[e-med] (2) Des traces ADN du virus ont été identifiées dans des excréments d'individus vivant dans les forêts du sud du Cameroun

Le "réservoir naturel" du virus du sida identifié chez des chimpanzés du
Cameroun
LEMONDE.FR | 26.05.06 | 16h53 . Mis à jour le 26.05.06 | 18h40
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-776656@51-776659,0.html

Vingt-cinq ans après la découverte du virus du sida, une équipe
internationale de chercheurs a identifié le chimpanzé Pan troglodytes
troglodytes comme le "réservoir naturel" du VIH, selon une étude publiée
jeudi 25 mai par le magazine scientifique Science
http://www.sciencemag.org/cgi/gca?gca=1126531v1&sendit.x=51&sendit.y=8 .

Partie prenante à ces travaux, l'Institut français de recherche pour le
développement (IRD) précise dans un communiqué que plusieurs de ses
chercheurs, associés à des confrères des universités Montpellier-I (France),
d'Alabama (Etats-Unis) et de Nottingham (Grande-Bretagne), et du projet
Presica (Prévention du sida au Cameroun) sont parvenus à lever le voile sur
l'origine du VIH-1, responsable de la pandémie.
L'IRD rappelle que, dès 1989, la mise en évidence par deux de ses chercheurs
de l'infection au Gabon d'un chimpanzé captif par un virus proche du VIH-1,
le SIVcpz, avait suggéré que "la présence du VIH-1 dans la population
humaine résultait d'une transmission inter-espèces". Ces singes sont en
effet des porteurs sains du SIVcpz, qui se transmet à l'homme
vraisemblablement par la chasse et la consommation de viande de brousse
infectée.
Les équipes qui publient leur étude dans Science n'ont par la suite retrouvé
que de rares chimpanzés captifs porteurs du SIVcpz, tous originaires du
bassin du Congo, ce qui renforçait les incertitudes sur un "réservoir
naturel" du virus. Les scientifiques ont alors voulu étudier la prévalence
de ce virus chez les chimpanzés sauvages. Afin de ne pas perturber cette
espèce menacée, ils ont mis au point une méthode originale, non invasive,
basée sur l'analyse des excréments.

RÉGIONS RECULÉES DE LA FORÊT TROPICALE CAMEROUNAISE
L'équipe a ainsi examiné 599 échantillons de fèces de différentes
communautés de chimpanzés, collectés dans les régions les plus reculées de
la forêt tropicale camerounaise. De là, les chercheurs ont isolé en
laboratoire les anticorps anti-SIVcpz et séquencé l'ARN viral présent dans
ces fèces. C'est ainsi que, pour la première fois, ils ont observé des
communautés de chimpanzés chez lesquelles le SIVcpz est très répandu.
Chez certaines, note l'IRD, "près de 35 % des individus sont porteurs du
virus". Ces travaux ont permis de mettre en évidence au moins 16 souches
différentes du SICcpz, "dont certaines très proches du VIH-1 groupe M, le
virus responsable de la pandémie, et d'autres proches du VIH-1 groupe N, une
souche non pandémique".
Fruit de plus de quatre années de recherches sur les singes sauvages, cette
étude identifie donc la sous-espèce de chimpanzés Pan troglodytes
troglodytes comme le réservoir naturel du VIH-1. "Le réservoir naturel du
VIH est établi, mais il ne faut pas le confondre avec l'origine de la
pandémie", met toutefois en garde Martine Peeters, de l'IRD.
En effet, il reste à déterminer pourquoi la localisation de ce réservoir
naturel est différente des zones géographiques où les premiers cas de la
maladie sont apparus, mais aussi pourquoi seul le VIH-1 du groupe M s'est
diffusé, provoquant une pandémie mondiale.
Le premier cas humain d'infection par le VIH est celui d'un homme de
Kinshasa, capitale de l'actuelle République démocratique du Congo (RDC),
dont un échantillon de sang avait été prélevé en 1959 dans le cadre d'une
étude médicale, des dizaines d'années avant que les scientifiques ne
connaissent même l'existence du virus du sida.
Ce virus a déjà fait 26 millions de morts et infecte aujourd'hui plus de 40
millions de personnes dans le monde, surtout en Afrique subsaharienne.
Malgré l'apparition des trithérapies, qui retardent, voire dans certains cas
bloquent l'évolution du VIH dans le corps de l'homme, il n'existe à ce jour
ni remède ni vaccin contre cette maladie.

Avec AP et AFP