Ebola : un vaccin expérimental validé par les essais sur des singes
Le Monde.fr avec AFP | 07.09.2014 à 22h18 Mis à jour le 07.09.2014 à
22h24
http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/09/07/ebola-un-vaccin-experiment
al-valide-par-les-essais-sur-des-singes_4483346_3244.html#xtor=AL-32280270
Une injection d'un vaccin expérimental, renforcée par une piqûre de
rappel, permet une protection « rapide et durable » contre le virus Ebola
chez des singes. C'est le résultat prometteur d'une étude, publiée
dimanche 7 septembre dans la revue Nature Medicine
<http://www.nature.com/nm/journal/vaop/ncurrent/full/nm.3702.html>, qui
vient conforter l'annonce de tests sur les humains.
Les scientifiques ont administré à des macaques une injection du vaccin,
basé sur un virus du rhume des chimpanzés. Résultat : elle leur a procuré
« une protection complète à court terme et partielle à long terme » contre
Ebola, notent les auteurs de l'étude. De plus, les animaux qui ont eu la
piqûre de rappel dans le cadre d'un nouveau schéma vaccinal en cours
d'étude ont développé une immunité « durable ».
Pour les auteurs de cette étude, il s'agit de la première démonstration
d'une protection durable conférée par un vaccin contre le virus Ebola
Zaïre, l'espèce virale à l'origine de l'épidémie qui a déjà fait plus de 2
000 morts en Afrique de l'Ouest. S'il est approuvé, « ce vaccin, estiment
les chercheurs, sera bénéfique pour les populations » pendant les
épidémies et en cas d'exposition professionnelle à l'hôpital ou en
laboratoire.
ADÉNOVIRUS DE CHIMPANZÉ
Dans le détail, l'équipe de Nancy Sullivan, du centre de recherche de
l'Institut américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), a
développé un vaccin basé sur un adénovirus (virus de rhume) de chimpanzé,
baptisé ChAd3. Ce virus a servi de transporteur, ou vecteur, pour délivrer
dans les cellules du sujet vacciné des fragments de matériel génétique du
virus Ebola des fragments qui ne sont pas infectieux mais aident
l'organisme à apprendre à reconnaître le virus pour s'en défendre.
Les chercheurs ont opté pour un adénovirus de chimpanzé parce que beaucoup
de gens sont immunisés contre la version humaine de ce virus de rhume, ce
qui pourrait empêcher le vaccin expérimental d'agir.
Différentes doses du vaccin ChAd3 ont été testées. Puis, une dose de virus
Ebola qui aurait été mortelle si les singes n'avaient pas été immunisés,
leur a été injectée.
PROCESSUS DE VALIDATION EN TROIS ÉTAPES
Après une injection du vaccin expérimental, quatre macaques sont restés
immunisés pendant cinq semaines. L'effet protecteur s'amenuisant au fil du
temps, seuls deux d'entre eux étaient encore protégés dix mois après. A
l'inverse, les quatre autres singes ayant eu une piqûre de rappel huit
semaines après l'injection initiale sont, eux, restés complètement
protégés contre l'infection dix mois après. Le rappel contient un
composant différent (virus de la vaccine atténué).
Les tests humains qui ont été annoncés pour le mois de septembre
constituent la première étape (« phase 1 ») du processus de validation qui
en comporte trois. Ils se font sur des sujets sains (non infectés) pour
vérifier si le vaccin est bien toléré et s'il induit une bonne réponse
immunitaire.
Vendredi 5 septembre, à l'issue de deux jours de discussions auxquelles
participaient plus de 150 experts, l'Organisation mondiale de la santé
(OMS) a annoncé des priorités claires et un calendrier au pas de charge
pour le développement de traitements et de vaccins contre le virus Ebola :
utilisation « dès maintenant » de sérum de convalescents pour traiter des
malades atteints d'Ebola, vaccination dès novembre des personnels de
santé, si les essais cliniques de vaccins qui viennent de débuter
confirment leur innocuité, évaluation dès que possible de l'efficacité des
médicaments les plus prometteurs par des protocoles standards.