[e-med] La réunion sur le SIDA(UNGASS) découvre les tensions entre gouvernement et ONG en Afrique du sud

AFRIQUE DU SUD :
La réunion sur le SIDA découvre les tensions entre gouvernement et ONG
Kristin Palitza
http://www.ipsnews.net/fr/_note.asp?idnews=3133

DURBAN, 8 juin (IPS) - La récente Session extraordinaire de l'Assemblée
générale des Nations sur le VIH/SIDA (UNGASS) a mis à l'épreuve les
relations entre le gouvernement et la société civile en Afrique du Sud.

L'UNGASS a vu plus de 180 délégations se réunir au siège de l'ONU à New York
du 31 mai au 2 juin pour rendre compte des avancées de leurs pays dans la
lutte contre la pandémie depuis la première session extraordinaire -- tenue
en 2001. A cette rencontre, des nations avaient promis d'intensifier la
lutte contre le VIH/SIDA et d'inverser les taux d'infection croissants.

L'Afrique du Sud a été critiquée sur le compte-rendu des avancées qu'il a
soumis pour les délibérations de la semaine dernière; ce document est
utilisé par l'ONU pour évaluer l'efficacité des programmes VIH/SIDA de
chaque pays.

Le 'South African Joint Civil Society Monitoring Forum' (Forum conjoint de
surveillance de la société civile sud-africaine - JCSMF) s'est plaint du
fait que les autorités n'avaient pas exprimé les points de vue des groupes
de la société civile lors de la compilation du rapport, bien que l'ONU ait
instruit Les gouvernements de le faire. (Le forum, créé en 2004, est
constitué des principales organisations du secteur privé et civique).

Cette allégation semblerait être corroborée par le fait que le compte-rendu
ne parle pas beaucoup des efforts des groupes non gouvernementaux pour
combattre la pandémie.

Le JCSMF a également dit que les autorités avaient exclu d'importantes
données et statistiques liées à la mortalité et à la prévalence du VIH, le
lien entre le VIH et la tuberculose, et les objectifs de traitement
anti-rétroviral (ARV) -- entre autres.

Par exemple, alors que le rapport dit qu'environ 62.000 Sud-Africains ont
reçu la thérapie ARV au début de 2005, il ne dit pas combien de personnes
recevant les médicaments ont interrompu le traitement ou sont mortes.

Certaines statistiques ont été également jugées d'inexactes.

Dans le rapport, le gouvernement sud-africain adopte une position optimiste
par rapport aux efforts officiels pour contenir la pandémie, se donnant huit
points sur un total 10 pour la protection des droits de l'Homme, le soutien
politique aux programmes VIH/SIDA -- et l'implication de la société civile
dans l'élaboration et la budgétisation de la stratégie nationale contre le
VIH/SIDA.

Toutefois, l'absence de participation des organisations de la société civile
dans l'élaboration de la politique nationale a été l'une des principales
critiques formulées par des organisations membres du JCSMF. En dépit des
accusations portées contre le gouvernement, il a fait d'importantes avancées
dans la lutte contre la pandémie depuis 2001. Ces dernières années, les
autorités sud-africaines ont accru considérablement les dépenses sur le
VIH/SIDA, et depuis le début de 2004, le ministère de la Santé a fourni un
traitement ARV gratuit.

Cependant, Campagne d'action pour le traitement (TAC) basée au Cap, affirme
que plus de 1.400 Sud-Africains avaient continué par être infectés par le
VIH quotidiennement l'année dernière. Si cette tendance se poursuit, le pays
comptera 2,5 autres millions de séropositifs d'ici à 2010.

Des organisations non gouvernementales venues d'autres contrées avaient
également des plaintes au sujet de l'UNGASS -- notamment la déclaration
finale de la rencontre.

La déclaration de l'UNGASS de 2001 avait manqué de fixer des objectifs
spécifiques pour le renforcement des systèmes de soins de santé fragiles, et
la déclaration de 2006 engage seulement les signataires à fixer leurs
propres objectifs nationaux, quels qu'ils puissent être. Les objectifs
seront passés en revue par l'UNGASS en 2008.

Mais, Joe Amon, directeur du programme VIH/SIDA à 'Human Rights Watch', basé
à New York, affirme : ''Sans des objectifs dans la déclaration, il n'y aura
aucun moyen de tenir les gouvernements pour responsables''.

''Nous aurons un document vide, et dans cinq ans, 25 autres millions de
personnes seraient mortes du SIDA''.

Pour sa part, le gouvernement sud-africain a indiqué qu'il était gêné de
fixer des objectifs strictement définis, parce que la pauvreté et le
sous-développement font qu'il est difficile pour plusieurs pays africains de
les atteindre.

Des délégués sud-africains ont également refusé de reconnaître la légitimité
de la Position africaine commune, une déclaration conjointe sur le VIH/SIDA
formulée par les chefs d'Etat de l'Union africaine (UA) dans la capitale
nigériane -- Abuja -- début mai.

Le document fixe des objectifs et des délais clairs pour la lutte contre le
SIDA.

Par exemple, il vise à donner à au moins 80 pour cent des femmes
séropositives enceintes sur le continent l'accès aux programmes de
prévention de la transmission mère-enfant d'ici à 2010. En Afrique du Sud,
moins de dix pour cent des femmes ont actuellement accès à ces programmes,
selon la TAC.

La Position africaine commune vise également à s'assurer qu'au moins 80 pour
cent des gens dans le besoin auront accès au traitement ARV, et que le même
pourcentage de populations aura accès au test de dépistage volontaire, aux
conseils et aux préservatifs.

* Kristin Palitza est la directrice de publication de Agenda, une revue
trimestrielle sur les droits des femmes et les questions de genre, basée à
Durban, en Afrique du Sud). (FIN/2006)