Epidémie d¹Ebola : le Fonds mondial s'engage à répondre rapidement à toute
demande du Libéria, de Sierra Leone ou de Guinée
Lauren Gelfand
http://www.aidspan.org/node/2497
26 Sep 2014
Ces demandes devront être conformes à la mission du Fonds qui est de
lutter contre les trois maladies et porter sur des investissements dans le
renforcement des systèmes de santé
Le Fonds mondial s'est engagé à répondre rapidement à toute demande en
provenance du Libéria, de Sierra Leone ou de Guinée pour une plus grande
souplesse dans la reprogrammation de subventions, afin d'aider ces pays
dans leur lutte contre le virus Ebola qui a déjà fait plus de 2800
victimes et qui risque d'infecter jusqu'à 1,4 million de personnes d'ici
la fin de l¹année.
Il est probable que les trois pays les plus touchés par l'épidémie
demanderont des investissements plus importants dans le renforcement des
systèmes de santé (RSS), dans la mesure où l'insuffisance des
infrastructures, la pénurie d'agents de santé formés et la faiblesse des
systèmes contribuent à propager la maladie.
« Nous reconnaissons l'urgence de la situation car l'épidémie est en train
d'évoluer rapidement », a déclaré Seth Faison, directeur de la
communication du Fonds mondial, à Aidspan le 25 septembre.
« Des moyens sont à l'étude pour aider les pays touchés à lutter contre
l'épidémie, notamment par une reprogrammation des crédits, la formation,
la fourniture d'équipements de protection et l'affectation des ressources
là où les besoins sont les plus importants. »
Selon George Shakarishvili, conseiller principal du Fonds pour le RSS, les
besoins criants dans ces pays, qui tous les trois sont parmi les plus
pauvres du monde et se trouvent à divers stades d'une reconstruction
post-conflit, montrent à quel point il est important d'investir dans les
systèmes de santé. Dans ces pays d'Afrique de l'Ouest, ces investissements
devraient servir à développer les ressources humaines pour la santé, à
améliorer la collecte régulière de données, à renforcer l'efficacité de la
logistique et de la gestion de la chaîne d'approvisionnement, et à étendre
et réhabiliter les infrastructures de santé.
Déjà, le ministère libérien de la Santé et l'instance de coordination
nationale de Sierra Leone ont fait savoir qu¹ils avaient l'intention de
demander officiellement l'autorisation de reprogrammer des subventions.
« Nous n'envisageons pas une reprogrammation qui aurait une incidence sur
notre répartition globale par maladie. Le RSS est une préoccupation
majeure, et nous continuerons à explorer tous les moyens pour progresser
dans ce domaine », peut-on lire dans la déclaration de Seth Faison. « Là
où nous verrons qu'une certaine souplesse dans la reprogrammation des
subventions peut contribuer aux actions menées contre les trois maladies
tout en permettant de lutter contre d'autres maladies, nous nous lancerons
activement dans une telle reprogrammation. »
Les premiers effets sur les programmes financés par le Fonds mondial dans
ces trois pays comprennent une limitation des activités visant à lutter
contre le nombre déjà considérable de cas de VIH, de tuberculose et de
paludisme. Parmi celles-ci figurent des interventions à fort impact,
notamment une vaste campagne de distribution de moustiquaires imprégnées
d'insecticide longue durée au Libéria, prévue en novembre 2014.
Les restrictions de voyage - notamment la suspension de certains vols
internationaux à destination du Libéria - ont entraîné un report des
visites de l'équipe de pays et des déplacements sur le terrain des maîtres
d'¦uvre nationaux.
À cause de la situation d'urgence engendrée par l'épidémie, le processus
du nouveau modèle de financement, notamment le dialogue national et
l'élaboration des notes conceptuelles, s'est également ralenti dans ces
pays.
Dans une réponse datée du 8 septembre au rapport sur la situation remis
par le Secrétariat au Conseil d'administration, la délégation des
communautés a publié une déclaration dans laquelle elle « recommande
fortement que le Fonds permette, et encourage, la formation du personnel
et des maîtres d'¦uvre nationaux afin que ceux-ci puissent faire face à
l'épidémie d'Ebola ».
La délégation a également demandé à ce que des fonds soient investis dans
la collecte et l'analyse de données afin de déterminer l'impact de
l'épidémie sur les traitements contre le VIH, la tuberculose et le
paludisme, et notamment le nombre de patients qui n'ont pas accès à leurs
traitements en raison de la fermeture des dispensaires. En effet, de
nombreux dispensaires ont été transformés en unités d'isolement pour les
malades d'Ebola, mais il semblerait qu'ils refusent des patients infectés
faute de lits en nombre suffisant.
« Les épidémies d'Ebola montrent la nécessité d'investir davantage dans le
renforcement des systèmes de santé et des systèmes communautaires. Il
s'agit d'une urgence de santé publique et humanitaire, dont les
conséquences vont au-delà des personnes infectées par le virus. Cette
situation requiert une attention immédiate et stratégique », peut-on lire
dans la déclaration de la délégation.
Dans un éditorial
<http://www.project-syndicate.org/commentary/jeffrey-d-sachs-outlines-the-s
teps-needed-to-stem-the-current-epidemic-and-prevent-its-recurrence> (en
anglais) publié en août dernier par l'économiste du développement Jeffrey
Sachs, celui-ci propose un moyen qui permettrait au Fonds mondial de
s'impliquer davantage dans la riposte à l'épidémie d¹Ebola.
Si les donateurs élargissaient le domaine de compétence - et augmentaient
le budget - du Fonds mondial de sorte à ne plus limiter son action à la
lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, mais à en faire un
fonds pour la santé mondiale destiné aux pays à faible revenu, cela
permettrait aux pays les plus pauvres de « mettre en place des systèmes de
santé de base dans chaque bidonville et chaque communauté rurale, un
concept connu sous le nom de couverture maladie universelle ».
L'épidémie d'Ebola a déjà coûté la vie à plus de 2800 personnes. Dans un
rapport
<http://apps.washingtonpost.com/g/page/national/ebola-cases-could-skyrocket
-by-2015-says-cdc/1337/> (en anglais) publié le 24 septembre, les centres
américains pour le contrôle et la prévention des maladies ont averti qu'au
rythme de transmission actuel, le nombre de personnes infectées par le
virus pourrait atteindre 1,4 million d'ici 2015.