Des chauves-souris réservoirs du virus Ebola
PARIS, 30 nov 2005 (AFP)
Des chauves-souris pourraient servir de réservoir naturel au virus Ebola,
responsables d'épidémies meurtrières de fièvre hémorragique chez l'homme et
les grands singes en Afrique centrale, selon une étude à paraître jeudi dans
la revue scientifique britannique Nature.
Trois espèces différentes de chauves-souris, capturées au Gabon et en
République du Congo lors d'épidémies de fièvre hémorragique entre 2001 et
2003, montrent des signes d'infection par le virus Ebola sans présenter de
symptômes de la maladie, selon Eric Leroy et d'autres chercheurs de
l'Institut de recherche pour le Développement (IRD - France).
Des scientifiques de l'IRD et du Centre international de recherches
médicales de Franceville (CIRMF, Gabon) ont "pour la première fois,
identifié des chauves-souris comme réservoir naturel potentiel du virus
Ebola", a relevé l'IRD dans un communiqué.
On savait jusque-là "que le virus se transmettait des grands singes vers
l'homme, mais on ne connaissait ni le réservoir naturel, ni le mode de
transmission du virus aux grands singes", précise l'IRD, indiquant que le
virus se transmet à l'homme notamment par contact direct avec des carcasses
de primates infectés.
Des infections humaines pourraient aussi résulter directement de la
consommation de chauves-souris par la population locale, relèvent les
chercheurs dans Nature.
Identifié pour la première fois en 1976 en République démocratique du Congo
(ex-Zaïre), le virus Ebola est à l'origine de quatorze épidémies en Afrique
qui ont provoqué environ 1.850 cas humains dont 1.300 mortels, rappelle
l'IRD.
Les chercheurs de l'IRD et du CIRMF ont capturé un millier
d'animauxchauves-souris, 222 oiseaux et 129 autres petits vertébrés :
écureuils, rongeurs...) dans des zones où avaient été découvertes des
carcasses de gorilles et de chimpanzés lors de flambées de fièvre
hémorragique entre 2001 et 2003.
Des anticorps spécifiques du virus Ebola, signes d'une infection passée ou
encore présente, ont été retrouvés chez 16 chauves-souris frugivores de
trois espèces différentes (Hypsignathus monstrosus, Epomops franqueti et
Myonycteris torquata). Par ailleurs, des fragments du génome du virus ont
été découverts dans le foie et la rate de 13 autres chauves-souris dont
l'infection aurait été plus récente.
Aucun signe de la présence du virus Ebola n'a été constaté chez les autres
espèces animales testées.
"La mortalité due à l'infection par le virus Ebola augmente chez les grands
singes durant la saison sèche lorsque les fruits sont rares dans la forêt,
des conditions incitant à des contacts accrus entre animaux en compétition
pour la nourriture", soulignent dans Nature Eric Leroy et son équipe.
Les grands singes se contamineraient alors au contact des chauves-souris qui
se nourrissent également de fruits (frugivores). Par ailleurs, les bébés
chauves-souris naissent à la saison sèche, d'où, explique l'IRD, la
dissémination possible dans l'environnement de sang et de liquides
placentaires des chauves-souris échappés lors de la mise à bas.