[e-med] (2)Maladie à virus Ebola - Guinée

Bonjour,

Dans le message sur la MVE en Guinée, je relève : "Réduire le risque de
transmission de la faune à l'homme (par contact avec les chauves-souris
frugivores et les singes) grâce à l'éducation communautaire sur la façon
appropriés; et cuire soigneusement les produits animaux (sang et viande)
avant de les consommer".

Ces recommandations sont néfastes à une bonne adhésion de la population
aux mesures de prévention pour plusieurs raisons.

1. Elles ne correspondent pas à la réalité épidémiologique, alors que la
communication pour être crédible doit être basée sur les connaissances
scientifiques. En effet, le mode de transmission du virus Ebola de la
chauve-souris à l'homme n'est pas entièrement connu mais une transmission
indirecte (fruits contaminés par la salive ou des déjections) est
fortement envisagée. Les seuls rares cas documentés de transmission par
des singes sauvages provenaient de charognage sur des animaux trouvés
morts. "La faune" au sens général n'est donc pas concernée. D'après la
littérature, le risque de transmission est à partir de chauves-souris,
probablement le plus souvent de façon indirecte, et de grands singes
(chimpanzés et gorilles uniquement) trouvés morts.

2. Le passage de la chauve-souris à l'homme est un événement rarissime
(environ deux épidémies de MVE par an parmi 22 millions d'habitants des
zones où le virus circule chez la chauve-souris). Quant il a eu lieu,
comme aujourd'hui en Guinée, le risque qu'il se reproduise à moyen terme
est quasiment nul et la communication doit donc être exclusivement
consacrée à la transmission interhumaine.

3. Suggérer que les habitants de la zone épidémique utilisent "des gants
et autres vêtements de protection" relève de l'absurde : des gants et
vêtements de protection en zone rurale africaine ? Le mot "gant" n'existe
même pas dans un grand nombre de langues locales.

Avancer ce type de communication n'est pas seulement inutile, c'est
néfaste. D'une part, cela disperse les efforts de communication qui
doivent être centrés sur les mesures de prévention réelles, d'autre part,
cela décrédibilise cette communication. En effet, comme l'ont rapporté
diverses publications, la population continue à chasser et consommer de la
viande de brousse, et constate que ceux qui le font ne tombent pas malades
ce qui développe, une fois de plus, l'idée que la viande de brousse et les
chasseurs sont stigmatisés.

Je renvoie à un article que j'ai publié sur cette question :
http://www.bnscom.fr/documents/bull-st-path-exot-seytre-communication-ebol
a.pdf

Bernard Seytre
Consultant, communication santé
bnscommunication
seytre@bnscom.fr
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bnscommunication
7 rue Ledion
75014 Paris
Tél. : +33 1 42 71 08 08, +33 6 03 54 88 13 (WhatsApp)
bnscom.fr
sante-afrique.fr

Bernard Seydre a tout à fait raison. D'ailleurs il faut malheureusement
noter que la communication OMS sur la COVID19 comporte le même genre de
bizzarerie.
Vous faites de la bonne information!
Je renvoies copie à Mr Sano au Min en Guinée.

Garance Upham