[e-med] le paludisme tue plus que le Sida (suite)

E-MED: le paludisme tue plus que le Sida (suite)
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Bonjour,
Je me permet de r�agir � ce message dont l'intitul� et le contenu me
d�rangent tout � fait.
Mon propos n'est certainement pas de minimiser l'impact du paludisme dans
les pays en d�veloppement ou le nombre de d�c�s qui y est li�. N�anmoins je
suis toujours choqu�e de cette rh�torique qui a pour principe d'opposer des
maladies mortelles entre elles, de soupeser le nombre de morts de part et
d'autre et de vouloir ainsi faire la d�monstration que l'une des maladies
serait a prendre plus au s�rieux que l'autre, ou que la prise en compte d'un
des �pid�mies est la raison de la n�gligence de l'autre.
C'est un discours que nous nous tapons depuis des lustres dans toutes les
institutions internationales qui refusent, par exemple, d'accepter l'id�e de
prendre en charge m�dicalement les malades du sida et de s'y impliquer,
techniquement et financi�rement.
Dans cet article on nous parle des sommes allou�es � la lutte contre le sida
d'un air de dire que ce serait trop et que plus on s'occupe du sida moins on
en fait pour le paludisme. Personnellement je refuse de rentrer dans ce
genre de logique.
D'une part, les financements de la lutte contre le sida sont insuffisants,
c'est une �vidence. Dire qu'une partie de l'argent est mal utilis�e c'est
une chose, pr�tendre que les bailleurs internationaux mettent trop d'argent
pour lutter contre cette maladie dans les pays pauvres et soigner les
malades qui en sont atteints c'est -- au mieux -- irresponsable. D'autre
part, vouloir d�shabiller Jeanne pour habiller Sylvie n'est pas exactement
pertinent -- a fortiori quand Jeanne et Sylvie sont �ventuellement la m�me
personne, ou de la m�me famille, et en tout cas dans le m�me bateau. Par
ailleurs, pour demander plus d'argent � la lutte contre le sida ou � la
prise en charge des malades atteintes par le VIH, il ne me viendrait pas �
l'id�e, en tant que militante de la lutte contre le sida, de dire que l'on
met trop d'argent sur le paludisme. Ne serait ce que par respect pour les
malades du palu qui en meurent � l'heure actuelle parce qu'ils n'ont pas
acc�s � des traitements qui existent pourtant.
Une pr�valence de 1,4% pour le sida au S�n�gal, c'est sans doute moins que
dans la plupart des pays africains, mais �a n'en est pas moins �norme.
D'autant que la majorit� des experts qui ont travaill� ou travaillent
actuellement au S�n�gal savent qu'il y a de grande chance pour que ce
chiffre soit sous �valu�.
En outre, s'il faut �tre pragmatique, il est clair que l'estimation des
morts du sida, dans un pays ou la prise en charge m�dicale de ces patient se
r�duit � bien peu, est particuli�rement difficile � faire. En terme de
m�thodologie, la comparaison entre l'impact des deux pathologies n'a donc
aucune signification.
Rappelons par ailleurs, que dans d'autres pays, et en Afrique en g�n�ral, il
est clair que le sida tue plus que le palu, pour reprendre les termes de
l'article.
Bref, je ne vois pas l'int�r�t de la logique d'opposition d�velopp�e dans
cet article, ni quels d�bouch�s constructifs cela peut avoir, a fortiori
quand elle s'appuie sur les propos d'experts anonymes.
Je trouve particuli�rement piteux que pour mobiliser l'opinion publique sur
la gravit� de l'impact du paludisme on en soit encore aujourd'hui � tenir ce
type de discours. Un discours qui a, par ailleurs, pour effet de l�gitimer
une vision qui voudrait que les sommes allou�es au niveau international � la
sant� et � la lutte contre les maladies soient forc�ment limit�es : cela
n'est vrai que dans la t�te des gestionnaires et des politiques qui en ont
d�cid� ainsi, et il n'y a aucun raison pour les experts en sant� publique,
les malades ou les ONG d'accepter cette situation.
La propagande qui nous est ass�n�e en conclusion de l'article est proprement
scandaleuse et j'aimerai bien conna�tre le nom du brillant sp�cialiste
mentionn� :
> Un sp�cialiste des grandes end�mies fait remarquer que le paludisme qui
> continue de faire des ravages, tue plus que le Sida.
> Aussi, il se demande "pourquoi le S�n�gal et les bailleurs de fonds
> continuent-ils de subventionner � coups de milliards la lutte contre le
Sida
> o� le taux de pr�valence, l'un des plus bas du monde est de 1,4% alors que
> le paludisme continue de tuer en ce d�but de troisi�me mill�naire". C'est
> pourquoi il estime que le la lutte contre le paludisme est un d�fi
majeur au
> m�me titre que le Sida et que pour cela, elle m�rite autant, sinon beaucoup
> plus d'attention de la part de nos autorit�s et surtout des bailleurs.
> De : remed@remed.org
> R�pondre � : e-med@usa.healthnet.org
> Date : Thu, 30 Aug 2001 06:09:51 -0400 (EDT)
> � : e-med@usa.healthnet.org
> Objet : [e-med] Dakar : le paludisme tue plus que le Sida
>
Alors que la mobilisation pour la prise en charge des malades du sida dans
les pays en d�veloppement permet d'�largir le d�bat � l'acc�s � la sant� en
g�n�ral dans ces pays, il y a sans doute de bien plus pertinents articles �
�crire.
Gaelle Krikorian

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Ga�lle Krikorian
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