Les gorilles se transmettent mutuellement le virus Ebola (étude)
PARIS, 10 juil 2006 (AFP)
Le virus Ebola, à l'origine d'épidémies meurtrières en Afrique, se propage
directement au sein des groupes de gorilles sauvages, alors qu'on pensait
que la contamination venait essentiellement de l'extérieur, indiquent des
chercheurs français dans la revue Current Biology.
Ce virus, qui provoque une fièvre hémorragique foudroyante, a causé depuis
1994 neuf épidémies humaines au Gabon et en République démocratique du
Congo. La majorité des victimes avaient manipulé des carcasses infectées de
gorilles ou de chimpanzés.
L'infection semblait venir seulement d'espèces dites "réservoirs"
(probablement des chauves-souris), avec un taux de transmission faible de
singe à singe en raison d'une fréquence insuffisante de rencontres entre les
groupes de ces primates.
Dans le Parc national congolais d'Odzala-Kokoua, les chercheurs conduits par
Damien Caillaud ont identifié depuis 2001 quelque 400 gorilles, membres
d'unités sociales constituées soit de groupes mixtes, soit de mâles
solitaires.
Ebola a affecté cette population en 2004. Pendant et après l'épidémie, les
biologistes ont utilisé les données d'identification morphologique connues
pour estimer la mortalité: ils ont alors constaté que la contamination à
l'intérieur des groupes était très importante et qu'elle avait conduit à la
disparition de 97% des individus qui les composait.
La contamination, précisent-ils, peut également se produire entre unités
sociales par contact individuel, parallèlement à la contamination à partir
d'un réservoir naturel. 77% des mâles solitaires sont morts. De façon
générale, 95% de la population de gorilles a disparu en un an.
Ceci est inquiétant, commentent les scientifiques, parce que toutes les
femelles et les jeunes vivent en groupe. Des milliers de gorilles ont
probablement été victimes d'Ebola.
Comme on ignore encore l'impact général de la maladie sur les gorilles et
les chimpanzés, soulignent-ils, leur protection face aux autres menaces,
particulièrement le braconnage et la destruction de leur habitat par
l'exploitation forestière, devrait être renforcée.