[e-med] Ebola en RDC : une nouvelle souche du virus (IRD)

Ebola en RDC : une nouvelle souche du virus (IRD)
octobre 2014
Fiches d'actualité scientifique
http://www.ird.fr/la-mediatheque/fiches-d-actualite-scientifique/467-ebola-
en-rdc-une-nouvelle-souche-du-virus

Alors qu'une épidémie d¹Ebola fait rage depuis mars 2014 en Afrique de
l'Ouest, un foyer de cette fièvre hémorragique est apparu en République
démocratique du Congo (RDC) au mois d'août dernier, laissant craindre une
propagation du virus en Afrique centrale. Une étude associant l¹IRD,
l¹Institut Pasteur, le CNRS, le CIRMF au Gabon, l'INRB en RDC et l¹OMS,
publiée dans la revue New England Journal of Medicine ,confirme qu'il
s'agit d'une épidémie d¹Ebola. Mais celle-ci est due à une souche locale
du virus, différente de celle qui sévit à l'Ouest du continent. Si ce
résultat montre que les deux épidémies ne sont pas liées, il illustre
l'accélération de l'émergence de la maladie, dont il devient urgent de
comprendre les modalités de propagation.

Alors que le monde entier a les yeux tournés vers l'Afrique de l'Ouest, où
plusieurs pays sont touchés depuis mars 2014 par la plus grave épidémie
d¹Ebola jamais observée, un autre foyer situé au nord de la République
démocratique du Congo (RDC) a été signalé à l¹OMS le 24 août dernier. Dans
un tel contexte, il était essentiel de vérifier si cette seconde épidémie
résultait de celle d'Afrique de l'Ouest, traduisant une expansion à
l¹Afrique centrale.

Une souche différenteDes chercheurs de l'IRD, de l'Institut Pasteur, du
CNRS, du CIRMF au Gabon et de l'INRB en RDC, en collaboration avec des
experts de l¹OMS, révèlent qu¹il s'agit d'une nouvelle flambée de fièvre
hémorragique, indépendante du foyer ouest-africain. Le séquençage complet
du génome du virus responsable a été réalisé au CIRMF, grâce à un
séquenceur haut débit, unique en Afrique subsaharienne. Il confirme qu¹il
s¹agit d¹un virus de l¹espèce Ebola. Mais il montre que la souche
congolaise est différente de celle d'Afrique de l'Ouest. Par ailleurs,
elle apparaît très proche de celles ayant sévi en RDC et au Gabon entre
1995 et 1997.
Une épidémie circonscriteCe résultat signifie que le foyer congolais est
dû à une souche virale locale, qui a pu être maîtrisée. Cette épidémie a
débuté le 26 juillet 2014, lorsqu¹une femme serait tombée malade quelques
jours après avoir dépecé un singe trouvé mort dans la forêt. A ce jour, 70
cas ont été confirmés, dont 42 décès, soit un taux de létalité d¹environ
60 %, similaire à celui observé en Afrique de l¹Ouest. Le pic épidémique a
été observé la semaine du 24 août 2014. Grâce aux mesures de protection
mises en ¦uvre par les autorités sanitaires congolaises ­ isolement des
malades, protection du personnel médical, sensibilisation des populations
à éviter tout contact corporel ­ l¹épidémie semble aujourd¹hui endiguée.

Cette multiplication récente des épidémies d¹Ebola montre que la
probabilité de transmission du virus du réservoir animal à l'homme
augmente. Il devient urgent de mieux comprendre les modalités de
circulation (saisonnières ou autres) du virus au sein de son réservoir
naturel ainsi que celles qui gouvernent le passage du virus d'une espèce
animale à une autre ou à l'homme. Une meilleure connaissance de ces
paramètres permettrait de définir des seuils d'alerte et de prédiction des
épidémies, qui pourraient s'avérer précieux dans la mise en ¦uvre rapide
des mesures de contrôle.

Partenaires
Centre international de recherches médicales de Franceville (CIRMF) au
Gabon, Institut national de recherche biomédicale (INRB) en RDC, IRD,
Institut Pasteur, CNRS, OMS, le ministère de la Santé de République
démocratique du Congo.

Références
G. D. Maganga, J. Kapetshi, N. Berthet, B. Kebela Ilunga, F. Kabange, P.
Mbala Kingebeni, V. Mondonge, J-J Tamfum Muyembe, E. Bertherat, S. Briand,
J. Cabore, A. Epelboin, P. Formenty, G. Kobinger, L. González-Angulo, I.
Labouba, J-C Manuguerra, J.-M. Okwo-Bele, C. Dye, E. Leroy. Ebola Virus
Disease in Democratic Republic of the Congo, New England Journal of
Medicine , 2014. DOI:10.1056/NEJMoa1411099
<http://dx.doi.org/10.1056/NEJMoa1411099&gt;

Actualité scientifique n°467 (PDF, 633 Ko)
<http://www.ird.fr/content/download/91730/697920/version/1/file/Actualit�
%A9+scientifique+n%C2%B0467.pdf>

Bonjour

Au-delà
la lutte immédiate contre les flambées épidémiques et de la prise en charge des
cas, il est nécessaire pour l'avenir de comprendre l'émergence de nouveaux cas
en étudiant leurs déterminants sociaux-anthropologiques.

En effet, à ma connaissance, dans la plupart des populations il n'est pas
habituel de ramasser des cadavres d'animaux dans la brousse pour les préparer
et les manger. Donc, si c'est bien ainsi dans la population dont fait partie
cette femme à l'origine de cette flambée en RDC (Equateur), il convient de
comprendre ce qui a amené cette femme à ce type de comportement diffèrent (pauvreté,
veuvage, marginalisation, ...) pour envisager des solutions préventives ciblant
les individus ayant les mêmes caractéristiques.

Le même raisonnement est applicable aux autres flambées épidémiques d'Ébola :
est-il habituel ou non de manger les chauves-souris dans telle population
(Kasaï, Guinée forestière), si oui, comment peut-on modifier cette coutume, si
non, pourquoi certains le font malgré tout ?

Loic AUBRY
expert en gestion pharma
en Haïti actuellement

Merci Loic pour les orientations sociaux-anthropologiue, mais le probleme
de fond reste la connaissance et la maitrise des reservoirs naturels du
virus.
La survenue de cette flambee va certes faire passer la fievre hemorragique
a virus Ebola vers un probleme de sante publique mondiale, ce qui pourra
aider a disposer des ressources necessaires pour faire avancer les
recherches.

Ruphin MULONGO Banana

*Ruphin Mulongo*
*Project Management Deputy Director*
General
Management Sciences for Health
D.R. Congo-Kinshasa
Direct: + 243 999 30 1021
E-mail: rmulongo@msh.org
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bonsoir,

bien sûr les environnements culturels sont importants

mais la consommation de singes, chauves souris et autre "viande de brousse" est fréquente dans de nombreuses régions du monde et d'Afrique

cela n'étonne pas ceux qui ont vécu dans ces régions

et l'utilisation d'animaux déjà morts n'est pas rare

la question est plutôt comment faire pour que cette consommation s'arrête sans effets collatéraux (manque de protéines animales par exemple ou pertes de revenus)

il faut préciser que le terme consommation de ces animaux est ambigüe

c'est un terme générique qui comprend la chasse, le dépeçage, la préparation culinaire et la consommation proprement dite

il est clair que comme beaucoup d'autres maladies venant des animaux la contamination ne peut se faire lors des 3 premières étapes et essentiellement la chasse et le dépeçage.

Dr Jean loup Rey, santé publique

Je suis d'accord avec Dr Rey que le terme consommation est tres ambigue et des etapes citees avant la consommation proprement dite celles de chasse et de depecage sont les plus a risque.
La question demeure celle de comment faire pour preserver la communauté des risques. Le chasseur apportera toujours le danger a la maison. C'est ici que je partage l'avis des autorites sanitaires qui ont tout simplement interdit toute activité sur la chaine.
Mais une fois de plus le probleme de proteines et de source de revenu reste entier. Nous observons une "accalmie" du fait de l''epidemie a Ebola mais les pratiques( irregulieres) reprendront des que la tempete sera terminee. Il faut déjà anticiper et mettre en place des mecanismes alternatifs durables. La sante de nos populations en depend.

Best

Dr. Armand S.NKWESCHEU,MD,MPH.
Epidemiologist / Head of Unit (Sub- Director)for Scientific Networks & Ethics Promotion
Division of Health Operations Research.
Ministry of Public Health of Cameroon.