[e-med] Les antiprotéases n'entraînent pas ou peu de neuropathies périphériques chez le sujet HIV

Les antiprotéases n'entraînent pas ou peu de neuropathies périphériques chez
le sujet HIV
Publié le 03/02/2009
http://www.jim.fr/pharmacien/91_pharma/e-docs/00/01/9D/CD/document_actu_med.
phtml

Les patients SIDA avaient fréquemment des signes de neuropathie
périphérique avant l'ère de la trithérapie. Plusieurs travaux avaient
démontré que ces neuropathies axonales sensitives distales étaient la
conséquence de l'action directe du virus et de certains antirétroviraux. La
trithérapie a modifié mais n'a pas fait disparaître cette symptomatologie.
Le rôle de certains antirétroviraux (DDI et dérivés) a été ensuite précisé
mais la diminution de leur utilisation n'a pas fait disparaître la
pathologie, suggérant que les nouveaux médicaments pouvaient être aussi
neurotoxiques. Des données chez l'animal ont montré que l'indinavir pouvait
entraîner une atteinte neuronale au niveau de la racine postérieure. Deux
études cliniques récentes ont fait apparaître que les antiprotéases
pouvaient également être incriminées. Cependant, un essai publié dans Annals
of Neurology semble les innocenter grâce à une analyse statistique plus
poussée tenant compte des facteurs confondants.

Ce travail a porté sur une population de 1 159 patients HIV+ suivis dans une
étude multicentrique prospective américaine (CNS Anti-Retroviral Therapy
Effects Research (CHARTER)). Ces patients inclus dans la cohorte entre
septembre 2003 et décembre 2006 ont bénéficié d'une évaluation neurologique,
une étude de la charge virale et du nombre de CD4. L'analyse statistique
multivariée a pris en compte l'exposition au DDI, la charge virale, le nadir
du taux de CD4, l'âge et la durée d'infection. L'implication des
antiprotéases démontrée par une analyse univariée n'a pas été confirmée en
analyse multivariée. Seuls les traitements pas amprénavir (OR= 2,7 ; IC 95 %
: 1,2-6,4) et lopinavir (OR=1,7; IC 95 % : 1,1-2,7) ont été considérés comme
des facteurs de risque indépendants de neuropathie. En conclusion, les
auteurs considèrent que la démonstration de l'implication des antiprotéases
dans l'apparition de neuropathie reste inconsistante et ne doit pas limiter
l'utilisation de ces médicaments.

Dr Christian Geny

Ellis RJ et coll. : Human Immunodeficiency Virus Protease Inhibitors and
Risk for Peripheral Neuropathy. Ann Neurol 2008;64:566–572