenne deux ans. Ensuite, le parasite gagne le cerveau et les m�ninges,
entra�nant un coma progressif. Sans traitement, la maladie est mortelle.
D'un c�t�, des milliers d'Am�ricaines qui disposent depuis quelques mois
d'une cr�me pour gommer les poils disgracieux de leur visage. De l'autre,
des dizaines de milliers d'Africains atteints par une maladie
potentiellement mortelle, la maladie du sommeil, et menac�s par l'�puisement
des stocks d'un des m�dicaments les plus efficaces, la DFMO. Gr�ce aux
premi�res, les seconds vont pouvoir continuer � �tre soign�s, car la cr�me
anti-hirsutisme et le traitement qui peut sauver des vies en Afrique sont
issus d'une seule et m�me mol�cule: l'eflornithine. Et les laboratoires
Bristol-Myers Squibb (BMS), qui commercialisent la cr�me Vaniqa (en
collaboration avec la firme Gillette), viennent d'accepter de fabriquer
sp�cifiquement des ampoules de DFMO. Celles-ci seront fournies gratuitement
� hauteur de 60 000 doses annuelles pendant trois ans, une quantit� qui
devrait suffire � couvrir les besoins mondiaux.
Ce sont M�decins sans fronti�res (MSF) et l'Organisation mondiale de la
sant� (OMS), � l'origine de l'accord avec BMS, qui distribueront les
traitements. Si la fin de l'histoire est aussi heureuse, c'est bien gr�ce �
l'acharnement de ces deux organismes qui n'ont cess� de se battre pour que
l'eflornithine ne disparaisse pas de la pharmacop�e.
Produit miracle. L'�pop�e commence vers 1985, quand le laboratoire am�ricain
Merrel-Dow, qui travaille sur les propri�t�s anticanc�reuses de la DFMO,
d�couvre presque par hasard ses effets sur le parasite de la trypanosomiase.
Des essais sont men�s en Afrique au d�but des ann�es 90, sous l'�gide de
l'OMS. Les r�sultats sont si spectaculaires (certains malades semblent
sortir du coma presque comme par miracle) que Merrel-Dow se lance dans la
production. Des cures d'eflornithine en injections intraveineuses sont
propos�es aux patients qui sont dans la deuxi�me phase de la maladie (lire
encadr� ci-dessous), en cas d'�chec du m�larsoprol. Celui-ci est un vieux
m�dicament � base d'arsenic, certes actif, mais tr�s toxique puisqu'il tue
directement 5 � 10 % des patients.
En 1995, apr�s cinq ans � peine de production, le laboratoire - alors en
phase de fusion avec Hoeschst - d�cide d'arr�ter d�finitivement
l'eflornithine. L'antiparasitaire, vendu � prix co�tant � l'OMS, n'est pas
rentable. Pour calmer les esprits, le laboratoire c�de les droits
d'exploitation de la mol�cule � l'OMS. A charge, pour l'organisation, de
trouver un fabriquant. Des dizaines de laboratoires sont contact�s, sans
succ�s car les prix propos�s sont trop �lev�s. Les malades ne sont cependant
pas priv�s de traitement. Le laboratoire, devenu Aventis apr�s des fusions
successives, fournit des stocks � l'OMS et � MSF.
Mais les r�serves finissent par s'�puiser. �Il y a dix-huit mois, la
situation est devenue franchement pr�occupante, se rappelle le Dr Jean
Jannin (sp�cialiste de la maladie du sommeil � l'OMS). Pour l'eflornithine,
il devenait �vident que l'on tomberait en panne avant la fin de l'ann�e
2001. Quant aux autres traitements, leur situation n'�tait gu�re plus
brillante. Qu'il s'agisse des m�dicaments destin�s aux phases pr�coces de la
maladie (pentamidine ou suramine), ou de ceux s'adressant aux phases
tardives, comme le m�larsoprol ou le lifurtimox (une alternative �
l'eflornithine), tous �taient plus ou moins menac�s. Les laboratoires Bayer
et Aventis se demandaient s'ils allaient poursuivre la production pour cette
indication.�
Alors, quand MSF et l'OMS ont appris l'�t� dernier que Bristol-Myers Squibb
s'appr�tait � commercialiser une cr�me d�pilatoire � l'eflornitine, ils ont
repris espoir... et contact� avec la firme. �Nous n'avons pas �t� �tonn�s de
cette indication, note Jean Jannin. Comme beaucoup d'anticanc�reux,
l'eflornithine fait tomber poils et cheveux.� BMS devrait prendre le relais
d�s le mois de juin, ce qui permettra d'�chapper � la rupture de stock.
Sursis. Mais que se passera-t-il dans trois ans? �Ce que nous souhaiterions,
souligne C�cile Gutman (MSF France), c'est que BMS continue � assurer la
production, � un prix raisonnable: 10 dollars l'injection.� Du c�t� du
laboratoire, on r�pond s'�tre engag� sur le principe de l'aide aux deux
organisations, mais les termes pr�cis de l'accord restent, semble-t-il, �
trouver. En tout cas, les malades sont sauv�s pour quelque temps. Et, comme
un bonheur n'arrive jamais seul, �les n�gociations avec Aventis et Bayer
pour les autres m�dicaments de la maladie du sommeil sont aussi en bonne
voie�, annonce Jean Jannin.
Post� par CB
J�r�me Dumoulin
IREPD
BP 47
F-38040 Grenoble CEDEX 9
tel 33 4 76 82 54 50
--
Adresse pour les messages destin�s au forum E-MED:
<e-med@usa.healthnet.org>
Pour r�pondre � un message envoyer la r�ponse au forum
ou directement � l'auteur.
Pour toutes autres questions addresser vos messages � :
<owner-e-med@usa.healthnet.org>