Les 5 et 6 juillet 2019, s’est tenu à Marrakech, le Forum pharmaceutique international (FPI), organisé par le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens du Maroc sous l’égide du ministère de la Santé.
rapport complet disponible ici :
https://pharmacie.ma/uploads/pdfs/RAPPORT-FPI-Marrakech-2019-_-.pdf
Remerciements à Najia Rguibi pour l'information.
Sessions et tables rondes “pharmacien d’officine”
Recommandations
1. Comment renforcer l’observance ?
Le phénomène de non observance, très fréquent, soulève de multiples enjeux de santé publique liés à la non-optimisation des traitements, pouvant être grave pour le patient particulièrement dans les pathologies chroniques et avec des conséquences économiques que les autorités sanitaires et les caisses d’assurance maladie ne peuvent exclure.
- Afin d’assurer un acte pharmaceutique professionnel de qualité et permettre aux patients de bénéficier de la meilleure façon de leurs traitements, et afin de réduire la charge de morbidité et la mortalité, le pharmacien, en raison de sa place privilégiée de proximité avec les patients, doit être le pivot de l’accompagnement et de l’usage responsable des traitements.
- Le pharmacien doit renforcer l'observance des patients, par tous les moyens de soutien à sa disposition.
2. Éducation thérapeutique dans les maladies chroniques
L’éducation thérapeutique du patient constitue un élément essentiel dans la prise en charge des traitements des maladies chroniques. .Ce processus permanent, centré sur le patient, adapté à l’évolution de sa maladie et à son mode de vie, doit faire partie de la prise en charge à long terme et permettre aux patients d’acquérir et de conserver les capacités et compétences qui les
aident à gérer et vivre de manière optimale leur vie avec leur maladie.
- Les pharmaciens sont invités à se former afin d’acquérir et de maintenir un niveau élevé des compétences nécessaires pour participer à l’éducation thérapeutique des patients.
- Les états sont appelés à encourager l’implémentation de modules spécifiques de formation à l’éducation thérapeutique, aussi bien dans les cursus universitaires qu’en matière de formation continue, notamment pour les pharmaciens.
3. Pharmacovigilance, cosmétovigilance, nutrivigilance et matériovigilance
En tant qu’acteur clé de proximité dans la sécurité sanitaire, il est crucial que le pharmacien participe aux systèmes de vigilance en déclarant les événements indésirables dont il a connaissance.
Les vigilances sont essentielles pour capitaliser la confiance des patients et pour sécuriser l’emploi des produits de santé. Il est recommandé de :
3-1 Renforcer la réglementation et appeler les états à développer les structures de Pharmacovigilance dans chaque pays africain et de promouvoir la collaboration continentale dans ce domaine des vigilances et de sécurité du patient.
3-2 Développer avec l’industrie pharmaceutique un vrai partenariat en matière de pharmacovigilance.
3-3 Faire de l’officine un espace d’information et d’éducation du patient pour l’usage rationnel des produits de santé.
3-4 S’assurer de la qualité des produits dispensés dans les officines.
3-5 Renforcer la formation sur les effets indésirables des produits de santé et sur le fonctionnement de la pharmacovigilance dans chaque pays.
3-6 Notifier tout cas d’effet indésirable constaté ou décrit par le patient
3-7 Déclarer tout problème de qualité ou de contrefaçon au Centre National de Pharmacovigilance.
4. Lutte contre les médicaments falsifiés : rôle des pharmaciens
L’Afrique est tout particulièrement impactée par la contrefaçon des médicaments et des produits de santé. Les pharmaciens ont un rôle primordial à jouer dans la lutte contre la pénétration des médicaments contrefaits, à la fois en garantissant la sécurité de la chaîne pharmaceutique mais également en menant des actions auprès des patients . Cette contribution passe aussi par la
mise en œuvre de « guides de bonnes pratiques » dans la chaine de distribution des médicaments.
4-1 Les pharmaciens appellent les états et les autorités de santé de la Région Afrique à favoriser l’adoption de la définition des médicaments de qualité inférieure ou falsifiés , définition approuvée par l’Assemblée Mondiale de la Santé en 2017(WHA/A70-23), par tous les acteurs de la lutte contre les faux médicaments , afin de faciliter la mise en œuvre des stratégies de lutte.
4-2 Pour pallier la vulnérabilité des circuits d’approvisionnement et faire face à cette situation inquiétante en plein essor, les états sont également sollicités.
4-3 Pour le renforcement de l’arsenal législatif et des moyens de contrôle.
4-4 Pour un engagement et une volonté politique de lutte contre les produits de santé contrefaits.
4-5 Pour renforcer la capacité des Directions des Médicaments et de la Pharmacie (DMP) pour l’enregistrement des médicaments et produits de santé.
4-6 Pour signer et ratifier la convention Médicrime.
5. L’antibiorésistance : implication et responsabilité du pharmacien
La résistance aux antibiotiques constitue une réalité et une grave menace croissante à l’échelle mondiale et aucun pays n’est épargné.
Face à cette situation préoccupante, la lutte contre la résistance aux antimicrobiens est devenue l’affaire de tous.
5-1 Tous les états africains sont invités à agir de manière coordonnée pour mettre en place des programmes nationaux de lutte contre cette antibiorésistance pouvant conduire à des impasses thérapeutiques Ces programmes concernent aussi bien la santé humaine , que vétérinaire et environnementale pour la rationalisation de l’usage des antimicrobiens.
5-2 Les pharmaciens doivent contribuer et collaborer à l’implémentation d’initiatives telles que des campagnes de sensibilisation, notamment, auprès du grand public, ou toutes autres initiatives visant à réduire l’utilisation abusive des antibiotiques.
5-3 Un appel est lancé pour une coopération dans les dépistages et le recours aux TROD (tests rapides d’orientation diagnostique), pour le renforcement de l’immunisation par les vaccins, pour le développement de protocoles de prises en charge des infections selon des consensus , et pour le renforcement de l’observance en vue d’un usage mesuré et approprié des antibiotiques.
6. Formation continue dans la prise en charge des patients en officine, cas de ”La prise en charge des plaies et des escarres à l’officine”
Dans nos pays, la transition démographique, l’allongement de l’espérance de vie, la transition épidémiologique avec l’explosion des maladies non transmissibles particulièrement chez les personnes âgées, les complications du diabète dont la prévalence est en forte hausse, ainsi que certaines situations pour lesquelles le patient est immobilisé, peuvent conduire à des escarres ou des ulcérations cutanées. Comment les prendre en charge peut représenter un modèle de contribution à la prise en charge des patients en relais et en coopération interprofessionnelle autour du patient.
Il faut encourager :
- l’élaboration de protocoles adaptés de prise en charge des patients, en particulier dans les situations sanitaires spécifiques et prioritaires de nos pays respectifs
- l’implémentation de modules de formation continue dans le suivi thérapeutique (pharmaceutical care) ; tel que recommandé par l’OMS et la FIP (Fédération internationale de la pharmacie)
Le développement du médicament conseil en officine s’inscrit pleinement dans le cadre de l’optimisation des systèmes de santé et dans les politiques de santé de nos pays.
7. « Médicaments conseils : état des lieux et intérêt pour le système de santé » :
Recommandations :
Les participants recommandent :
7-1 L’adoption d’une définition réglementaire pour le médicament conseil.
7-2 L’élaboration d’une liste des DCI (dénominations communes internationales de principes actifs) ;
7-3 L’élaboration d’une liste de pathologies mineures relevant de cette dispensation en officine sous la responsabilité du pharmacien, pour ces médicament conseil à prescription médicale facultative (selon les listes de l’ANSM ou autres).
7-4 La mise en place de guidelines ou algorithmes décisionnels pour la prise en charge de ces pathologies bénignes associés à une formation adaptée pour les pharmaciens.
7-5 Le maintien d’un prix fixe (Benchmark).
7-6 La possibilité de faire de la publicité grand public et au sein des officines.
8 . Couverture médicale universelle (CMU)
Il est important de rappeler la place centrale du médicament et des produits de santé qui ne doit jamais être perdue de vue dans l’avancée vers la Couverture sanitaire universelle.
La Couverture universelle en recommandant des prestations de santé de qualité pour tout le monde ne prône pas moins : d’une part des intrants de qualité aux premiers rangs desquels parordre de priorité figurent lesressources humaines qualifiées et les médicaments et produits de santé de qualité et, d’autre part des ressources accrues par leurs allocations conséquentes mais en premier lieu aussi la bonne utilisation de l’existant pour lutter contre les inefficiences.
Il est par conséquent fortement recommandé la disponibilité de médicaments de qualité, à efficience prouvée, tels que les génériques et ceux figurant sur la liste des médicaments essentiels et leur accessibilité continue pour éviter les ruptures de stock qui constituent un appel aux médicaments illicites avec toutes les fâcheuses conséquences que l’on sait.
Le plaidoyer pour la disponibilité des prestations de bonne qualité est par conséquent un plaidoyer pour l’efficience nécessaire à la continuité de l’offre de santé à laquelle le Pharmacien a les moyens et le devoir de contribuer par son expertise et son rôle d’agent de santé publique.
Tous les pays doivent aller vers la généralisation de la couverture médicale universelle. Les cotisations doivent être en fonction du revenu et doivent garantir l’équité sociale.
Les participants à cette session recommandent :
1- l’accès géographique grâce à un maillage important des officines et un réseau de distribution bien organisé pour réussir la CMU et parer au fléau du circuit illicite et médicaments falsifiés ;
2- la réussite de la CMU ne peut se faire sans renforcer les principaux piliers notamment des prestations de santé de qualité et accessibles, des infrastructures des équipements de qualité et des ressources humaines compétentes dont les pharmaciens ;
3- l’amélioration des déterminants de la santé ;
4- les états sont dans l'obligation de trouver les ressources de financement pour assurer la pérennité du système notamment taxer les produits qui nuisent à la santé comme le tabac... ;
5- la disponibilité du médicament grâce au développement de l'industrie locale africaine.