[e-med] Le Monde.fr: "C'est la découverte la plus importante en matière de prévention" du sida

[1]Le Monde.fr

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"C'est la découverte la plus importante en matière de prévention" du sida

   Dans un chat au Monde.fr, Michel Sidibé, directeur de l'Onusida,
   dresse un bilan de la conférence internationale sur le sida organisée
   à Vienne.

   LE MONDE pour Le Monde.fr | 2010/07/22 14:32:17- mis à jours le
   2010/07/23 16:31:37
http://www.lemonde.fr/planete/article/2010/07/22/c-est-la-decouverte-la-plus-importante-en-matiere-de-prevention-du-sida_1391133_3244.html

Nelly : Bonjour, M. Sidibé. L'un des principaux enjeux de la conférence internationale sur le sida de cette année était de recueillir assez d'argent pour continuer à lutter décemment contre le sida. Le pari a-t-il été gagné ?

Michel Sidibé : Non. Cette année, c'est la première fois que nous notons une baisse de 100 millions de dollars des promesses de dons.
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Karl : La lutte contre le sida progresse-t-elle ?

Michel Sidibé : Oui. Le nombre de personnes sous traitement croît très vite. Aujourd'hui, il y a plus de 5 millions de personnes sous traitement. C'est la première fois durant les vingt dernières années que nous voyons des progrès aussi rapides. Parallèlement, nous constatons une baisse des nouvelles infections de 17 %.

Lili : A quoi va servir l'argent récolté ?

Michel Sidibé : L'argent servira à élargir les programmes de prévention et continuer à étendre le traitement aux 10 millions de personnes qui l'attendent impatiemment. Il faudra aussi améliorer le système de gestion et d'organisation pour faire en sorte que l'argent mis à la disposition des gouvernements aide les populations qui en ont besoin. Parallèlement, les gouvernements, notamment africains, doivent mettre l'accent sur l'obligation de résultats et une meilleure obligation de rendre compte.

Prims : Quelles sont les priorités pour l'Afrique ?

Michel Sidibé : Il est important de parler de la transmission de la mère à l'enfant : 400 000 enfants naissent chaque année avec le sida en Afrique, alors que dans le reste du monde, ce mode de transmission est éliminé. On sait que le tiers de ces enfants vont mourir avant l'âge de 1 an. Donc la priorité aujourd'hui en Afrique est de faire en sorte qu'on puisse éliminer cette transmission-là et qu'on mette la prévention au cœur des préoccupations de nos réponses.

You : Il a été annoncé la découverte d'un gel pour les femmes qui réduirait les risques de contagion. Peut-on vraiment y croire ?

Michel Sidibé : C'est la découverte la plus importante en matière de prévention. C'est la première fois qu'un outil de prévention peut être contrôlé et utilisé par les femmes sans l'autorisation de qui que ce soit. Pour moi, cette autonomisation va permettre aux femmes d'avoir un meilleur contrôle de leur sexualité. Il permet aujourd'hui une réduction de 54 % des nouvelles infections, lorsqu'il est utilisé bien sûr en respectant les consignes, et je pense que c'est pour nous une révolution. Car tous les autres outils que nous avions jusqu'alors servaient avant tout les hommes. Même les préservatifs féminins, très importants, mais dont l'utilisation dans les milieux pauvres dépendait essentiellement de l'accord de l'homme.

Pato : Les Russes sont très touchés par le sida, notamment les usagers de drogues par injection. Ce pays refuse encore la substitution par méthadone, alors que les preuves scientifiques de l'efficacité de son usage pour réduire les risques de contamination (VIH et hépatite C) sont foison. L'Onusida a-t-il les moyens d'infléchir la politique russe en la matière et le fait-il ?

Michel Sidibé : D'abord, c'est très regrettable, parce que c'est dans cette partie du monde que nous n'avons pas fait de progrès majeurs en terme de réduction des nouvelles infections. Nous pensons que le problème central de l'Europe de l'Est est l'absence de politique qui permette d'éviter la stigmatisation, la discrimination et la criminalisation des personnes qui utilisent la drogue. On voit une augmentation de 57 % des nouvelles infections dans cette partie du monde, due essentiellement à l'absence de services adéquats pour les personnes qui se droguent. Ces personnes sont obligées de se cacher, elles demeurent donc vulnérables à l'épidémie et continuent à la propager. Il faut entreprendre une campagne spécifique comme pour l'Afrique du Sud et la Chine notamment, à l'instar des Etats-Unis, qui vient de changer sa politique en matière d'utilisation de la méthadone et autres produits de substitution.

La lutte contre la transmission du sida entre homosexuels a-t-elle été abordée lors de la conférence de Vienne ?

Michel Sidibé : J'ai abordé cette question dès l'ouverture de la conférence et cela fait partie des débats que nous avons tous les jours. Il y a même six pays dans le monde qui considèrent qu'être homosexuel mérite la peine de mort. Nous avons une avancée très positive en provenance de l'Afrique du Sud, où une loi permet de protéger les homosexuels et leurs droits. Nous nous battons pour que les lois condamnant l'homosexualité, en Ouganda, au Sénégal.... disparaissent.

Rayu : Y a-t-il des avancées concernant une vaccination préventive et/ou thérapeutique ?

Michel Sidibé : Je pense qu'il y a beaucoup d'efforts qui ont été entrepris. La dernière avancée était celle annoncée l'année dernière sur les recherches menées par la Thaïlande et les Etats-Unis, et qui nous a aidés à démontrer qu'un vaccin peut marcher sur un être humain. Mais l'efficacité de ce vaccin reste encore faible. Il faut le considérer comme un des éléments de l'arsenal de la prévention en général, car je ne pense pas que dans les prochaines années on aura un vaccin. Mais il faut continuer dans cette direction.

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